Sécheresse
Des éleveurs dans l'impasse
Les années se suivent et commencent à se ressembler pour les exploitants nivernais en particulier dans l'élevage confronté depuis trois ans à une sécheresse qui pèse lourd aussi bien dans les trésorerie que sur le moral. Reportage sur le secteur de Saint-Péreuse à la rencontre d'agriculteurs en quête de solution.
Que faire contre l'accumulation des mauvaises années ? C'est bien la question qui taraude les éleveurs du département en particulier ceux du secteur de Saint-Pereuse. Lundi dernier, six d’entre eux étaient réunis dans une parcelle de maïs complètement déshydratée, pour tirer la sonnette d’alerte sur cette situation qui plombe les trésoreries des exploitations. D'autant plus que les récoltes de fourrage cette année n'ont pas été bonnes. Selon les données de la Chambre d'agriculture le département a obtenu entre 60 à 70% du rendement des dernières années. Dans le secteur de Saint-Péreuse, nous sommes à 50% en enrubannage et 65% en foin, ce qui ne va pas aider les éleveurs à nourrir leurs bêtes jusqu'à la fin de l'hiver. « Ce qui marque cette année par rapport aux années précédentes, ce sont les précipitations en avril qui ont été inexistantes et qui n'ont pas permis à l'herbe de repousser. L'année dernière, malgré la sécheresse nous avions du stock mais cette année nous acculons tout » ajoute de son côté Cédric Bernier, éleveur à Saint-Péreuse. Son collègue Benoît Blandin, estime lui « que 2020 est la pire des trois dernières sécheresses ».
Des sécheresses qui pèsent lourd dans les trésoreries
« La dernière bonne année dans notre secteur c'est 2014 où les rendements en fourrage ont été excellents. Dans l'ensemble sur 10 ans, c'est catastrophique » explique Bernard Blin, éleveur sur la commune de Saint-Hilaire-en-Morvan. Ce dernier a fait ses comptes et a récemment présenté la facture à la préfecture lors du dernier comité sécheresse : « Ce qu'il faut bien comprendre c'est que nous payons les accumulations. En ce qui me concerne, suite à la sécheresse en 2018, j'ai été contraint de semer de nouveau pour remettre en état mes parcelles. Lorsque je fais le bilan de mes semis, j'ai 13,75 ha de pertes totales. Ensuite, sur le cumul 2018 et 2019, sur mes 110 ha, 48 ha sont à semer de nouveau dont 38 ha directement concernés par la sécheresse 2019. Si vous ajoutez à ce calcul, le coût des semences pour des prairies longue durée, vous arrivez à 200 €/ha. La facture totale s'élève donc à 9 880 euros de pertes de fond pour la sécheresse 2019 pour 38 ha, et j'ai déjà perdu 4 ha de plus cette année » détaille Bernard Blin. Un bilan financier largement partagé par ces collègues présents : « Je crois qu'il n'y a pas d'autre profession que la nôtre qui s'endette autant pour son métier. Il va falloir un jour qu'on s'en rende compte » estime Benoît Blandin. Ce dernier qui est également président de la Sicafome, a déjà constaté les premières conséquences de la sécheresse : « La semaine dernière au marché au cadran, il y avait 180 vaches enregistrées et l'on a vu arriver 50 bêtes de plus qui n'étaient pas annoncées, dans un état catastrophique » explique-t-il.
« Plus de collaboration avec les céréaliers »
En parallèle de ces aléas, il y a la gestion de l'eau qui est une aberration pour les éleveurs. « La gestion administrative est telle que nous ne pouvons plus rien faire dans les cours d'eau alors qu'un entretien régulier permettrait de faire circuler l'eau normalement » estime Cédric Bernier. Ensuite, les éleveurs aimeraient pouvoir mettre en place des partenariats avec des céréaliers. « Aujourd'hui, nos collègues céréaliers sont au bout de leur assolement et ne savent plus vers quelle culture se tourner. Alors pourquoi ne pas leur proposer de semer de la luzerne, éventuellement en irrigation, qu'ils pourraient vendre en contractualisant avec des éleveurs ? Et puis, pourquoi ne pas construire des usines de déshydratation pour faire sécher cette luzerne. Il y a bien des projets de méthaniseurs qui se montent sans savoir réellement si ceux-ci sont viables » estime Clément Blandin. En attendant, les éleveurs inquiets scrutent le ciel, et espèrent à nouveau voir tomber la pluie.
Des sécheresses qui pèsent lourd dans les trésoreries
« La dernière bonne année dans notre secteur c'est 2014 où les rendements en fourrage ont été excellents. Dans l'ensemble sur 10 ans, c'est catastrophique » explique Bernard Blin, éleveur sur la commune de Saint-Hilaire-en-Morvan. Ce dernier a fait ses comptes et a récemment présenté la facture à la préfecture lors du dernier comité sécheresse : « Ce qu'il faut bien comprendre c'est que nous payons les accumulations. En ce qui me concerne, suite à la sécheresse en 2018, j'ai été contraint de semer de nouveau pour remettre en état mes parcelles. Lorsque je fais le bilan de mes semis, j'ai 13,75 ha de pertes totales. Ensuite, sur le cumul 2018 et 2019, sur mes 110 ha, 48 ha sont à semer de nouveau dont 38 ha directement concernés par la sécheresse 2019. Si vous ajoutez à ce calcul, le coût des semences pour des prairies longue durée, vous arrivez à 200 €/ha. La facture totale s'élève donc à 9 880 euros de pertes de fond pour la sécheresse 2019 pour 38 ha, et j'ai déjà perdu 4 ha de plus cette année » détaille Bernard Blin. Un bilan financier largement partagé par ces collègues présents : « Je crois qu'il n'y a pas d'autre profession que la nôtre qui s'endette autant pour son métier. Il va falloir un jour qu'on s'en rende compte » estime Benoît Blandin. Ce dernier qui est également président de la Sicafome, a déjà constaté les premières conséquences de la sécheresse : « La semaine dernière au marché au cadran, il y avait 180 vaches enregistrées et l'on a vu arriver 50 bêtes de plus qui n'étaient pas annoncées, dans un état catastrophique » explique-t-il.
« Plus de collaboration avec les céréaliers »
En parallèle de ces aléas, il y a la gestion de l'eau qui est une aberration pour les éleveurs. « La gestion administrative est telle que nous ne pouvons plus rien faire dans les cours d'eau alors qu'un entretien régulier permettrait de faire circuler l'eau normalement » estime Cédric Bernier. Ensuite, les éleveurs aimeraient pouvoir mettre en place des partenariats avec des céréaliers. « Aujourd'hui, nos collègues céréaliers sont au bout de leur assolement et ne savent plus vers quelle culture se tourner. Alors pourquoi ne pas leur proposer de semer de la luzerne, éventuellement en irrigation, qu'ils pourraient vendre en contractualisant avec des éleveurs ? Et puis, pourquoi ne pas construire des usines de déshydratation pour faire sécher cette luzerne. Il y a bien des projets de méthaniseurs qui se montent sans savoir réellement si ceux-ci sont viables » estime Clément Blandin. En attendant, les éleveurs inquiets scrutent le ciel, et espèrent à nouveau voir tomber la pluie.