Une relève déterminée

Avec un départ en retraite sur trois qui ne sera pas remplacé (1), l'enjeu du renouvellement des générations est une réalité. Malgré tout, certains jeunes émettent déjà l'idée de reprendre les fermes familiales, à l'image de Perrine Bourgeois, 15 ans.

Actuellement élève en seconde Productions animales au Legta du Morvan (Château-Chinon), Perrine annonce sans détour : « M'installer comme éleveuse bovins/ovins est une évidence depuis que j'ai environ 8 ans. D'ailleurs, je me vois déjà en activité avec mon frère, Pierre, 12 ans, qui lui aussi voudrait s'installer ». Si cette « passion pour les animaux » est ancrée dans son cœur, elle n'est finalement pas si étonnante puisqu'elle est baignée dans cet univers depuis toute petite. En effet, ses grands-parents maternels (Jean-Bernard et Josiane Drouin à Mhère) et son père (Pierrick Bourgeois installé à Égreuil), sont exploitants agricoles. En plus de cela, Perrine a déjà des idées bien précises sur ce qu'elle voudrait mettre en place : « Grâce au Legta du Morvan, nous faisons pas mal de sorties pour visiter différents systèmes d'exploitants, et ce en plus de nos cours. En parallèle, nous avons des stages à faire, et pour ma part je le fais chez Pascal et Nathalie Meulé (Lormes). Tout cela mis bout à bout, nous avons une multitude d'informations que nous pouvons mélanger afin d'obtenir un système qui nous convient. En ce qui me concerne j'aimerais mettre en place quelques cultures en plus de l'élevage et de la médecine alternative ».

Lucidité et qualités

Même si cette idée est encore un projet, elle reste lucide sur certaines problématiques concernant les installations agricoles : « les démarches sont longues et complexes, et une installation demande des investissements notamment pour le matériel ou la reprise de bâtiments. Et, si on arrive à faire tout cela, après il faut supporter tout le reste, comme accepter de ne pas avoir forcément de salaire au début, les maladies qui peuvent nous faire perdre des animaux ou encore les aléas climatiques qui n'aident pas à être très rassurés ». De son côté sa mère, Edwige Bourgeois, explique : « c'est sa décision, et avec son père nous sommes contents car cela sera la continuité de tout ce qui a été construit jusque-là. Malgré tout, le contexte reste inquiétant pour le milieu agricole mais aussi de manière générale ». Elle développe : « Entre toutes les contraintes de plus en plus pesantes pour les exploitations, les débouchés à trouver, et un environnement sociétal qui s'enlise (je pense notamment aux déserts médicaux), l'avenir pour nos enfants ne sera clairement pas simple… D'ailleurs, je suis persuadée que sans leur engagement dans la vie et le fonctionnement de leurs villages, il sera difficile de maintenir la population dans les campagnes ». Si Edwige ne dissimule pas son inquiétude, elle détaille : « cela étant, quand je vois l'état d'esprit de Perrine et son engagement comme sapeur-pompier volontaire, depuis deux ans, je me dis que tout n'est pas perdu pour notre ruralité ». Plus en avant, Perrine se décrit sans sourciller : « J'ai un fort caractère, je suis tenace pour atteindre les objectifs que je me fixe et je suis franche – parfois un peu trop directe. Même si j'aime la compétition, j'apprécie aussi le travail en équipe et l'entraide. Finalement, mes trois passions que sont le foot (club de Corbigny), les sapeurs-pompiers et l'agriculture, requièrent des qualités communes : réactivité, créativité, adaptabilité, combativité, ferveur… ». Perrine conclut : « On verra bien ce que l'avenir me réserve, mais cela me plairait bien si tout s'imbrique comme je l'ai prévu dans ma tête ». Avant que toutes les pièces du puzzle soient en place pour son installation (car oui Perrine est, en plus de tout cela, passionnée de puzzles), il faudra qu'elle grandisse encore un peu « sans oublier de profiter de sa jeunesse » conclut Edwige.