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Bourgogne Neutralité 2035

Vers des bouteilles allégées pour une viticulture durable et des vins de terroir

Engagée dans une trajectoire de réduction de ses émissions carbone, la filière des vins de Bourgogne a réuni lors d'un séminaire, le 23 avril dernier, une centaine de ses partenaires dans une démarche inédite.

Par Cédric Michelin
Vers des bouteilles allégées pour une viticulture durable et des vins de terroir

Dans son communiqué de presse début mai, le BIVB redit l’objectif de son séminaire : « challenger le plan d’actions », c’est-à-dire en bon franglais, relever le défi engagé par le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) et co-construire des chantiers communs pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2035.

Il s’agissait avant tout de donner la parole à ces acteurs qui participent activement à la vie de la filière des vins de Bourgogne. Le président du BIVB, Laurent Delaunay l’a d’ailleurs souligné dès son introduction : « En tant que fournisseurs, prestataires ou apporteurs de solutions, vos problématiques sont également les nôtres. En échangeant nos bonnes idées, en partageant nos référentiels, nous pourrons aller plus vite pour atteindre notre objectif ambitieux de neutralité en 2035. Je souhaite d’ailleurs que ces rencontres deviennent régulières, pourquoi pas annuelles ».

La trajectoire de réduction des émissions carbone de la filière en phase d’accélération 

Le président du BIVB est ensuite revenu sur la genèse du projet Bourgogne Neutralité 2035, avant d’établir un premier bilan, près de 2 ans après son lancement officiel. Depuis l’arrivée, fin 2024, d’un responsable carbone au BIVB, Mathieu Oudot, ancien technicien du Vinipôle Sud Bourgogne et de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, les choses accélèrent.

En 6 mois, le Responsable du Projet Carbone au BIVB, surnommé affectueusement avec « Monsieur Carbone », a véritablement dynamisé le projet, multipliant les animations de terrain auprès des professionnels mais aussi de collectifs comme des ODG d’appellations, Bio Bourgogne, les Chambres d’Agriculture de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, les caves coopératives (notamment les Vignerons Associés qui regroupent les Vignerons des Terres Secrète et Nuiton-Beaunoy), les Artisans vignerons de la Bourgogne du Sud, etc. Au total, plus d’une cinquantaine de rendez-vous de sensibilisation et d’échanges pour inciter les domaines, négoces et caves à engager ou pousser plus avant leurs projets de réduction / compensation.

Parallèlement, il a organisé une dizaine de formations pour faciliter la prise en main du logiciel en ligne WinePilot développé avec Adelphe (éco-organisme des entreprises engagées dans la transition environnementale à Paris). Plus de 150 entreprises ont désormais commencé à se servir de l’outil pour mesurer leur empreinte carbone et entreprendre des actions de réduction des émissions. Leurs retours permettent aussi de perfectionner l’outil pour mieux l’adapter aux besoins des professionnels. Le module plan d’action et trajectoire de réduction des émissions de CO2 est ainsi sur le point d’être déployé.

Agir avec les partenaires de la filière pour aller plus vite dans la réduction de nos émissions

Organisés en groupes autour de thématiques très concrètes (Fret, Mobilité, Emballage, Viticulture et Vinification), les ateliers ont occupé une large partie de la matinée. Ce temps d’échanges central a permis aux professionnels présents (fournisseurs, affréteurs, experts financier, organismes technique et prescripteurs), tous partenaires des vignerons et négociants de Bourgogne, de présenter leurs propres actions et objectifs. L’occasion de mesurer concrètement le niveau de maturité des partenaires et d’identifier les points d’amélioration pour poursuivre le travail.

Quelles suites au séminaire d’actions ?

Suite à ces échanges dynamiques, plusieurs points notables sont à relever :

Il existe avant tout un véritable engagement de tous les acteurs de la filière autour de l’enjeu carbone, note le BIVB qui peut s’appuyer sur cette volonté réelle. Toutes les entreprises ont en effet déjà entrepris des actions visant la réduction de leurs émissions de CO2. Beaucoup vont même plus loin et prennent en compte l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) de leurs produits et services.

Ensuite, la diversité des initiatives démontre l’importance d’une action collective concertée. Cela confirme le rôle clé du BIVB : faciliter le dialogue entre les très nombreux acteurs de la filière pour coordonner les efforts et renforcer les synergies dans la décarbonation.

Un troisième point concerne la pertinence de l’outil WinePilot. Lors de la restitution, plusieurs groupes ont émis la volonté d’être plus communiquant auprès de leurs clients et de pouvoir davantage les sensibiliser sur les leviers d’actions qu’ils proposent. Il pourrait donc être utile que les nombreux partenaires de la filière puissent également ajouter de l’information à cet outil innovant.

Ce séminaire, nouveau temps fort dans le calendrier du plan Bourgogne Neutralité 2035, ouvre également la voie à de nouveaux chantiers, parmi lesquels :

Comment échanger « nos » données entre acteurs pour avancer plus vite et optimiser nos actions ?  Comment privilégier le rail pour expédier ses commandes ? sachant que le train offre une solution permettant de diminuer l’empreinte carbone du fret de 95 %. Comment optimiser la collecte des vins dans notre région mosaïque où l’on compte plus de 3.000 entreprises ? Quel est le véritable impact de l’œnotourisme et comment proposer des mobilités adaptées avec les collectivités territoriales ?...

