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Assemblée générale des JA

Subir encore et toujours ?

Les JA 58 tenaient leur assemblée générale, le 11 avril, avec une table ronde prévue sur la prédation avec la question « Quel avenir pour nos élevages face à la présence du loup ? ».

Par Chloé Monget
Subir encore et toujours ?
La table ronde de l'assemblée générale des JA 58, le 11 avril à Saint-Saulge, était axée sur la prédation.

L'assemblée générale des JA 58 s'est ouverte, le 11 avril à Saint-Saulge, sur la présentation du rapport d'activité. Simon Gauche, président des JA 58, résume : « 2024 a été riche, avec toujours l'engagement de tous les élus JA des membres pour avancer et faire vivre notre territoire. À tous, un grand merci ! ». Ensuite, l'analyse des comptes a mis en évidence un déficit annoncé d'environ 8 000 euros. Simon Gauche explique : « comme tout le monde, nous subissons des augmentations de fonctionnement ».

Sans transition, Simon Gauche laissa la place à Clément Blandin, vice-président JA 58 Élevage en charge de la prédation, afin d'animer la table ronde axée sur la prédation avec l'interrogation : « Quel avenir pour nos élevages face à la présence du loup ? ». Après un tour de table pour présenter les cinq intervenants, les réactions explosent dans la salle : « la cohabitation n'est pas possible dans notre département ! », « nous ne faisons que subir car les moyens proposés sont inefficaces », « nous n'avons pas jusqu'au mois de septembre pour trouver des solutions. Nous sommes en train de lâcher les animaux à l'herbe… ça va être un carnage si rien n'est fait ! » ou encore : « vous nous parlez de réglementation, mais il y a des gars qui se passent la corde au cou pour ces conneries. Le loup fait des ravages dans la faune sauvage, dans les exploitations, dans les familles… il faut que cela cesse ».

Faire son possible

Pour tenter de répondre au désespoir des éleveurs réunis, Enguerrand Robas, sous-préfet de Clamecy et référent prédation la Préfecture, explique que la question du loup est régie par une superposition de textes de lois en assurant : « nous faisons notre possible pour vous écouter, vous soutenir et pour faire remonter vos problématiques au ministère ». Sur l'enjeu de la réglementation, Loïc Scalabrino, secrétaire général adjoint des JA national en charge de la prédation, stipule qu'un travail est mené au national : « les méthodes de comptages de la population lupine doivent être revues, nous devons aussi œuvrer sur la question des attaques sur bovin et faire baisser le niveau de vulnérabilité des exploitations ». Pour rebondir sur la défense, les tirs de défense simples et l'implication des louvetiers furent abordés avec la prise de parole de Jean-Luc Goby, président des lieutenants de louveterie de la Nièvre, qui martèle : « nous sommes assujettis à la réglementation ». Il expliqua qu'au cours des derniers mois : « j'ai eu un loup dans le viseur deux fois, mais, pour la première, je n'ai pas pu tirer car les conditions n'étaient pas réunies pour le faire en sécurité, et, pour la seconde, j'ai manqué une opportunité ». Il insiste : « Je suis chasseur depuis plus de 30 ans, et chasser le loup ce n'est pas comme chasser le sanglier ou le renard. Nous sommes face à un animal qui analyse tout ». Pour les prélèvements, Julien Juban, fauconnier et comportementaliste du loup, stipule : « les tirs de prélèvement n'empêchent pas les attaques sur domestiques. Mon expérience m'a aussi prouvé que les moyens de protection sont efficaces à 80 %, ce qui n'est pas négligeable ». Enfin, la salle regretta le temps entre la relève d'indices par les agents de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) dans la Nièvre et l'obtention des résultats. Alban Petibout, chef de service de l'OFB dans la Nièvre, explique : « Nous transmettons les éléments aux bureaux régionaux, ensuite nous ne pouvons qu'attendre les retours. Entre les deux, nous nous efforçons d'être les plus réactifs possibles lors des constats ».

Conséquences à long terme

Au vu du nombre d'attaques dont la responsabilité lupine n'a pas été écartée, une estimation de la population de loups dans la Nièvre fut demandée. Alban Petibout pointe : « il y a au moins un loup dans la Nièvre ». et Julien Juban complète : « À mon sens, il n'y a en a pas qu'un. Mais il faudrait des années pour déterminer exactement la population lupine d'un département ». Après ces échanges, la Préfète de la Nièvre, Fabienne Decottignies, rejoint l'assemblée générale : « votre travail est notre priorité car vous êtes l'avenir de l'élevage. Tous les services de l'État font leur maximum pour vous aider et accélérer les procédures. En parallèle, la venue de la Brigade mobile d'intervention de louveterie courant avril nous a permis d'établir la physionomie de notre département et de présenter sa réalité ». Clément Blandin conclut : « les éleveurs ne pourront pas supporter psychologiquement ni économiquement des pertes répétées. Ils finiront par arrêter. Pour rappel, l'élevage est central ici, et s'il tombe, ça va faire mal. Cela étant dit, nous remercions le courage et la décence de tous les intervenants, ainsi que Madame la préfète de la Nièvre, d'être venus discuter avec les éleveurs aujourd'hui. Dommage que certains politiques ne soient pas là, car ils ont le pouvoir de changer les lois ». Malgré tout, les moyens de protection, les procédures d'indemnisation, la réglementation en matière de tirs de défense restent les mêmes qu'avant la réunion du 11 avril, au grand désespoir de certains éleveurs : « rien ne change et nous allons encore devoir subir… ». L'assemblée générale des JA 58 se clôtura sur un pot convivial partagé entre tous.