Moissons
Les roues dans l'eau

AG
-

Un agriculteur du val de Saône partageait ses premières impressions sur la moisson, il y a quelques jours, dans ses orges d'hiver.

Les roues dans l'eau
Emmanuel Bonnardot et Pierre, l'un de ses deux fils, dans une parcelle encore très humide à Bagnot.

Les années humides ne sont jamais les meilleures dans le val de Saône. Emmanuel Bonnardot, exploitant à Bonnencontre, ne dira pas le contraire avec l'excès d'eau accumulé dans ses parcelles depuis des mois : « Cela a commencé dès le lendemain des semis de blé, fin octobre. Je ne pense pas me tromper en disant que, depuis, il a plu chaque semaine ! Je n'ai jamais vu une telle humidité prolongée de toute ma carrière... Ces pluies en continu ont généré des excès d'eau qui ne sont jamais bien bons chez nous, car nos terres sont naturellement humides. Ces aléas, cumulés à un manque d'ensoleillement très prononcé, n'ont pas été sans conséquence dans nos cultures ». L'agriculteur de 57 ans, ancien président de la FDSEA21, a sorti une première fois sa moissonneuse le 24 juin, pour aller faucher une parcelle d'orge d'hiver en variété Faro. Quelques jours et hectares plus tard, avec un peu de recul, le Côte-d'orien observait une certaine qualité (11,3 en protéines et 74 en calibrage), mais déplorait un PS de faible niveau (autour de 60) avec un rendement qui peinait à dépasser voire même atteindre les 60q/ha : « le remplissage des grains ne s'est pas fait correctement, il y a eu des maladies en fin de cycle. Au moment ou je vous parle, je ne suis pas certain de terminer cette campagne à 60 q/ha, la moyenne pourrait même descendre à 55q/ha, ce qui ferait de 2024 l'une de mes pires moissons en orge d'hiver. J'ai encore une seconde variété à faucher, Carrousel, en espérant qu'elle donne de meilleurs résultats ».

Des incertitudes

Emmanuel Bonnardot s'apprêtait à faucher son blé et son colza dans la foulée, avec un certain nombre d'interrogations : « la finition semble avoir été difficile aussi en blé. J'imagine de gros écarts entre les variétés, selon leurs capacités à résister aux maladies. Visuellement, Chevignon pourrait donner un meilleur score que Tenor et Arcachon, mais ce n'est à ce jour que des suppositions... Je pense tout de même que le blé sera meilleur que l'orge. Le colza ? Je ne sais pas quoi en penser. L'aspect général est correct mais il y a eu un phénomène de verse à la floraison. Avec l'excès d'eau, certains endroits ont noirci récemment : cela n'annonce rien de bon ». L'eau restera assurément le fait marquant de cette campagne : « nous avons passé toute l'année dedans, du début à la fin, en passant par les différentes interventions. Nous retrouvons des ornières que nous avons faites il y a plusieurs semaines, plusieurs mois, et là nous en refaisons de nouvelles cet été. La terre colle aux pneus, ce n'est pas facile. Ces conditions sont vraiment particulières ».

Le deuxième multiplicateur

Emmanuel Bonnardot, qui ne s'attend pas faire la moisson « du siècle », a les yeux rivés sur les marchés : « les cours sont bien remontés il y a un mois et demi, après avoir atteint des niveaux très bas. Cette tendance haussière était pour le moins inattendue, selon les prévisionnistes. Comme un certain nombre de collègues, j'en ai profité pour vendre quelques volumes. Aujourd'hui, nous assistons à nouveau à un phénomène dépressif, il faudra attendre la récolte pour prendre de nouvelles décisions. Dans tous les cas, nous aurons besoin de prix rémunérateurs si le niveau de la moisson n'est pas au niveau espéré ».

 

 

 

2e photo (importante, va avec le titre)

2e photo (importante, va avec le titre)