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Portrait

Christian Prudhomme : « Le Tour de France : 3 500 km de sourires »

L'amour de Christian Prudhomme pour le Tour de France a guidé sa carrière de journaliste, puis celle de directeur de l'événement. Retour sur son parcours, alors que l'évènement démarre le 5 juillet depuis Lille.

Par Propos recueillis par Justine Demade-Pellorce
Christian Prudhomme :  « Le Tour de France : 3 500 km de sourires »
(Crédit J.D-P)
Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, de passage à Douai en prévision du passage du Tour par Lauwin-Planque en 2025.

Quel est votre tout premier souvenir à vélo ?

Christian Prudhomme : « Nous avions la chance d'avoir une belle terrasse à Paris, lorsque j’étais enfant, et j'y ai appris à rouler avec ma sœur et mon frère, avant d'être poussé par le Tour de France à descendre faire le tour du pâté de maisons. »

Petit, vous pensiez : Quand je serai grand ?

C.P. : « Je serai journaliste, pour commenter le Tour. Nous avions gagné un lapin à la kermesse avec ma sœur, et j'ai voulu devenir vétérinaire parce que j'aimais mon petit lapin. Puis, ça a moins bien marché en maths au lycée et mon père a commencé à s'inquiéter pour moi. Un jour, mon frère lui a avoué que je voulais devenir journaliste sportif, que je commentais le Tour de France en cachette dans ma chambre. Ça m'a libéré et ça a soulagé mon père qui ne souhaitait que notre bonheur. »

Le meilleur souvenir de vos études de journalisme à Lille, et le pire ?

C.P. : « Le meilleur, c'est quand je sors de l'oral qui s'est bien passé. J'avais terminé 14e des écrits et je me répétais en boucle : « Tu seras journaliste ». Ma fille a d'ailleurs aussi fait l'ESJ de Lille et elle est aujourd'hui journaliste à Point de vue. Je n'ai franchement aucun mauvais souvenir de cette époque."

Votre meilleur souvenir comme journaliste et le pire ?

C.P. : « Le meilleur restera la couverture du championnat du monde de cyclisme sur route en 1989 à Chambéry. C'était la première fois qu'une épreuve était diffusée dans son intégralité à la télévision. Le pire : la fin brutale de la 5, sans hésitation. »

Télé ou radio ?

C.P. : « Les deux, mon général. La radio, c'est le média du rêve. Et l'information en continu bien avant Internet et tout le reste. Ce sont les souvenirs du gamin qui zappe de chaîne en chaîne pour suivre les étapes et se faire le film. En revanche, en tant que journaliste, j'ai préféré la télévision. »

Le meilleur souvenir du Tour de France, et le pire ?

C.P. : « Le pire est la mort de Fabio Casartelli le 18 juillet 1995 dans la descente du col de Portet-d'Aspet. J'étais sur la moto d'Europe 1 et je suis passé à côté, j'ai vu la mare de sang. Je me souviens surtout du regard du médecin en chef du Tour de France, le même regard qu'avait eu mon père médecin lorsque nous avions assisté à un accident sur l'autoroute quand j'étais enfant et qu'il avait tenté de se rendre utile. Le meilleur souvenir serait peut-être celui de l'enfant que j'étais, en 1971, face à l'incroyable échappée de Luis Ocaña, dit l'Espagnol de Mont-de-Marsan, devant le champion de l'époque, Eddy Merckx. Je me souviens de l'exploit, mais aussi de sa retransmission, des images et des mots du commentateur. Et en tant que directeur du Tour, ce serait cette arrivée au col du Galibier en 2011 pour célébrer le centenaire de son premier franchissement par le Tour. Une très belle épreuve d'un point de vue sportif, avec une succession d'exploits, qui a aussi mis en lumière la prouesse technique et la fierté des équipes. »

Votre champion préféré ?