Toujours en ligne de mire Bourgogne Neutralité 2035

Il faudra répondre à ces grandes questions progressivement, mais volontairement. La filière des vins de Bourgogne vise la neutralité carbone d’ici 2035, en réduisant ses émissions de 60 % et en compensant les émissions restantes. Un plan de 38 actions concrètes, directement réalisables par les professionnels, accompagne cette ambition. Du réemploi des bouteilles à la réduction du fret aérien, ces mesures concernent l’ensemble de la chaîne de valeur, de la vigne à la distribution. Un travail est aussi mené en parallèle sur la compensation, avec plus de stockage de carbone dans les sols via, notamment, des pratiques comme l’enherbement ou l’enfouissement des sarments.

Déjà alléger leurs bouteilles

Dans le cadre de son projet « 2035 Neutralité Bourgogne » (l’autre nom de Bourgogne Neutralité 2035), le BIVB a en parallèle lancé une nouvelle websérie sur ses réseaux sociaux (Instagram, Facebook et Linkedin) pour justement mieux communiquer sur ce projet collectif.

Consacrée déjà dans un premier temps à la bouteille de vin allégée, elle a été imaginée pour sensibiliser les vignerons et négociants qui hésiteraient encore à franchir le pas. Mais elle permet aussi au grand public de découvrir l’existence d’une bouteille plus légère, pleine de vertus et sans vice ! Chaque épisode présente une idée reçue sur la bouteille allégée, illustrée par un dessin de presse signé Sylvain Pongi. Immédiatement après, le témoignage d'un professionnel qui utilise déjà des bouteilles de moins de 450 gr casse l’idée reçue et répond aux questions que l’on peut se poser.

Des vidéos pédagogiques

Les 3 premiers épisodes permettent ainsi d’affirmer que : tous les vins peuvent aller dans une bouteille légère, y compris un Grand Cru de Bourgogne (témoignage de Véronique Drouhin, Maison Joseph Drouhin) ;  la bouteille allégée n’entraîne pas plus de casse lors de l’embouteillage, du stockage, des expéditions... (témoignage de Frédéric Gueguen du Domaine Céline et Frédéric Gueguen) et enfin que le poids économisé bénéficie aussi aux salariés, avec des caisses plus légères (ex. - 1,7 kg sur une caisse de 12 bouteille, témoignage d’Hélène Sarkis et d’une salariée du Domaine Joblot)

La bouteille représente 25 % des émissions totale actuelles et il est facile de diminuer son empreinte carbone. En effet, pour les vins tranquilles, la bouteille de 395 gr a fait les preuves de son efficacité et de sa solidité. Mais le bénéfice existe aussi pour une bouteille de 410 ou 420 gr, sachant que le poids moyen des bouteilles de vins de Bourgogne était, en 2023, de 559 gr.

Quatre autres épisodes sont en préparation pour une diffusion prochainement. Surveiller les réseaux sociaux du BIVB pour les partager à vos clients et fournisseurs. Retrouvez ces vidéos sur LinkedIn, Instagram et Facebook.

Verallia relance son four n°1 à Chalon-sur-Saône : un cap industriel et environnemental franchi

Le site historique de Verallia à Chalon-sur-Saône entre dans une nouvelle ère. Le leader européen de l’emballage en verre vient d’annoncer le redémarrage de son four n°1, après une rénovation complète qui marque à la fois un investissement stratégique dans la modernisation industrielle et une étape importante dans sa transition énergétique.

Plus grand site verrier du groupe en France, l’usine chalonnaise, forte de 500 salariés, retrouve désormais 100 % de ses capacités de production. Le four n°1, spécialisé dans le verre blanc, notamment pour les bouteilles de Bourgogne et de Bordeaux, a été entièrement repensé pour intégrer des technologies « super boostées ». L’intégration renforcée de l’électricité dans le mix énergétique du four (portée à 25 %) permet de réduire de 11 % ses émissions de CO₂. Le recours au gaz naturel est, quant à lui, ramené à 75 %.

« Ce redémarrage incarne notre volonté de moderniser durablement notre outil industriel tout en accélérant notre transition énergétique », se félicite Johanna Lascaux, directrice de l’usine. Une ambition affirmée pour ce site centenaire (créé en 1912), emblématique du bassin chalonnais, et reconnu pour son expertise dans la fabrication de la teinte « feuille morte », si caractéristique des vins de Bourgogne.

Ce chantier vient renforcer l’engagement global du groupe Verallia à réduire ses émissions de CO₂ de 46 % d’ici 2030, conformément à l’objectif validé par l’initiative SBTi. Après la mise en service d’un four 100 % électrique à Cognac en 2024 et en attendant l’arrivée des fours hybrides en Espagne (2025) puis à Saint-Romain-Le-Puy (2026), l’usine de Chalon confirme son rôle moteur dans la transformation du modèle industriel du groupe.

