Marchés
Un début 2024 encourageant

D'après communiqué
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Après une fin 2023 marquée par une pression à la baisse des cotations (sur le marché de la femelle et du broutard), janvier et février 2024 se sont distingués par le retour de signaux positifs, mais insuffisants, pour les producteurs. Dans ce contexte les lois Égalim doivent s’appliquer pour donner de la perspective aux éleveurs.

Un début 2024 encourageant
En février, les coûts de production ont amorcé une baisse, tout en restant à des niveaux élevés.

Après des mois d’inflation, bien que les prix des matières premières aient enclenché leur lente diminution sur l’année 2023(1) , les indicateurs de prix de revient en viande bovine (calculés selon l’accord interprofessionnel en date du 22 mai 2019) augmentent de 0,4 % sur le 2e semestre 2023. Cette hausse est une conséquence, entre autres, de l’intégration des effets de l’application de la réforme de la Pac, qui implique pour les éleveurs bovins viande une diminution de leurs aides (de l’ordre de 8 centimes/kg). Sur le mois de février 2024, les tendances sur l’indice Ipampa viande bovine vont sur une très légère augmentation : il s’élève alors à 131,8 points (contre 131 en janvier 2024. La hausse est essentiellement due à une augmentation du poste « Énergie et lubrifiants » de 9,9 points).

Décapitalisation, toujours…

La décapitalisation du cheptel bovin allaitant enclenchée depuis 2016, aura encore été la tendance de 2023 : on compte sur l’année 98 000 vaches allaitantes en moins en moyenne par rapport à 2022. Alors que la consommation par bilan diminue globalement (-4 % à fin décembre 2023 / 2022), avec une diminution plus marquée sur la deuxième partie de l’année 2023, la décapitalisation elle aussi poursuit son chemin (-2,7 % en moyenne par rapport à l’année précédente) et se traduit par la poursuite de la tendance à la baisse des abattages, plus rapide que la baisse de la consommation. Sur 2024, les chiffres continuent de prouver ce manque d’animaux : -3,18 % d’abattages sur le début de l’année 2024(2). La décapitalisation se traduit également par une baisse des naissances de 141 000 animaux sur l’année 2023 (-4,2 %). Elle implique une réduction des effectifs d’animaux mis sur le marché. Entre l’offre réduite et une demande accrue pour l’engraissement sur le marché français, les exports d’animaux vifs se sont réduits en 2023 de 7 %..

En attente d’une amélioration de la rémunération

Avec une telle réduction de l’offre, les volumes exportés ont été restreints en début d’année (-7 % en cumul jusqu’en semaine 7) alors que la demande nationale, italienne et espagnole, est dynamique, les cours sont restés orientés à la hausse. Après un 2e semestre 2023 qui a vu une forte pression des prix à la baisse, le début de l’année 2024 voit la tendance s’inverser. Le mois de février est marqué par des hausses sur l’ensemble des catégories (augmentation du PMP de 0,04 €/kg entre la semaine 05-2024 et la semaine 09-2024 : le PMP passe de 5,01 €/kg à 5,05 €/kg). Sur le mois de février 2024, l’écart entre le prix de revient interprofessionnel et la cotation se réduit sur une majorité de catégories animales, sauf sur la vache allaitante, comparé au mois précédent. Les signes d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins ne sont pourtant pas au rendez-vous. Bien que les charges se stabilisent, la hausse des cotations gros bovins entrée abattoir n’est pas suffisante. Le prix payé au producteur est donc toujours à perte, lorsqu’il est comparé au prix de revient. Il convient de rappeler que, dans le cadre d’Égalim 2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son premier acheteur et non l’inverse. Le prix de revient interprofessionnel (selon la méthodologie de calcul en date du 22 mai 2019) - et non un autre - est, dans cette proposition, le socle indispensable à toute négociation, et doit donc être majoritaire. Le résultat de la mécanique de prix issue de la négociation, et présente dans le contrat, ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière.

Contrer les pressions à la baisse

Par la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a l’assurance de garder une viabilité économique sur son exploitation, face aux aléas extérieurs. Par le contrat, l’éleveur est aussi assuré de mieux contrer les éventuelles pressions à la baisse, saisonnières ou non, appliquées par les opérateurs. Il convient également de rappeler que la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans un contrat amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement comme en 2022. Enfin, cela permet de donner de la visibilité aux éleveurs, à la filière, comme aux financeurs pour accompagner les jeunes.

Note : (1) Chiffres de fin décembre 2023 comparés à décembre 2022. Source : Ipampa viande bovine, RICA 2015, traitement Institut de l’élevage.Aliments achetés : -9,8 % ; engrais et amendements : -36,6 % ; énergie et lubrifiants : -2,8 %.
(2) Source : Normabev, cumul en semaine 9 de 2024 comparé à 2023.