C.P. : « Raymond Poulidor. C'est lui qui m'a donné l'amour du Tour. Je cite souvent Bernard Thévenet, un autre champion, qui dit que « les champions de notre enfance sont les champions de notre vie ». J'ai aimé Poulidor pour son visage, sa bonhomie. Le champion populaire, la gloire sans maillot jaune. Et je me revois en 1972, j'ai 12 ans. Ma mère et ma grand-mère sont assises sur le canapé bleu et je les vois, ensemble, encourager Raymond Poulidor. Elles avaient habituellement une classique relation belle-fille et belle-mère, et là, je me suis dit : « Mais alors, elles s'aiment ! » Et j'ai aimé le Tour pour ça aussi : l'amour. Si j'y suis venu pour les champions, j'y suis resté pour son aspect social. Je dis souvent que le Tour, c'est 3 500 kilomètres de sourires. »

Quelle étape attendez-vous particulièrement pour le Tour 2025 qui partira de Lille ?

C.P. : « La première semaine sera une semaine de plaine en trompe-l'œil, une semaine pour les puncheurs, les favoris. Et dès le deuxième jour, l'étape Lauwin-Planque - Boulogne annonce une arrivée sportive : ce sera la première bataille entre les favoris du classement. »

 

Christian Prudhomme : « Le Tour de France : 3 500 km de sourires »

Retour sur un parcours

Été 1968 : Christian Prudhomme a 7 ans et il vient de tomber amoureux du Tour de France. À partir de ce moment, il sait qu'il veut devenir journaliste, pour raconter les exploits des champions. Chaque été, il vit le Tour de France et « le lendemain de l'arrivée du Tour sera longtemps le jour le plus triste de l'année », raconte le sexagénaire qui vibre désormais pour la Grande Boucle 365 jours par an. Après une carrière de journaliste, il a pris la direction de l'événement sportif le plus populaire ayant jamais existé : des milliers de kilomètres, des dizaines d'étapes, des centaines d'heures d'antenne, des champions éternels et des exploits incandescents (sans occulter quelques scandales), et tout ça sans un seul billet vendu. Christian Prudhomme est né à Paris en 1960, « d'ascendance alsacienne ». La précision est importante, c'est son ancrage, ses origines et les souvenirs de vacances parmi lesquels les bibeleskæs de sa tante, « une cuisinière hors pair ». En 1983, il intègre la 59e promotion de l'École supérieure de journalisme (ESJ) de Lille et enchaîne à RTL, au Courrier picard, à la Voix des Sports et à RFO. En 1987, il rejoint la 5, dès sa création. « Un espace de liberté incroyable » et, à l'arrêt brutal de la chaîne, « le 12 avril 1992 à minuit », il se retrouve au chômage « comme les 800 autres. La rédaction a vécu 4 ans et 8 mois : assez pour s'apprécier et pas assez pour se détester. » Il y ajoute la création de LCI en 1994, puis celle de l'Équipe TV en 1998, devenue la chaîne L'Équipe, où il officiera. Entre-temps, il couvre le Tour de France pour la première fois en 1995 pour Europe 1. « Mon rêve professionnel », affirme-t-il. Il prend la rédaction en chef des sports pour France 3 en 1999, puis rejoint France 2 en 2000, où il présente notamment Stade 2 et commente le Tour de France. Après ça, impossible de rêver mieux en tant que journaliste et, en 2004, il rejoint ASO, la société qui porte le Tour de France. Après trois ans aux côtés de Jean-Marie Leblanc, il en prend la direction en 2007.

Record de fresques agricoles

Avec 26 fresques sur le parcours du Tour de France Hommes et 5 fresques sur celui du Tour de France Femmes, les agriculteurs du réseau FNSEA s’apprêtent à battre un nouveau record de créativité et de mobilisation. Pour la 18e année consécutive, ils investiront les étapes du Tour avec toute une série de fresques illustrant la richesse des territoires et la transmission des savoir-faire agricoles. Le thème de cette édition 2025 : "Notre terroir". Grâce aux images spectaculaires diffusées en direct par France Télévisions depuis les hélicoptères du Tour, ces fresques géantes deviennent de véritables vitrines du patrimoine agricole français. Les fresques s’inscrivent dans un dispositif global de valorisation des métiers de l’agriculture à travers l’opération « Ma Nature, Mon futur, L’Agriculture ! » intégrant la participation de la FNSEA dans la Caravane du Tour de France.