Outre sa capacité de production annuelle approchant le milliard de bouteilles, le site chalonnais joue un rôle stratégique dans l’innovation verrière. Il abrite les centres techniques de Verallia France et son centre de formation, où 150 experts planchent sur les technologies d’avenir.

Avec cette relance réussie, Verallia envoie un signal fort : celui d’un industriel attaché à son territoire, engagé dans la transition écologique, et résolument tourné vers l’avenir.

L’OPA du brésilien BWGI sur Verallia validée par Bruxelles

La Commission européenne a autorisé le 24 avril le rachat, via une offre publique d’acquisition, du français Verallia par l’entreprise brésilienne BWGI (BW Gestão de Investimentos Ltda). Après cet accord de principe, le conseil d’administration de Verallia a examiné l’offre le 27 avril. L’opération en question concerne principalement la production et la fourniture d’emballages en verre pour les aliments et les boissons au niveau mondial. Concrètement, l’offre porte sur les actions que BWGI ne détient pas déjà – l’entreprise brésilienne possédant déjà 28,8 % du capital – à un prix de 30 euros par action, sans retrait de la cote. Elle deviendrait alors l’actionnaire majoritaire de Verallia. Parallèlement, la société contrôlée par la famille Moreira Salles a indiqué, dans un communiqué, que Verallia « restera une société cotée sur Euronext Paris à l’issue de l’offre, et conservera son siège à Paris ». En outre, elle « n’a pas l’intention d’apporter des modifications concernant l’emploi au sein du groupe ou son empreinte industrielle » et s’engage à maintenir « pendant trois ans au moins trois administrateurs indépendants au conseil d’administration ». La clôture de la période initiale de l’offre est prévue pour « le milieu ou la fin du mois de juillet 2025 ».

Adelphe renforce son action pour des bouteilles de vin moins carbonées

Face à l’urgence climatique, la filière vins et spiritueux accélère sa mutation. Adelphe, acteur central de l’éco-conception dans l’emballage, lance un programme ambitieux pour alléger les bouteilles en verre. Objectif : conjuguer performance environnementale, maintien de l’identité produit, et adaptation aux exigences réglementaires. Dans un secteur où la tradition cohabite avec des impératifs de durabilité croissants, le poids du verre n’est plus soutenable. Produire et transporter des bouteilles lourdes engendre une consommation d’énergie considérable. Le verre peut représenter jusqu’à 40 % de l’empreinte carbone d’une bouteille de vin. À l’heure où les consommateurs exigent des entreprises des engagements tangibles — 74 % des Français estiment que la réduction des emballages est de leur responsabilité (étude Citeo-Adelphe, janvier 2025) — la filière ne peut plus temporiser.

Un nouvel appel à projets pour les bouteilles propriétaires

Après avoir concentré ses efforts sur les bouteilles syndicales — standards partagés au sein d’une appellation — Adelphe élargit son champ d’action en s’attaquant aux bouteilles propriétaires, conçues spécifiquement par les domaines et maisons de vin. Le nouvel appel à projets, ouvert jusqu’au 7 juin 2025 à 23h59, s’adresse aux professionnels souhaitant alléger leurs emballages tout en préservant leur identité de marque.

L’enjeu est stratégique : réduire l’impact environnemental dès la conception, en cohérence avec les objectifs fixés par la loi AGEC et le futur règlement européen PPWR. Ces textes imposent respectivement une réduction de 15 % des emballages ménagers à usage unique d’ici 2030, et une baisse de 80 % des émissions de CO₂ liées aux emballages à l’horizon 2050.

Jusqu’à 50 000 € HT pour soutenir les projets

Pour franchir ce cap, Adelphe propose un accompagnement complet, technique et financier, pouvant aller jusqu’à 50 000 € HT par projet. Tous les volets sont couverts : études consommateurs, conception et prototypage, tests industriels, ajustement des chaînes de conditionnement, logistique, et communication auprès des acheteurs. Cette aide vise à lever les freins encore nombreux à l’allègement des bouteilles : résistance mécanique, perception visuelle, ou compatibilité industrielle.

En parallèle, Adelphe vient d’annoncer les cinq lauréats de son précédent appel à projets, consacré aux bouteilles syndicales. Le Comité Champagne ainsi que les syndicats des Côtes de Provence, Grès de Montpellier, Picpoul de Pinet et Tavel ont été retenus. Ensemble, ces projets couvrent près de 250 millions de bouteilles, et bénéficieront d’un accompagnement de terrain jusqu’à la phase d’essai technique.

Un cap clair pour une filière en transformation

À travers cette dynamique, Adelphe structure une réponse sectorielle à la hauteur des enjeux climatiques. En offrant des solutions concrètes aux producteurs, l’éco-organisme s’inscrit dans une logique de transition pragmatique, où l’innovation technique rejoint les attentes sociétales et les obligations réglementaires. La sélection des projets sera rendue publique au plus tard le 13 juin 2025, ouvrant la voie à une nouvelle génération de bouteilles plus sobres, sans compromis sur la qualité ni sur l’image.