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Viticulture

« Des vendanges qui seront précoces »

Les vendanges se précisent dans le département et devraient débuter entre la dernière semaine du mois d’août et la première semaine de septembre. L’occasion de s’intéresser à l’un des acteurs incontournables de la filière : la cave coopérative de Pouilly-sur-Loire. Rencontre avec son directeur Christophe Denoël.
Par Théophile Mercier
« Des vendanges qui seront précoces »
Christophe Denöel devant sa réserve à la cave coopérative de Pouilly.
Créée en 1947 au sortir de la seconde guerre mondiale, la cave coopérative de Pouilly-sur-Loire compte aujourd’hui 80 coopérateurs pour un chiffre d’affaires annuel qui varie entre 4 et 5 millions d’euros. 6 000 hectolitres sont vinifiés chaque année avec des moûts qui proviennent à 90 % du Pouilly-Fumé, Pouilly-sur-Loire et un peu de Coteau-du-Giennois. Depuis son arrivée en 2001, Christophe Denoël, le directeur de la cave coopérative de Pouilly n’a eu de cesse de travailler entre autres sur l’identification des lots : « C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité, dès mon arrivée, mettre en place une procédure de vinification en fonction du terroir. La certification Iso 9001 et surtout la norme anglo-saxonne BRC nous ont permis de conquérir de nouveaux clients. Cette dernière s’intéresse particulièrement à la traçabilité et à la sécurité des aliments dont le vin. Nous sommes donc capables de remonter la chaîne des vignerons qui ont contribué à l’élaboration d’une bouteille. Nous pouvons également faire l’inverse, c’est-à-dire que l’on regarde vers quels types de clients sont partis les jus de raisins qui ont servi pour la bouteille test » détaille le directeur de la cave coopérative. Il poursuit : « Chez nous, les vignerons apporteurs viennent avant tout chercher une sécurité et un débouché garanti. Quoi qu’il arrive nous avons l’obligation de trouver un marché pour eux. C’est la raison pour laquelle, nous devons faire attention à la répartition de nos débouchés, ce qui n’est jamais évident. L’objectif est de pouvoir être réactif en cas de crise comme cette année qui n’est pas une bonne année pour le secteur de la restauration. Cette réactivité n’est possible qu’à la seule condition que nous soyons déjà présents de longue date un peu partout sur d’autres segments pour activer des leviers secours le cas échéant » ajoute le directeur.

« Un rebond malgré le Covid-19 »
Comme pour les vignerons de Pouilly, la cave coopérative n’a pas pu échapper aux conséquences économiques dues au coronavirus.
Christophe Denoël revient sur cette période pas comme les autres : « Il faut déjà souligner que nous n’avons jamais cessé de travailler. La cave est restée ouverte sur toute la période du confinement et le magasin n’a été fermé que quinze jours. Pour dépanner nos clients, nous avions mis en place un système de drive. Sur le plan économique, le magasin sort avec un déficit post confinement de – 55 % de chiffres d’affaires. Au 1er juillet, ce retard n’est plus que de – 20 % ce qui est encourageant. Ensuite sur nos débouchés la situation a été hétérogène. Sur la grande distribution, nous avons multiplié nos ventes par quatre. Il faut préciser que nous travaillons avec des enseignes implantées dans un segment plutôt haut de gamme et situées uniquement à Paris. Le fait que les consommateurs soient confinés chez eux a favorisé les ventes dans ce type de magasin. En revanche, nous enregistrons un recul de - 40 % sur le segment des grossistes et entrepositaires comme France Boissons, Heineken, ou Kronenbourg » détaille le dirigeant.

« Une vendange qui s’annonce précoce »
Selon Christophe Denoël, les vendanges devraient débuter fin août, début septembre. Ce dernier le constate, la vigne se réchauffe et il faut vendanger de plus en plus tôt, ce qui n’est pas sans poser des désagréments : « Certains problèmes phytosanitaires sont en train de disparaître à la faveur du réchauffement de la vigne, en revanche, nous avons des phénomènes de grillure qui n’existaient pas avant et qui sont de plus en plus présents. Parallèlement à cela, il y a le degré alcoolique qui augmente aussi » explique-t-il. Interrogé sur les débats récents autour des ZNT, le directeur se veut très ferme : « Si cette réglementation vient à être appliquée, l’appellation pourrait enregistrer 25 % de perte, ce qui est considérable. Soyons vigilants à ne pas abîmer une filière qui pèse extrêmement lourd dans la balance commerciale du pays. Le problème c’est que l’on veut tout et son contraire à savoir : suffisamment à manger, que l’on respecte l’environnement et surtout que ça ne coûte pas cher à acheter, mais c’est impossible. C’est un peu à l’image du débat sur le bio : si demain toute l’agriculture venait à être convertie, il y aurait une baisse importante sur les rendements, ce qui encourage de fait l’importation de produits qui n’ont pas subi les mêmes normes que nous. De plus, il y a fort à parier que les cultures vont être impactées par des maladies qui n’existaient plus et qui peuvent être potentiellement dangereuses pour l’homme. Mais je pose une question : demain qui aura les moyens de s’acheter du vin ou de la viande si toute l’agriculture est en bio ? Car il y aura forcément une compensation de la baisse des rendements sur le prix de vente des produits. Ces questions méritent un débat bien plus large qu’aujourd’hui » conclut Christophe Denöel.