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Circuits courts

La bonne santé des magasins de producteurs

C’est l’un des secteurs qui n’a pas été impacté par la crise sanitaire. Les magasins de producteurs du département affichent  des résultats quasiment historiques en sortie de confinement. C’est le cas notamment des Halles de Loire à la Charité-sur-Loire et de Secrets de Paysans à Coulanges-les-Nevers. Nous sommes revenus avec eux sur cette période particulière. Reportages.
Par Théophile Mercier
La bonne santé des magasins de producteurs
Stéphane Leclerc entouré d’Hélène Léger et Floriane Martin, ses deux salariées
C’est une période qui va rentrer dans les annales. Les magasins de producteurs n’ont jamais aussi bien fonctionné qu’en ce moment. Encouragé par l’engouement du circuit court et le confinement qui a permis à de nombreux consommateurs de découvrir ce système d’alimentation. Stéphane Leclerc, gérant des Halles de Loire à la Charité-sur-Loire ne s’attendait pas à un tel engouement : « C’était un peu la folie. Dès le lendemain de l’annonce du confinement, nous avons vu arriver une vague de clients que l’on n’avait pas anticipée ni même imaginée. J’ai eu tellement de monde que les gens ont été obligés de se garer dans la rue» explique-t-il avec le sourire. « Ce succès s’explique d’une part la peur des consommateurs de se rendre dans les grandes surfaces. Ils ont été sans doute rassurés de trouver chez nous des produits locaux de qualité. Le battage médiatique autour du circuit court a également été un accélérateur. Sans doute que des clients ne seraient jamais venus sans cette communication. Il faut dire aussi que nous avons répondu présent sur des produits qui se sont retrouvés en rupture de stock dans les grandes surfaces comme les œufs et la farine. J’ai même dû freiner un peu sur les ventes d’œufs car les poules ne pouvaient pas pondre deux fois plus» ajoute-t-il. Aux Halles de Loire, la philosophie est simple : proposer des produits de qualité qui soient issus de la filière locale au maximum. Fort de ce succès, le gérant a enregistré une augmentation de 40% du volume de ses ventes sur la période mars et avril comparativement à la même période en 2019. « Globalement la moyenne est de +20 %, ce qui est une très bonne chose » estime-t-il.

Un bon réseau de producteurs
Pour satisfaire ces clients, Stéphane Leclerc peut compter sur un réseau d’environ quatre-vingts producteurs : « La constitution de ce carnet d’adresses a été un gros challenge pour moi au démarrage du magasin il y a maintenant quatre ans. Car travailler en local c’est bien, mais encore faut-il trouver des producteurs qui soient capables de fournir régulièrement un produit qualitatif dans un bon rapport qualité-prix. Mon but n’est pas de faire du luxe en sortant par exemple une salade extraordinaire à trois euros. Je ne suis pas dans le XVIème arrondissement de Paris. Je m’autorise à travailler dans un rayon de 80km autour de la Charité. J’ai également des producteurs du sud de la France qui me remontent des produits comme la tomate que je ne peux pas trouver en début de saison localement. Pour le reste c’est-à-dire la banane notamment, je me fournis à Rungis. En faisant ainsi, je fidélise ma clientèle. Les magasins de producteurs sont  un bon concept mais je considère qu’il n’est pas obligatoire d’avoir des produits 100% locaux c’est de toute manière impossible en raison de la saisonnalité des produits. Par ailleurs, si je fais patienter le client en raison de problèmes d’approvisionnement, il ne reviendra plus. Alors autant élargir son secteur » explique-t-il. Désormais, Stéphane Leclerc envisage la suite de la saison avec sérénité : «  Notre avenir va dépendre de la reprise économique du pays. Néanmoins, je ne pense pas que l’économie va s’effondrer. Ce qui peut s’envisager, c’est d’avoir des parisiens qui viennent s’installer en télétravail dans le secteur. Quoi qu’il en soit, ce confinement aura eu le mérite de montrer que l’on existe. Nous verrons bien ce que la suite nous réserve » conclut Stéphane Leclerc.

« C’était inespéré »
Le confinement a également été une aubaine pour le magasin de producteurs Secrets de Paysan. L’établissement géré par seize associés n’avait jamais connu une telle affluence. « Nous avions mis en place un drive et un système de livraison qui a vraiment eu un très bon succès. Certains clients nous ont même demandé à être livrés sans nous connaître auparavant. Pour les deux services, nous étions à environ quinze commandes par semaine » explique Marie-Laure Malinowki, l’une des deux vendeuses du magasin. « Nous avons tellement été pris de court qu’il a fallu s’organiser vite pour faire face à notre devoir de nourrir les consommateurs, sans penser une seconde au potentiel de chiffres d’affaires que l’on pouvait réaliser. Je tiens à remercier les salariées du magasin qui auraient très bien pu exercer leur droit de retrait du fait qu’elles sont maman d’enfants en bas âge. Mais elles se sont mobilisées et il faut les remercier» explique à son tour Alain Pougner, éleveur de porc fermier d’Auvergne à Saint-Pournin-sur-Sioule dans l’Allier. Entre mars et mai, le magasin a enregistré une augmentation des ventes de 24 à 36% par rapport à la même période l’année dernière. Il en va de même avec le nombre de nouveaux clients qui a grimpé de 7% en mars jusqu’à 30% en mai. Et la tendance du mois de juin est également très bonne car au 25 juin, les ventes sont déjà supérieures de 30% et le magasin capte encore 18% de nouveaux clients. « Ces derniers apprécient de pouvoir trouver des légumes frais proches de chez eux. C’est d’ailleurs un de nos produits d’appel. Je ne suis pas certaine que nous aurions eu le même niveau de ventes sans ces légumes. L’avantage, c’est que le producteur habite à Nevers, le réapprovisionnement est facile » estime Marie-Laure Malinowki. « Aujourd’hui, les choses se sont calmées et c’est mieux ainsi car les producteurs associés n’auraient pas pu tenir ce rythme effréné. J’estime que nous avons pu garder un tiers des nouveaux clients après le déconfinement. En tous les cas après neuf ans d’existence, cette croissance du magasin était inespérée, et elle nous encourage à continuer» conclut Alain Pougner.