Sans grêle, ça devrait le faire
Le Gaec Carementrant cultive de la moutarde depuis 2022 près d'Arnay-le-Duc. Ses 8 hectares sont prometteurs et désormais, seuls des grêlons pourraient remettre en cause cette bonne impression.

Il n'y a pas qu'autour de Genlis, que l'on trouve de la moutarde ! Il y en a aussi d'autres cantons, notamment celui d'Arnay-le-Duc. « C'est la troisième année consécutive que nous en avons. À ma connaissance, trois exploitations en ont, ou en ont eu, du côté de Pouilly. Mais c'est vrai : il y en a peu, voire pas du tout, dans notre secteur », indique Vincent Carementrant. Ce jeune exploitant de Longecourt-lès-Culêtre avait fait un premier essai sur deux hectares durant la campagne 2022-2023 : « les prix étaient devenus très attractifs à 2000 euros/t, bon nombre d'agriculteurs avaient tenté l'aventure. Une autre motivation venait des insectes : nous en avions beaucoup sur les colzas, il y avait peut-être une carte à jouer avec la moutarde qui, elle, est semée plus tard, début octobre. Finalement, ça n'avait pas marché sur ce point, il y avait eu pas mal d'attaques… Le résultat avait été très moyen avec 6 q/ha, mais le prix de vente a tout de même permis une marge intéressante ».
On remet ça
Vincent Carementrant et son frère Florian ont persévéré l'année suivante : « de deux hectares de production, nous sommes passés à quatre. Bon là, rien n'a été récolé car la culture a gelé… Nous n'avons pas resemé. Cela aurait été possible mais les résultats en moutarde sont encore plus aléatoires et, au mieux, très moyens si l'on sème au printemps. Durant mes études, j'étais en stage chez Dominique Maurage à Sainte-Sabine qui en faisait depuis longtemps : le gel était bel et bien un risque à prendre en compte. L'année dernière, j'avais finalement semé de l'avoine à la place de cette moutarde gelée ». Ne souhaitant pas rester sur un échec, Vincent Carementrant a « remis ça » l'automne dernier avec, cette fois, huit hectares de cultures : « je double les surfaces à chaque fois, c'est vrai, mais dans tous les cas, il n'y en aura pas 16 l'an prochain ! Les terres concernées, limoneuses de préférence, ne doivent pas avoir reçu de colza depuis un certain nombre d'années, cela limite les possibilités ». Hormis une levée poussive et une certaine pression d'insectes, tout s'est plutôt bien passé et la culture est pour l'instant « incomparable à celle des deux précédentes campagnes » : « elle est plutôt belle effectivement, mais je n'ai pas assez de recul pour en connaître le potentiel. Nous avons eu un peu de gel de boutons floraux mais la plante a bien compensé, comme le colza. Tant que les graines ne sont pas dans la benne, rien n'est fait, la grêle peut effectivement passer par là, nous verrons bien ». Vincent Carementrant souligne certaines exigences de la culture : « les interventions sont nombreuses. J'ai fait quatre insecticides et encore, je suis dans la fourchette basse. Il y a aussi deux apports d'azote pour 120 unités dans mon cas, trois désherbages, un fongicide ainsi qu'un anti-limace ».