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Elevage

Une journée réussie malgré le contexte sanitaire

Le Herd-Book Charolais a organisé le vendredi 11 septembre la traditionnelle journée charolaise qui marque le début de la saison pour les éleveurs reproducteurs. Une édition 2020 marquée par le coronavirus.
Par Théophile Mercier
Une journée réussie malgré le contexte sanitaire
Le Prix d'Honneur Veaux Femelles a été décerné à Rubarbe de chez Thierry Prain.
Les masques étaient de rigueur ce vendredi 11 septembre à la ferme du Marault de Magny-Cours pour la journée charolaise organisée conjointement par Herd-Book Charolais et Charolais Expansion SAS. Malgré la crise sanitaire, les deux organismes ont tenu à maintenir l'évènement qui est traditionnellement le premier rendez-vous professionnel de la saison. Au total ce sont 222 veaux mâles et 58 veaux femelles, issus de 90 élevages différents, et provenant de 22 départements qui ont défilé sur les rings. Le HBC attache de l'importance à pouvoir proposer durant ce concours des animaux qui répondent à tous les segments du marché. Pour le président du HBC, cette journée devait se dérouler « pour permettre un flux commercial, et aider aux éleveurs de traverser cette crise au mieux » (voir interview en encadré). Au-delà du Covid 19, il y a malheureusement cette sécheresse qui dure et qui impacte les exploitations. Exemple avec l'élevage nivernais Roubet-Fayet de Magny-Cours qui résume en quelques mots les difficultés rencontrées par la filière des reproducteurs : « La sélection va mal car pour pouvoir progresser génétiquement il faut pouvoir investir dans des animaux, mais les trésoreries sont de plus en plus tendues. Avec la sécheresse, certains éleveurs sélectionneurs préfèrent garder leurs taureaux un an de plus en exploitation pour les faire vieillir car ils n'ont pas les moyens d'investir dans la génétique pour améliorer leur cheptel. Le phénomène est inquiétant car cela fait maintenant trois ans que nous subissons la sécheresse. Cette année, nous avons commencé à affourager les animaux début juillet juste après les foins, ce qui implique des surcoûts car il faut acheter de plus en plus d'alimentation, les stocks de foins ne suffisent plus. Viens s'ajouter à cela, la récolte de paille qui est cette année catastrophique conjuguée par l'effondrement du marché du broutard. Nous avions un espoir au début du printemps avec une hausse des prix dans le cours de la viande. Mais l'espoir que nous avions eu en janvier, février vient être complètement douché car nous allons être obligés de brader nos broutards » estime Dimitri Fayet. Dans ces conditions est-il encore intéressant de faire de la sélection génétique ? « Il faudra de toute manière des taureaux pour faire reproduire nos vaches et produire. Après lorsque je regarde les coûts de l'insémination artificielle, je me dis qu'introduire un taureau dans un lot de vaches reste intéressant économiquement. Aujourd'hui, les acheteurs recherchent des animaux les plus complets possible afin de réduire les charges. Ce qui augmente la difficulté » répond Dimitri Fayet.

Des acheteurs plus fébriles
Après le concours du matin, l'après-midi a été consacrée à la vente aux enchères avec 29 animaux disponibles à la vente. Sur l'ensemble de ces bêtes, 17 ont trouvé preneur à l'issue des opérations de ventes, 1 bête a été vendue à l'amiable et 11 animaux restent à ce jour encore en vente. Une moyenne de ventes cette année de 4 135,29 euros pour des enchères qui se sont élevées à 5 500 euros. C'est beaucoup moins qu'en 2019 où les transactions avaient atteint 12 100 euros. La conjoncture a sans doute freiné certains acheteurs moins enclins à investir dans un reproducteur. À noter néanmoins que le travail de sélection génétique du HBC intéresse toujours les investisseurs étrangers puisque trois animaux sont partis en dehors des frontières nationales à savoir le Portugal et en Irlande.

Palmarès
le Prix d'Honneur Veaux Mâles a été attribué à Rambo du Gaec Micaud (03).
Le Prix d'Honneur Veaux Femelles a été décerné à Rubarbe de chez Thierry Prain (44).

« J

Interrogé à l'issue de la journée charolaise, Sébastien Cluzel, le président du HBC était satisfait de la tenue de l'évènement mais ne cache pas son inquiétude sur la suite de la saison.

Quel est votre sentiment à l’issue de cette édition 2 020 pas comme les autres ?
Sébastien Cluzel : « Nous sommes satisfaits car les éleveurs et les spectateurs ont joué le jeu du port du masque et des gestes barrières. Nous avons eu une fréquentation à peu près similaire à l'année dernière avec une jauge d'environ 1 000 personnes. J'ai senti des éleveurs contents de pouvoir enfin se retrouver. Notre journée avait valeur de test pour les autres concours reconnus. Si la situation sanitaire se maintient nous devrions pouvoir assurer d'autres rendez-vous ».

Les éleveurs que nous avons rencontrés nous ont fait part de leurs inquiétudes pour le commerce en raison de la conjoncture. Le résultat de la vente nationale traduit en quelque sorte leurs sentiments. C'est également votre avis ?
SC : « Il est vrai que le niveau de cette vente nationale est correct mais pas du tout satisfaisant. Les éleveurs sont réticents à investir et c'est bien compréhensible dans le contexte actuel. Le cours du broutard et la sécheresse font que l'on se pose tous des questions sur l'avenir. Cependant, la filière affirme que les Italiens sont demandeurs de broutard, mais il va falloir que l'on m'explique où sont passés les prix ? »

Vous faites j'imagine référence au commentaire d'Emmanuel Bernard sur Facebook qui a réagi aux propos d'un éleveur se plaignant du cours du broutard dans les colonnes du Journal du Centre ?
SC : « Oui entre autres. Mais plus généralement, lorsque je regarde les indicateurs de la FNB et le prix réel, je ne comprends pas. Les éleveurs répercutent sans doute de mauvaises informations, je veux bien l'entendre à condition que la demande soit au rendez-vous. Si les exportateurs jouent le jeu, alors d'où vient la baisse des prix ? Il faut que l'on m'explique car je n'ai à ce stade, plus d'explications. Alors qui croire entre les éleveurs et les syndicalistes qui disent l’inversent que le sentiment général. Sur ce sujet, c'est bien au syndicat et donc à la FNB et à la FDSEA de régler cette affaire et faire que les exportateurs et les coopératives jouent plus le jeu. Aujourd'hui, nous avons des broutards de 430 kg qui font à peine 1 000 euros c'est catastrophique. Le marché reproducteur étant très lié à celui du broutard, il faut une amélioration rapide du cours du broutard pour espérer une embellie sur le secteur reproducteur ».