Apiculture
«Revenir à des pratiques ancestrales»
Julien Callamand est apiculteur sur la commune de Suilly-la-Tour. Cet ancien banquier d’affaire s’est installé dans le département il y a dix ans pour y pratiquer sa passion qu’il défend avec ardeur. L’occasion de faire connaissance avec la Miellerie des Roux et d’évoquer le début de la saison.

Il n’avait pas prévu de s’installer dans la Nièvre et plus précisément à Suilly-la-Tour. Il faut dire que le profil de Julien Callamand, banquier pour les marchés financiers à Paris était très éloigné du monde agricole. Pourtant en 2010, ce citadin effectue une formation professionnelle d’un an au jardin du Luxembourg à Paris. Le site accueille une centaine d’élèves à l’année : «C’est mon frère qui m’a payé ce stage voyant que je commençais à m’intéresser au domaine. J’avoue y être allé par curiosité. Ce fut une expérience très enrichissante car elle se déroulait en continu, j’ai donc pu apprendre toute la théorie du métier et prendre le temps de découvrir ce domaine» explique l’apiculteur. De la théorie, l’exploitant passe ensuite très vite à la pratique mais se pose la question de trouver du foncier : «Je voulais avoir de la surface et pouvoir avoir un cadre de vie agréable car je ne pouvais plus vivre dans l’environnement parisien. Au départ, j’avais regardé dans l’Yonne mais la diversité florale est quasiment inexistante, on pourrait se croire en Seine et Marne ou dans la Beauce. Je me suis ensuite tourné vers la Nièvre qui reste à deux heures de Paris et j’ai donc réussi à trouver une maison à Suilly-la-Tour en 2010. L’objectif était de démarrer sans réaliser de gros investissements car ne sachant pas où allait me mener cette aventure, je ne voulais pas me retrouver avec des crédits importants à rembourser» détaille l’apiculteur. Il développe ainsi son activité pendant dix ans au départ avec six ruches en privilégiant le développement de ses colonies au profit de la production de miel. Fort de ce travail et des premières récoltes encourageantes, il décide de s’installer officiellement et d’obtenir les statuts agricoles en 2019 pour créer la société «la Miellerie des Roux».
Laisser faire la nature
Laisser faire la nature et la respecter. C’est en quelque sorte la philosophie de Julien Callamand qui défend une apiculture traditionnelle et sans artifice. Il s’appuie pour cela sur un ouvrage de 1962, «le Rucher Familial» aux éditions Rustica. «Un livre qui permet de revenir en arrière et de prendre conscience de l’évolution du métier, un document assez exceptionnel» estime l’apiculteur. Pour rester dans cette philosophie, l’exploitant agricole fabrique lui-même ses ruches, seuls le bois et la cire sont achetés. Il en possède une quarantaine qu’il installe à différents endroits du département : «Je m’inspire de la pratique du pastoralisme de la filière ovine. Je suis contre la transhumance des abeilles car ça ne respecte pas le bien-être animal et puis il y a un risque de mortalité qui n’est pas négligeable. C’est la raison pour laquelle je préfère me déplacer pour voir mes ruches» nous explique-t-il. Dans le même esprit, il pratique un essaimage naturel en laissant faire la colonie et il bannit également de ses pratiques le remérage systématique. «Mon but n’est pas de faire fortune dans le métier mais plutôt de faire du miel de qualité en respectant les pratiques ancestrales et surtout de m’épanouir. Je produis environ 10 à 15 kg de miel par ruches et j’ai des capacités de développement jusqu’à 70 ruches mais pour le moment ce n’est pas le but, l’objectif est de développer les débouchés» estime-t-il, prudent. Sa production lui permet de proposer trois types de miel : crémeux, de printemps et de prairie dans un conditionnement de 250 à 500 grammes. Un miel polyflorale qui comporte des dominantes en fonction du secteur où se trouvent les ruches.
«Un débouché encourageant»
La stratégie de production de Julien Callamand attire des professionnels comme Jean-Marc Camus, un chocolatier-pâtissier et confiseur installé à Beaulieu-sur-Loire, dans le Loiret. Ensemble, ils travaillent une gamme de produits au miel : nougatine, nougat, bonbon au miel et pain d’épice. La miellerie des roux est également présente sur les marchés notamment à Cessy-les-Bois et à Pougues-les-Eaux. L’apiculteur a également dans l’idée de développer des journées d’animations en partenariat avec la «Chèvrerie de la Fillouse» tenue par Raphaël Bourdon. Enfin, les clients ont également la possibilité de venir acheter le miel directement à l’exploitation ou via son réseau de boutiques partenaires (Donzy, Nevers, Cosne). Pour le moment, l’apiculteur juge le début d’année exceptionnelle mais préfère rester prudent : «Il y a eu une bonne humidité cet hiver ce qui a permis aux abeilles de bien hiverner. La hausse des températures de ces derniers jours a mis les colonies dans de bonnes dispositions. Je dirais même qu’elles sont bouillonnantes mais il ne faudrait pas qu’il se mette à pleuvoir trop ou qu’il gèle une dernière fois. En tous les cas, ce début de saison ne ressemble en rien à ce qu’on a pu connaître l’année dernière où les températures sont passées du froid au chaud en quelques jours. J’ai souvenir du 28 juin 2019 où il a fait près de 40 degrés. C’est une des raisons qui explique la mortalité de certaines de mes colonies. J’ai même eu des cadres qui ont fondu sur les abeilles, c’était du jamais vu. Néanmoins, j’estime m’en être mieux sorti que certains collègues qui pratiquent la stimulation au sucre des colonies. Cette pratique fait croire à la reine qu’il y a des rentrées de nectars donc elle pond pour avoir des abeilles pour récolter. Sauf que le sucre qu’on leur donne est traité et blanchi, c’est très mauvais pour elles surtout si elles n’ont pas la possibilité de sortir comme l’année dernière. Pour le moment, je suis donc optimiste mais les aléas climatiques sont tellement devenus fréquents qu’il ne faut pas crier victoire trop tôt» conclue Julien Callamand.
