Une rentabilité stabilisée
Le bilan 2024 des ateliers bovins lait laisse apparaître une rentabilité stabilisée malgré un contexte climatique difficile.

L’année 2024 a une nouvelle fois mis à l’épreuve les éleveurs laitiers, avec des conditions fourragères extrêmes. Pourtant, les résultats technico-économiques des 170 exploitations suivies par Alysé montrent une certaine résilience du secteur, avec des marges stabilisées et un pilotage technique de plus en plus affûté.
Une marge qui se maintient
La marge brute moyenne par vache laitière s’établit à 2 652 euros/VL, en très légère hausse par rapport à 2023 (+ 68 euros), portée par une augmentation du volume de lait livré (+ 162 l/VL). Toutefois, la marge aux 1 000 litres, quant à elle, reste stable à 340 euros/1 000 l. Le meilleur tiers d’exploitations dégage des marges supérieures à 3 300 euros/VL, grâce à une meilleure productivité par vache et une maîtrise accrue des charges.
Des charges alimentaires en léger repli
Les coûts d’alimentation représentent toujours la part la plus importante des charges variables. En 2024, ils reculent légèrement, grâce à la baisse des prix des concentrés. Le coût moyen des concentrés achetés passe à 429 euros/t, contre 471 euros/t en 2023. Le niveau moyen de complémentation s’établit à 229 g/kg de lait. Si le recours aux fourrages achetés reste contenu (759 kg MS/VL en moyenne), il tend de plus en plus à s'inscrire dans une stratégie choisie et optimisée. Pour certains éleveurs, l’achat ciblé de fourrages permet de sécuriser les stocks, lisser les aléas climatiques ou encore libérer de la surface fourragère, dans une logique de pilotage global du système d'alimentation.
Des produits valorisés
Le prix du lait se maintient autour de 492 euros/1 000 l, en hausse de 2 euros par rapport à 2023. En revanche, la qualité du lait montre des signes de dégradation : le nombre de mois avec des taux cellulaires à la laiterie n’entraînant pas de pénalités chute à 6,9 mois (contre 8,1 en 2023), et la mortalité des veaux comme des vaches augmente. Ces éléments alertent sur la nécessité de renforcer les suivis sanitaires et la gestion du troupeau, surtout dans un contexte à risque de maladies épizootiques (FCO, MHE…).
De meilleures performances
L’étude comparative des exploitations les plus performantes met en évidence les leviers essentiels de rentabilité. En 2024, l’écart de marge brute par vache laitière (MB/VL) entre le tiers supérieur et le tiers inférieur atteint près de 1 400 euros. Cet écart s’explique à 68 % par le volume de lait vendu par vache, et à 32 % par la marge réalisée aux 1 000 litres. Les élevages les plus rentables se distinguent d’abord par une productivité plus élevée mais également par une maîtrise rigoureuse des charges. Le recours aux concentrés est plus efficace : 216 g/kg de lait contre 234 g/kg dans le tiers inférieur, et les concentrés sont achetés à un coût moindre (406 euros/t vs 452 euros/t). Le pâturage est également mieux valorisé, contribuant à une meilleure autonomie. Enfin, ces exploitations présentent une meilleure qualité du lait, avec plus de mois sans pénalité cellule (9,1 mois vs 3,9 mois), et une meilleure maîtrise des taux de mortalité des animaux. En résumé, les meilleurs résultats reposent sur une conduite technique rigoureuse, une gestion fine de l’alimentation, et une valorisation optimale du lait et des animaux. La productivité, si elle est accompagnée d’une bonne maîtrise des charges, demeure un moteur puissant de performance économique.
