Le Préfet de Région Bourgogne-Franche-Comté Fabien Sudry s’est rendu sur trois sites agricoles du Doubs, à l’initiative de la FRSEA. Une visite dense au cours de laquelle les grandes préoccupations du moment ont été abordées.

Visite du Préfet de Région BFC dans le Doubs
Michel Jeannot, associé au sein du Gaec du Puy de la Velle, à Villiers-Saint-Martin, a présenté ses différentes productions (lait, céréales, viande, spiruline) au Préfet de Région, Fabien Sudry (en costume sombre).

C’est accompagné de la directrice de la Draaf BFC Marie-Jeanne Fautré-Muller que le Préfet de Région s’est rendu, le 21 juillet, sur trois structures agricoles du Doubs, à Sancey, près de Montbéliard, à Villers-Saint-Martin, puis à Chalèze, près de Besançon, respectivement dans une coopérative laitière, une exploitation laitière qui s’est diversifiée dans la méthanisation, et un Gaec d’élevage de charolais. Lors de ces visites, Fabien Sudry a pu rencontrer les représentants de toutes les FDSEA de la région, mais aussi des JA. Ces derniers ont fait part de leurs inquiétudes quant au changement d’administration prenant en charge leurs services (qui passent des mains de l’État à celles de la Région) ainsi que des incertitudes liées à l’inflation. Rassurant, le Préfet explique vouloir s’entretenir prochainement avec les agriculteurs et le Conseil régional pour que la transition se passe au mieux. Les échanges se sont ensuite dirigés vers les réglementations écologiques parfois difficiles à suivre et l’image entachée de l’agriculture contemporaine. Là encore Fabien Sudry a su se montrer compréhensif. « C’est rassurant d’entendre que le Préfet ne se laisse pas influencer par des minorités bruyantes qui nous discréditent sans réellement se renseigner », avouait Christophe Chambon. Au fil de ces trois visites les professionnels agricoles venus de Bourgogne et de Franche-Comté sont intervenus sur trois thématiques qu’ils ont souhaité mettre en avant et ils ont développé des sujets avec, à chaque fois, une ou plusieurs propositions concrètes.

Assurer la souveraineté alimentaire : faciliter les démarches de nouveaux projets grâce à la création d’un Schéma régional directeur de la souveraineté alimentaire (SRDSA) remplaçant à la fois le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), le Schéma d’aménagement de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) et les Schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Poursuivre le travail sur la contractualisation.

S’adapter au changement climatique : mettre en place une cellule prospective de conseillers agricoles, scientifiques et agriculteurs pour proposer des cultures adaptées aux territoires et aux exploitations, créer une association permettant de formaliser les services proposés par les agriculteurs en développant des partenariats entre les acteurs, mutualiser les risques climatiques entre assureurs pour que l’assurance ne pèse pas sur un seul opérateur assurantiel.

Avoir des conditions de vie adaptées : construire des filières qui assurent la répartition de la valeur ajoutée, un chantier s’ouvre pour la filière bovine alors qu’un autre est en phase d’achèvement sur l’autonomie protéique, flécher une partie des aides via les MAEC vers les systèmes les plus nécessiteux (allaitant), diversifier les sources de revenus en facilitant la production d’énergie, notamment en permettant des raccordements plus faciles au réseau électrique, garantir des prix en poursuivant le travail sur la contractualisation, faire venir des nouveaux profils pour renforcer le besoin de main-d’œuvre en promouvant l’insertion via les métiers du vivant et la création d’un groupement d’employeurs au plan régional.

Le préfet de Région a apporté ses réponses :

Viande bovine et souveraineté alimentaire :

« L’administration sera à vos côtés pour accompagner cette filière. Nous ne pouvons pas nous substituer aux opérateurs mais il n’y a qu’une loi qui s’applique, c’est la loi Egalim2. Les services de l’État seront là pour faciliter la mise en place de ces nouvelles dispositions car, pour l’instant, force est de reconnaître que tout le monde ne joue pas le jeu ! Dans la loi, il est prévu la prise en compte de la restauration collective. Nous sommes très dynamiques sur ces sujets avec plus de 26 Projets alimentaires territoriaux (PAT) validés fin 2021, en BFC. Sur ces questions, il ne faut pas freiner les initiatives mais, bien au contraire, les encourager ».

