« Reprendre le contrôle sur ce qui m'arrive »
Ce jeudi 22 mai, la FDSEA de l'Yonne a tenu son assemblée générale sur le thème de positiver sa vision du monde et de soi pour entreprendre.

« Après le temps de la déception, revient le temps de la perspective entrepreneuriale, ça peut paraître antinomique ce que je peux vous dire, mais le combat syndical ne doit pas faire oublier que nous sommes d'abord des entrepreneurs », déclare Sébastien Neveux, troisième vice-président de la FDSEA de l'Yonne, en débutant l'après-midi dédiée à la vision du monde et de soi pour entreprendre. Accompagné par Christophe Bondoux, membre du bureau de la FDSEA, il lance l'assemblée générale de la FDSEA, dans la salle des fêtes des Joinchères à Venoy, en invitant sur l'estrade, Eddy Fougier, expert en sociologie politique. « Il est évident que les agriculteurs, en tant qu'entrepreneurs et en tant que citoyens baignent dans un bain de négativité. Quand on parle d'agriculture dans ce qu'on peut qualifier d'espace public, les médias nationaux, les réseaux sociaux, le débat politique, cela donne une connotation négative de l'agriculture. Et ça vaut aussi pour une partie du monde agricole. En 2024, les agriculteurs avaient un discours critique. La difficulté c'est que cela a un impact sur la perception que les agriculteurs ont de leur propre métier », débute-t-il. « À titre individuel, il faut se reprogrammer, bien évidemment cela demande un travail sur soi », conclut-il.
« Chaque jour est un combat »
Eddy Fougier laisse sa place à Catherine Faivre-Pierret, présidente de la commission des agricultrices et vice-présidente de la FNSEA. « J'ai eu un cancer du poumon et par la suite une ablation d'un poumon. J'ai donc eu la chance d'avoir une deuxième vie. Mais je me suis dit qu'il fallait en tirer une conclusion. Si je peux aider les personnes qui sont dans la souffrance, ce sera mon défi. En étant présidente de la commission des agricultrices, j'ai vu des agricultrices, vraiment mal à certains moments, et je me suis dit que si je pouvais leur redonner le sourire, et leur donner de la place dans ce milieu d'hommes, parce que ce dont, nous, les femmes, avons peur, c'est d'oser. Je me suis donc dit, qu'il fallait que l'on fasse le nécessaire », affirme-t-elle avec poigne. Agir et réagir en fonction de son vécu personnel, c'est ce pour quoi Jean-Luc Marx, agriculteur et formateur pour la session « Bien dans ses bottes », milite. « Reprenez le lead sur ce que vous faites de votre vie, et vous verrez qu'elle sera beaucoup plus agréable après », déclare-t-il. Formateur depuis près de dix ans, il intervient auprès des agriculteurs pour leur permettre de régler les problématiques qui les empêchent d'avancer sereinement. « Nous utilisons une méthode particulière, la PNL, la programmation neurolinguistique. Dès que vous vous lancez dans cette formation, vous mettez en place des changements concrets », ajoute-t-il avant de laisser la parole à l'un de ses anciens stagiaires, Nicolas Poinsot. « Ma vision des choses a changé, c'est l'émotion que j'ai réussi à sortir. C'est un travail de fond, sur soi », témoigne-t-il. Avant de terminer l'AG, c'est au tour d'Arnaud Delestre, président de la Chambre d'agriculture de s'exprimer. « Je pense qu'on a cassé pas mal de préjugés, en espérant que l'intervention de Jean-Luc Marx et de Nicolas Poinsot aura fait son chemin, parce que prendre suffisamment de recul pour être bien dans ses bottes, dans sa vie familiale et de son entreprise, c'est primordial », déclare-t-il, avant de laisser la parole à Charles Baracco, président des Jeunes agriculteurs. « Concernant l'élevage, j'ai beau positiver, la réintroduction du loup est une catastrophe, autant sur le plan économique que moral. Il y a encore eu des attaques hier. Et les attaques sur bovins ne font que croître. Le loup n'est donc pas adapté, comment faut-il le dire pour être compris ? », affirme-t-il. Alerte, le président des JA, laisse le pupitre à Damien Brayotel, président de la FDSEA qui conclura cette après-midi. « Depuis quelques années, notre profession est durement impactée par le changement climatique, à cela se sont ajoutées l'instabilité politique et la recrudescence des problèmes sanitaires en élevage. Dans ce contexte, le risque serait de laisser la place au déni ou au découragement. Choisissons plutôt la prise de recul, la remise en question, adoptons une réelle posture de chef d'entreprise. Soyons positifs et combatifs », conclut-il, avant de partir manifester.