Climat
« Veut-on encore de nous » ?
La sécheresse se poursuit et s’accentue dans le département. La situation commence à peser lourd moralement et financièrement. C’est le cas notamment pour les éleveurs du Morvan qui se sentent démunis face à la situation.

C’est un véritable cri du cœur lancé par les éleveurs du Morvan. Les années se suivent et commencent à se ressembler de plus en plus. La sécheresse de l’année dernière avait coûté selon les exploitations entre 10 000 à 13 000 euros supplémentaires en achat de fourrage. Selon les éleveurs morvandiaux, un UGB coûte 3 euros à nourrir, sachant que l’exploitation moyenne compte environ 150 UGB, le coût à la journée est estimé à 450 euros. Fort heureusement pour eux, la campagne de fourrage à cette année était correcte ce qui a permis de rééquilibrer un peu les stocks qui étaient arrivés à la quasi-pénurie à la sortie de l’hiver dernier. Néanmoins, pour les éleveurs morvandiaux comme pour le reste du département, l’affouragement a recommencé depuis le 14 juillet. « Cette année, il n’a quasiment pas plu en hiver où il a fait même très chaud en février avec des températures proches des 20 degrés. Conséquence aujourd’hui, certains ruisseaux de Ouroux-en-Morvan jusqu’à Vauclaix sont à sec. Pour moi, le Morvan est grillé comme jamais il ne l’a été » estime Pierre Bobin, agriculteur à la retraire près du Lac de Pannecière et fin connaisseur du secteur. « Cela fait trois ans que nous subissons ces aléas. En 2017, l’été a été chaud et sec ; 2018 c’est la longueur de la sécheresse qui était pénalisante car elle a duré 5 mois, et cette année c’est le manque d’eau qui nous préoccupe de plus en plus » s’inquiète Éric Boucher, éleveur à Moux-en-Morvan. Son collègue Michel Loison de Saint-Agnan d’ajouter : « En règle générale, nous avons toujours les fonds de prés qui sont humides, mais même cette année tout est grillé. C’est du jamais vu » s’est-il étonné.
« Nous sommes pris au piège »
Dans le Morvan plus qu’ailleurs, les agriculteurs sont dépendants de l’élevage et rares sont ceux qui peuvent faire des cultures pour s’en sortir. De plus, en raison du manque de fourrage, ils sont obligés de parcourir parfois plus d’une centaine de kilomètres pour aller en acheter chez d’autres collègues. « Le coût de transport a pris cette année entre 5 à 10 % et je ne parle même pas du cours du broutard qui est à ce stade à 160 euros de moins que l’an passé » s’inquiète Pierre Bobin. « Je me suis rendu récemment pour vendre des bêtes à l’abattoir de Corbigny. Pour une vache R+ de 9 ans de 512 kg, j’ai obtenu 3,60 euros, une génisse de 30 mois U – de 430 kg m’est revenue à 4 euros. Nous sommes loin des cours de 2012 où une vache était vendue entre 4,50 à 4,60 » explique-t-il. Pour lui deux priorités sont sur la table : retrouver un prix de viande qui soit plus rémunérateur et protecteur pour les trésoreries des éleveurs mais également obtenir une aide transport pour le fourrage pour les exploitants agricoles du Morvan. Une réflexion profonde s’engage pour ces derniers qui se demandent quelles solutions adopter. « La décapitalisation bovine ne peut être qu’une solution à très court terme, sauf que ce court terme devient une habitude » estime Michel Loison. La conclusion de l’échange revient à Éric Boucher qui se fait plus direct : « soit on trouve collectivement des solutions, soit nous n’aurons plus d’éleveurs bovins dans le Morvan d’ici une dizaine d’années » conclut-il.
« Nous sommes pris au piège »
Dans le Morvan plus qu’ailleurs, les agriculteurs sont dépendants de l’élevage et rares sont ceux qui peuvent faire des cultures pour s’en sortir. De plus, en raison du manque de fourrage, ils sont obligés de parcourir parfois plus d’une centaine de kilomètres pour aller en acheter chez d’autres collègues. « Le coût de transport a pris cette année entre 5 à 10 % et je ne parle même pas du cours du broutard qui est à ce stade à 160 euros de moins que l’an passé » s’inquiète Pierre Bobin. « Je me suis rendu récemment pour vendre des bêtes à l’abattoir de Corbigny. Pour une vache R+ de 9 ans de 512 kg, j’ai obtenu 3,60 euros, une génisse de 30 mois U – de 430 kg m’est revenue à 4 euros. Nous sommes loin des cours de 2012 où une vache était vendue entre 4,50 à 4,60 » explique-t-il. Pour lui deux priorités sont sur la table : retrouver un prix de viande qui soit plus rémunérateur et protecteur pour les trésoreries des éleveurs mais également obtenir une aide transport pour le fourrage pour les exploitants agricoles du Morvan. Une réflexion profonde s’engage pour ces derniers qui se demandent quelles solutions adopter. « La décapitalisation bovine ne peut être qu’une solution à très court terme, sauf que ce court terme devient une habitude » estime Michel Loison. La conclusion de l’échange revient à Éric Boucher qui se fait plus direct : « soit on trouve collectivement des solutions, soit nous n’aurons plus d’éleveurs bovins dans le Morvan d’ici une dizaine d’années » conclut-il.