Nouvelle Pac et PSN :

« À l’échelle de la région, nous avons réussi à maintenir les grands équilibres. Nous avons rattrapé le retard des aides surfaciques. Par rapport aux bâtiments d’élevage, il y a des problématiques spécifiques en fonction de chaque département. Sur la DJA, il est important de mettre en place le nouveau dispositif et, pour cela, je proposerai une rencontre, à la rentrée, entre l’État, la Région et la profession pour que l’ensemble du nouveau dispositif soit complètement opérationnel et assurer ainsi la continuité des services ».

MAEC et environnement :

« Nous venons de recevoir l’enveloppe pour les MAEC. En BFC, elle sera de 21 millions d’euros pour les mesures systèmes et 28 millions d’euros pour l’agriculture biologique. La MAEC zone intermédiaire, que vous avez proposé, a bien été retenue et sera opérationnelle pour la campagne 2023. Concernant votre projet d’association pour développer les services environnementaux, nous vous accompagnerons dans cette démarche, car il est important que les agriculteurs puissent proposer ces activités dans le cadre des démarches RSE des entreprises ».

Changement climatique et gestion de l’eau :

« Nous allons lancer les assises de l’eau cet automne. On va proposer des groupes de travail sur ces thématiques pour mieux impliquer les acteurs et préparer ces transitions avec, bien entendu, la participation du monde agricole ».

Plan de résilience :

« 1 466 dossiers ont été déposés en BFC, pour la mesure concernant l’alimentation animale. Sur les autres mesures, il est encore trop tôt pour faire un premier bilan. L’État s’est fortement mobilisé sur le gel en viticulture pour les dossiers de l’année dernière, ce qui représente un soutien exceptionnel de plus de 50 millions d’euros. Le logement des vendangeurs est un sujet complexe. Il est important que les employeurs proposent des solutions opérationnelles pour ces publics occasionnels. Il serait possible de sensibiliser les mairies afin d’optimiser les logements disponibles ».

-Christophe Chambon, président de la FRSEA BFC : « C’est sur le terrain et au contact des agriculteurs qui sont des acteurs de notre économie qu’on peut comprendre au mieux les problèmes. Ensemble on trouve des solutions pour que notre agriculture reste un secteur capable de relever les défis qui nous attendent ».

-Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture Bourgogne-Franche-Comté : « Sur quelques dossiers et en particulier sur celui de l’installation le partage des compétences entre l’État et la Région suscite des interrogations et même des inquiétudes. On a voulu faire plaisir à tout le monde et au final on ne fait plaisir à personne ».

-Arnaud Gaillot, président de JA national : « Nous aurons besoin d’une doctrine nationale pour concilier énergie renouvelable, souveraineté alimentaire et enjeux environnementaux et climatiques. La loi d’avenir sur l’agriculture devrait le permettre. Ne confondons pas vitesse et précipitation pour rédiger cette loi ».

-Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58 : « L’élevage se pratique sur un temps long. Les éleveurs ont besoin de connaître précisément les règles d’application de la Pac. On ne peut plus attendre. Nous avons en région le projet de construire une filière viande solide. Nous aurons l’occasion d’en reparler à la rentrée ».

-Fabrice Faivre, trésorier de la FDSEA 21 : « La récolte 2022 a été fortement soumise aux aléas climatiques. Notre dernière bonne année c’était 2018. C’est vrai que les prix 2022 sont corrects mais les coûts de production ont explosé et quand on voit le prix de l’énergie on est inquiet ».

-Damien Brayotel, président de la FDSEA 89 : « Les intercultures ne sont pas assez valorisées. Elles sont une bonne solution à la captation du carbone et permettent de nourrir les troupeaux ».