Châtillonnais
Le cochon est dans le maïs

AG
-

Les dégâts de sangliers se multiplient autour de Châtillon-sur-Seine. Les agriculteurs s'en inquiètent fortement.

Le cochon est dans le maïs
Photo prise il y a quelques jours par Fabien Chaumonnot près du lycée agricole. Les sangliers ont pris la pose sans broncher.

Mais que se passe-t-il dans le Châtillonnais ? Des hordes de sangliers sèment la zizanie dans les cultures dans des proportions jamais égalées. « C'est infernal, il y en a partout et rien ne semble les arrêter », déplore Fabien Chaumonnot, responsable de l'exploitation agricole du lycée La Barotte, qui recense « beaucoup de casse » dans ses 19 ha de maïs. « Les dégâts grandissent de jour en jour, cela a commencé dès les semis. La clôture est pourtant branchée sur le secteur et munie de trois fils, soit un de plus par rapport à ce qui est recommandé. Mais rien n'y fait », poursuit le Côte-d'orien, très inquiet pour la future alimentation hivernale de ses vaches brunes. Virginie Brion, exploitante à Villotte-sur-Ource et vice-présidente cantonale FDSEA, relaye un ras-le-bol général sur cette situation : « Les problèmes s'étaient pourtant calmés depuis un petit moment, dans la majorité des secteurs. Dans mon cas, je n'avais plus fait de déclaration depuis près de dix ans, mais tout a rapidement changé. Les populations sont redevenues anormales avec tous les dégâts que cela engendre. Les années passées ont sans doute été favorables à la reproduction des sangliers, mais dans le même temps, les prélèvements ne sont pas assez importants. Certains bois ne sont pas chassés et les consignes de tirs de certaines sociétés favorisent le développement des femelles et ne font qu'accroître nos problèmes… Plutôt que de demander aux chasseurs smicards de dépenser toujours plus, il faudrait arrêter les bracelets pendant un an pour faire un vrai ménage sinon, nous n'en sortirons jamais ». Virginie Brion est d'autant plus remontée sur ce dossier que le prêt de clôtures serait remis en question : « lors d'un récent échange téléphonique avec la Fédération des chasseurs, on m'a clairement dit qu'il n'y avait plus d'équipement disponible, ils auraient même l'intention de ne plus en prêter du tout ! C'est incroyable. Je ne sais pas si le Parc national fait pression sur ce sujet ou s'il s'agit d'une réelle volonté de la fédération des chasseurs ». L'agricultrice déplore également une recrudescence des populations de cervidés : « en ce moment, ils sont en train de manger les têtes de tournesol des voisins, après avoir piétiné leurs colzas toute l'année et siégé dans les blés ! ».

 

Le fusil, la solution

Victor Matrat, agriculteur à Prusly-sur-Ource, déplore lui aussi de nombreux dégâts de sangliers dans ses parcelles : ses 50 ha de maïs, pour ne citer qu'eux, sont déjà détruits à hauteur de 20 % cette année. Le Côte-d'orien connaît très bien le monde de la chasse pour présider lui-même une société : « Nos consignes de tir sont différentes de celles que je dois appliquer quand je vais chasser ailleurs… Chez nous, il faut tout tirer, il n'y a pas de limite ! Pour moi, c'est la solution. Le problème est bien là : dans certains coins, il est interdit de tuer des femelles d'un certain poids sous peine d'amendes, les populations et les dégâts augmentent en conséquence avec ce type de consignes. Les problèmes se propagent entre communes, c'est pour cela que nous sommes envahis de sangliers, même nous, qui tirons tout. Dans ces mêmes secteurs, la chasse est devenue un commerce, avec des personnes prêtes à mettre beaucoup d'argent pour voir des sangliers. Quand j'ai commencé de chasser, à l'époque, nous avions l'habitude de tuer un ou deux sangliers par an alors qu'aujourd'hui, s'il n'y a rien au tapis un seul dimanche, les gars font la gueule et veulent partir ! Les chasseurs veulent faire de beaux tableaux mais quand il y a du partage de gibier, personne n'en veut… À quoi rime cette situation ? Autant aller au Cinétir, le simulateur de tirs, dans ce cas-là. Ces gens n'ont pas conscience de la situation, d'autant que les risques de propagation de maladies augmentent eux aussi. Les personnes qui réalisent les expertises terrain sont actuellement dépassées, elles n'arrivent plus à gérer les dossiers tellement il y a des dégâts. La direction que nous prenons est très inquiétante. Le fusil, c'est bien l'unique solution ! ».