Débloquer un rêve d'enfant
Comme Perrine Bourgeois(1), Émilia Gallois est très motivée pour s'installer, et ce depuis de nombreuses années.

Même si Émilia Gallois, 17 ans en Terminale CGEA au Legta du Morvan, n'est pas issue du milieu agricole. Elle a, depuis un certain temps, opté pour cette voie professionnelle. « J'aime les animaux depuis toute petite. Je ne l'explique pas vraiment mais j'aime passer du temps avec eux en extérieur et je voulais donc en faire mon métier. D'ailleurs, je fais de l'équitation depuis mes 11 ans à Luzy ».
Elle aurait pu se diriger vers l'élevage équin, mais elle n'a pas choisi cette option pour son avenir. « Je veux que cela reste un plaisir ludique sans enjeu, d'autant plus dans un contexte où les installations en équin sont encore plus complexes que les autres et requièrent encore plus d'investissements financiers que les autres. De ce fait, je voudrais, à terme, m'installer en bovins/ovins viande avec cultures pour l'autonomie alimentaire de mon cheptel ». Bien que cette idée soit déjà très précise dans son esprit, elle revient sur son parcours qui ne fut pas un long fleuve tranquille.
Orientation et soutien
Elle développe : « Avant d'entrer dans la filière agricole, j'ai eu une scolarité difficile car je me sentais enfermée dans un carcan. Mais, une fois que j'ai exprimé mon choix d'orientation, mes parents, ma tante, ma grand-mère de cœur et finalement toute ma famille a fait corps pour m'aider à y parvenir. Je n'ai jamais été isolée ce qui fut très appréciable car les démarches paraissent bien compliquées quand on est jeune et très timide comme moi… Mais, même s'ils sont inquiets face au contexte un peu incertain de la rémunération agricole ou de la pénibilité du travail, leur soutien me tire vers le haut et me donne confiance en moi ». Toujours sur le volet de la construction de son assurance, Émilia ajoute : « Grâce aux stages et aux visites, j'ai pu sortir de ma coquille car j'ai enfin trouvé ma place. D'ailleurs, depuis que je me suis lancée dans la filière agricole, j'ai eu l'opportunité de découvrir plein d'exploitations et manières de travailler différentes, ce qui m'a donné encore plus envie de me lancer dans cette profession ! Pour l'anecdote, j'ai découvert l'élevage ovin chez Guillaume Cousin (Montigny-sur-Canne) ce qui m'a vraiment plu et qui est la raison pour laquelle je souhaiterai avoir un atelier du même type dans mon système ». Ainsi, si la famille et les stages ou visites lui permettent de prendre confiance en elle, Émilia évoque également une autre manière d'aiguiser son œil d'éleveuse.
Preuve de confiance
« Pour moi, les jugements de bétail sont une superbe opportunité de travailler sa perception en matière d'animaux car on peut s'entraîner sur des animaux de haute qualité qui représentent tout le travail qu'un exploitant a réalisé tout en vérifiant si l'animal correspond aux standards raciaux – qu'il faut donc connaître et reconnaître ». Si cet engouement peut se limiter à un concept lointain, en pratique Émilia participe activement : « J'ai concouru pour les Ovinpiades et suis arrivée 30e sur 71 ; il a donc encore du travail à faire. En parallèle, je suis arrivée deuxième au jugement de bétail départemental (équin) d'Avrée chez David Sotty, ce qui m'a permis d'être suppléante pour la Salon International de l'agriculture 2025. D'ailleurs, c'est assez drôle car au départ je voulais uniquement participer au jugement départemental dédié aux bovins mais sur un coup de tête j'ai également participé au jugement équin au dernier moment ». Catherine Blin, son enseignante en zootechnie avait pu obtenir des entrées au Salon international de l’agriculture, Émilia s’y est rendue avec sa famille et a pu assister au concours de pointage équin. Elle conclut : « Je ne suis pas du milieu agricole et pourtant les exploitants m'ont ouvert leurs portes pour présenter leur travail et cela sans a priori. Je les remercie donc, et en particulier mon maître de stage, car il m'a donné la clé pour accéder à mon rêve d'enfant. Enfin, je pense que si on a vraiment envie de faire ce métier on y arrivera et ce peu importe d'où l'on vient ». Pour la suite, Émilia pense poursuivre ses études en BTSA ACS’AGRI afin de se perfectionner notamment sur le volet de la gestion d'entreprise ; elle est actuellement en recherche d’un maître d’apprentissage pour pouvoir entrer en BTSA. Émilia est également investie dans le CCJA de Moulins-Engilbert, elle a participé à l’organisation des jeux inter JA qui ont eu lieu à Saint Honoré les bains dernièrement. Rendez-vous dans quelques années pour voir si Émilia est allée au bout de son rêve…

(1) Voir notre édition n°1833 du 9 mai.