Accès au contenu
Assurances

Un avenir à cultiver en dépit du climat

Groupama Grand Est a tiré le bilan de son année 2024. Même si le changement climatique va impacter de plus en plus tous les assureurs, l'entreprise développe son programme « Univers 2027 ». L’exercice 2024 s’est avéré « plutôt correct », dans un contexte économique et géopolitique pesant. Détails.

Par Jean-Luc Masson
Un avenir à cultiver en dépit du climat
DR
Le conseil d’administration de Groupama Grand Est, réuni à l’occasion de l’assemblée générale du 13 mai, à Strasbourg.

Si l’exercice 2024 a été moins impacté par les événements climatiques que les deux précédents, pour Groupama Grand Est (GGE, qui regroupe 12 départements : Côte-d'Or, Meuse, Moselle, Haute-Marne, Jura, Doubs, Territoire de Belfort, Haute-Saône, Meurthe-et-Moselle, Haut-Rhin, Bas-Rhin, Vosges), il n’en demeure pas moins le troisième sur le « podium » de la décennie. Et son chiffrage financier a doublé depuis 2015, pour atteindre environ 50 M€. Les inondations en Alsace Bossue ont représenté un dixième de ces sinistres.

Millésime « correct »

Au lendemain de la tenue de l’assemblée générale, le 13 mai, à Strasbourg, François Schmitt, le président de l’assureur vert régional, qualifiait le millésime écoulé de « plutôt correct » en présentant les chiffres-clés de l’entreprise à la presse. Il était accompagné du directeur général, Benoît Douxami, lequel confirme sa préoccupation face à la progression des sinistres liés à la montée en puissance des tempêtes, de la grêle et du « retrait-gonflement des argiles » occasionnant de gros dégâts sécheresse sur les maisons. Trois millions d’habitations seraient concernées sur le territoire national. Le Grand Est se trouve très concerné par cette problématique, compte tenu d’une météo alternant chaleur et humidité. Le coût moyen des travaux par bâtiment s’élève à 15 000 €. France Assureurs évalue à un triplement, à l’horizon 2050, des indemnisations à prévoir, à l’échelle de l’Hexagone, au titre du changement climatique. Autre évolution majeure : le retour de l’inflation qui a fortement impacté le coût des sinistres. Les tarifs des pièces automobiles, de la peinture, des tuiles, des prestations des artisans, notamment, ont considérablement augmenté. Le ralentissement de l’économie réduit d’autant la base assurable et l’instabilité géopolitique mondiale interfère sur les marchés financiers, où sont présents les assureurs. Une nouvelle dégradation de la note de la France par les agences spécialisées est également redoutée.

90 centimes de marge sur 100 euros de cotisations

L’exercice écoulé se solde par un chiffre d’affaires Incendie, accidents et risques divers (IARD) de 754,70 M€ (+ 36,60 M€), tandis que l’activité assurance vie progressait de 22,30 M€, à 139,70 M€. Parallèlement, les sinistres à indemniser se sont élevés à 442,80 M€. Le rapport sinistres-cotisations s’est établi à 66,7 %, le résultat net social ressortant à 21,90 M€. François Schmitt savoure cette « croissance importante de l’activité (+ 5,1 %) ». Certes, les cotisations ont été revues à la hausse (de l’ordre de + 6 %), « mais nous avons su aussi convaincre des clients, pour compenser les départs ». 864 sociétaires supplémentaires ont intégré une caisse locale, pour la première fois. Le ratio combiné s’affiche à 99,1 %. Comprenez que sur 100 € de cotisations, la marge de GGE n’est que de 90 centimes. « Nous visons 1 €, ajoute le président, c’est l’épaisseur du trait ». La philosophie reste de ne pas perdre d’argent sur le métier d’assureur, sans en gagner trop. La gestion de l’entreprise s’accomplit sur la base des placements financiers. Sur sa zone de chalandise, GGE assure deux collectivités locales sur trois. « Notre ambition est de rester l’acteur de référence », assure François Schmitt, indiquant qu’il s’agit « plutôt des petites collectivités ». Des résiliations ont été toutefois réalisées « à titre conservatoire en 2023 et 2024 » à la suite des évènements climatiques intervenus. Les pouvoirs publics sont appelés à la rescousse et la loi devrait changer. « Notre objectif est que les assurés se situent dans une sinistralité maîtrisée, avec les tarifs les meilleurs ».

Rester acteur économique du territoire

Pour l’avenir, des projets d’investissement sont traduits dans le programme « Univers 2027 ». Objectif : passer de 394 000 sociétaires actuellement à 400 000, en menant de front trois lignes directrices en matière de capital humain, de qualité de services et de performance-développement. « Nous misons beaucoup sur les recrutements », argumente Benoît Douxami. 231 embauches en CDI et 68 en alternance sont intervenues en 2024, pour un effectif global de 1 660 collaborateurs. 7,45 % du budget ont été consacrés à la formation. Le directeur général ambitionne « être l’employeur le plus attractif du territoire en 2027 ». L’entreprise a d’ailleurs obtenu la certification « Top Employer 2025 », une reconnaissance internationale décernée à 2 400 sociétés dans 125 pays. Autre trophée mis en exergue, le label Engagé Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), niveau confirmé 3 sur 4, par l’Association française de la normalisation (Afnor). « Devenir l’assureur préféré du territoire », la deuxième ambition d’Univers 2027, passe par l’accompagnement client. La stratégie de travailler en proximité, décidée en 2014, perdure. La création du réseau « élus renforts » chemine, l’objectif étant de « réagir vite, dans les 24 heures auprès des sinistrés ». 5 400 bénévoles ont déjà été formés sur l’ensemble des douze départements de la zone de chalandise de Groupama Grand Est. « Notre promesse est d’être là quand ça va mal » argumente François Schmitt. Troisième et dernier axe à l’horizon 2027, « rester durablement un acteur économique du territoire ». Cela passe par la poursuite de l’implantation de proximité, d’y développer de l’emploi et d’y générer plus de ressources. François Schmitt se dit serein, à la lecture du taux de satisfaction des clients en progression (39 % actuellement très satisfaits). Dans le viseur des dirigeants : « la pérennité du modèle économique mutualiste à dix ans ».

11 balades solidaires

Engagée dans des partenariats durables, la Fondation Groupama renouvelle ses balades solidaires, au profit de diverses associations locales. Il s’agit de sensibiliser aux maladies rares et de financer des projets pour les malades et leur famille. Les élus et les bénévoles du réseau se mobilisent chaque année. 11 balades sont prévues sur le périmètre de Grand Est. En Côte-d'Or, elle aura lieu le 15 juin à Bèze.