Contact : Julien Callamand, Miellerie des Roux, 58 150 Suilly-la-Tour. Tél. 06 29 64 81 66
mielleriedesroux@yahoo.com
Laisser faire la nature
Laisser faire la nature et la respecter. C’est en quelque sorte la philosophie de Julien Callamand qui défend une apiculture traditionnelle et sans artifice. Il s’appuie pour cela sur un ouvrage de 1962, «le Rucher Familial» aux éditions Rustica. «Un livre qui permet de revenir en arrière et de prendre conscience de l’évolution du métier, un document assez exceptionnel» estime l’apiculteur. Pour rester dans cette philosophie, l’exploitant agricole fabrique lui-même ses ruches, seuls le bois et la cire sont achetés. Il en possède une quarantaine qu’il installe à différents endroits du département : «Je m’inspire de la pratique du pastoralisme de la filière ovine. Je suis contre la transhumance des abeilles car ça ne respecte pas le bien-être animal et puis il y a un risque de mortalité qui n’est pas négligeable. C’est la raison pour laquelle je préfère me déplacer pour voir mes ruches» nous explique-t-il. Dans le même esprit, il pratique un essaimage naturel en laissant faire la colonie et il bannit également de ses pratiques le remérage systématique. «Mon but n’est pas de faire fortune dans le métier mais plutôt de faire du miel de qualité en respectant les pratiques ancestrales et surtout de m’épanouir. Je produis environ 10 à 15 kg de miel par ruches et j’ai des capacités de développement jusqu’à 70 ruches mais pour le moment ce n’est pas le but, l’objectif est de développer les débouchés» estime-t-il, prudent. Sa production lui permet de proposer trois types de miel : crémeux, de printemps et de prairie dans un conditionnement de 250 à 500 grammes. Un miel polyflorale qui comporte des dominantes en fonction du secteur où se trouvent les ruches.
«Un débouché encourageant»
La stratégie de production de Julien Callamand attire des professionnels comme Jean-Marc Camus, un chocolatier-pâtissier et confiseur installé à Beaulieu-sur-Loire, dans le Loiret. Ensemble, ils travaillent une gamme de produits au miel : nougatine, nougat, bonbon au miel et pain d’épice. La miellerie des roux est également présente sur les marchés notamment à Cessy-les-Bois et à Pougues-les-Eaux. L’apiculteur a également dans l’idée de développer des journées d’animations en partenariat avec la «Chèvrerie de la Fillouse» tenue par Raphaël Bourdon. Enfin, les clients ont également la possibilité de venir acheter le miel directement à l’exploitation ou via son réseau de boutiques partenaires (Donzy, Nevers, Cosne). Pour le moment, l’apiculteur juge le début d’année exceptionnelle mais préfère rester prudent : «Il y a eu une bonne humidité cet hiver ce qui a permis aux abeilles de bien hiverner. La hausse des températures de ces derniers jours a mis les colonies dans de bonnes dispositions. Je dirais même qu’elles sont bouillonnantes mais il ne faudrait pas qu’il se mette à pleuvoir trop ou qu’il gèle une dernière fois. En tous les cas, ce début de saison ne ressemble en rien à ce qu’on a pu connaître l’année dernière où les températures sont passées du froid au chaud en quelques jours. J’ai souvenir du 28 juin 2019 où il a fait près de 40 degrés. C’est une des raisons qui explique la mortalité de certaines de mes colonies. J’ai même eu des cadres qui ont fondu sur les abeilles, c’était du jamais vu. Néanmoins, j’estime m’en être mieux sorti que certains collègues qui pratiquent la stimulation au sucre des colonies. Cette pratique fait croire à la reine qu’il y a des rentrées de nectars donc elle pond pour avoir des abeilles pour récolter. Sauf que le sucre qu’on leur donne est traité et blanchi, c’est très mauvais pour elles surtout si elles n’ont pas la possibilité de sortir comme l’année dernière. Pour le moment, je suis donc optimiste mais les aléas climatiques sont tellement devenus fréquents qu’il ne faut pas crier victoire trop tôt» conclue Julien Callamand.
Contact : Julien Callamand, Miellerie des Roux, 58 150 Suilly-la-Tour. Tél. 06 29 64 81 66
mielleriedesroux@yahoo.com
Vers un label Miel de France ?
Un label Miel de France est en discussion au sein de la filière. Il pourrait représenter une garantie pour les consommateurs, et un moyen, pour les producteurs, de relancer la production nationale. Interrogé sur le sujet, Julien Callamand y serait favorable «à condition qu’il y ait un véritable encadrement sur les pratiques apicoles. Si c’est pour labelliser des miels qui ne respectent pas l’environnement et le bien-être animal ça n’a pas vraiment de sens».