Sous les panneaux solaires pâturent les brebis
Depuis quatre ans, la ferme du Pôle régional Ovin de Charolles évalue le pâturage d’ovins sous des panneaux photovoltaïques.
Depuis l’automne 2021, le Pôle régional ovin de Charolles en partenariat avec la société Valeco, la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et le lycée de Charolles, étudient les effets d’une installation photovoltaïque sur la production d’une prairie exploitée par des ovins. Cela concerne la pousse de l’herbe, mais aussi le comportement et le bien-être des animaux.
Des mesures de la pousse sont effectuées toutes les semaines. Des prélèvements permettent de suivre la composition floristique et la valeur alimentaire. Température et humidité sont également relevées toutes les heures.
+ 1 degré en hiver ; — 10 degrés en été
La présence des panneaux solaires a un impact significatif sur les températures sous l’installation. En hiver, il y fait 1 degré de plus et en été, l’ombre des panneaux atténue les chaleurs jusqu’à 10 degrés. Autrement dit, lorsqu’il fait 30 degrés en plein soleil, la température n’est que de 20 degrés sous les panneaux…
Ce microclimat généré par la présence de panneaux a des conséquences sur la pousse de l’herbe avec un écart de stades en somme de températures pouvant aller jusqu’à 15 jours. « Un décalage d’une semaine n’est pas trop grave à l’échelle d’une exploitation », commente Laurent Solas, technicien à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.
Une herbe de qualité et plus longtemps
À l’échelle de la parcelle, la baisse de production sous les panneaux est compensée en partie par la meilleure productivité entre les panneaux. Globalement, l’herbe fournie par la parcelle est de bonne qualité. Sous les panneaux, l’ombre est moins favorable aux légumineuses, mais les graminées y montent moins à graines ; ce qui explique un bon maintien de la valeur alimentaire.
La présence des panneaux a tendance à lisser la courbe annuelle de pousse de l’herbe. En été, elle préserve de la sécheresse estivale avec une disponibilité plus longue et le maintien d’une bonne qualité alimentaire plus longtemps. En hiver, les panneaux atténuent le gel tout en permettant une meilleure reprise en sortie d’hiver.
Pâturage tournant recommandé
Pour une bonne gestion de l’herbe sous une centrale photovoltaïque, le pâturage tournant est recommandé pour éviter le surpâturage et les refus. Il faut aussi être vigilant sur les conditions d’implantation de la centrale qui ne doivent pas trop pénaliser la future pousse de l’herbe. « Les panneaux photovoltaïques sont un peu comme des arbres qui poussent très vite », résume Laurent Solas. Si la parcelle recevant des panneaux photovoltaïques produit un peu moins que si elle était nue, la valorisation de l’herbe peut en être meilleure, moyennant une gestion rigoureuse.
Attention au manque d’eau sous les panneaux
L’une des premières observations de l’expérimentation concernait la répartition de l’eau de pluie sous les panneaux. Au départ, chaque bloc de panneaux était composé de deux rangées de panneaux solaires orientés en format « portrait ». Sous ces panneaux, on observait que l’herbe poussait beaucoup mieux dans la partie inférieure. Cette différence s’expliquait par une arrivée hétérogène de l’eau de pluie sous les panneaux. L’eau qui tombe sur la rangée supérieure de panneaux, pénètre massivement à travers l’interstice à la jonction des deux rangées. D’où une bonne irrigation de la partie inférieure du sol sous panneaux, mais un déficit de pluie sur la partie supérieure. Pour pallier ce problème, les expérimentateurs ont pensé à retourner les panneaux en mode « paysage ». Cela fait passer de deux à trois rangées de panneaux avec deux interstices au lieu d’un seul, d’où une bien meilleure répartition de l’eau de pluie sous les panneaux.