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Élevage

Quel est l’état sanitaire du département ?

La FDSEA et les JA ont organisé le mercredi 4 mars à Rouy une soirée sanitaire en partenariat avec la Chambre d’agriculture et le GDS.
Par Théophile Mercier
Quel est l’état sanitaire  du département ?
À la tribune de gauche à droite : Emmanuel Bernard, Stéphane Aurousseau, Yves Jehanno, Amélie Brisson.
Les éleveurs du département ont une nouvelle fois répondu présent pour cette réunion sanitaire organisée par la FDSEA et les JA en partenariat avec le GDS et la Chambre d’agriculture. Mise en place l’année dernière à la suite de l’épidémie de FCO, les deux syndicats ont souhaité pérenniser ce rendez-vous.

La soirée a débuté par l’intervention d’Amélie Brisson, cheffe du pôle élevage et de l’EDE à la Chambre d’agriculture. Cette dernière est revenue sur l’évolution du cheptel nivernais depuis 2016. Le premier constat de son intervention fait état d’une décapitalisation importante au niveau national : 244 000 vaches allaitantes de moins en trois ans.

Le phénomène touche particulièrement la région Grand Est et le Bassin Charolais. La Nièvre n’est pas épargnée non plus avec un volume de vêlages qui est passé de 144 274 en 2009 à 129 073 en 2019, soit en dix ans 15 000 vêlages de moins. Cartes à l’appui Amélie Brisson a précisé les zones du département les plus touchées : «Nous voyons clairement la Sologne Bourbonnaise et la Puisaye décrocher le plus. Ces deux secteurs ont perdu 19 et 14 % du volume de vêlages. Suivent ensuite la Bourgogne Nivernaise, le Morvan et en dernière position le Nivernais Central. Cette décapitalisation s’accompagne aussi d’une diminution du nombre d’élevages allaitants : moins 546 en dix ans soit 25 % de moins sur l’ensemble du département. Une nouvelle fois le secteur de la Puisaye est le plus impacté avec 36 % de perte, suivi du Morvan avec 13 % et la Sologne Bourbonnaise, moins 12 %» expose en détaille la conseillère. Cette dernière note toutefois une stabilité depuis quatre ans dans l’évolution de la taille des élevages allaitants. Il y avait eu une forte progression de 2012 à 2015 passant de 66,8 à 77,1 vêlages. Or depuis 2016, ce chiffre plafonne à 79,6 vêlages par élevages.

Plusieurs explications sont avancées
Un optimum de chargement des exploitations a sans doute été  atteint, ce qui pourrait expliquer cette stabilisation.
D’autres facteurs viennent apporter un début de réponse à cette décapitalisation bovine. À commencer par les politiques publiques qui ont instauré des Aide Bovins Allaitants pour la PAC 2015-2019. Cette disposition prévoyait notamment une dégressivité des montants à partir de la 140ème vache. L’autre facteur est sans doute la démographie agricole.

En France, la classe des 50-60 ans concentre 55 % des chefs d’exploitations et 49 % du cheptel de vaches allaitantes (d’après les données d’Agreste en 2017). Dans cette même année dans la Nièvre, 790 agriculteurs ayant une activité d’élevage (bovins, ovins, caprins) avaient entre 50 et 60 ans (soit 710 exploitations). Ces agriculteurs se situaient au nord-ouest et au sud-ouest du département. Même si 84 % des installés en 2019 sont d’origines agricoles, ces installations ne compensent pas les départs en retraite. Enfin dernier élément d’explication : les conditions climatiques. Les pluies abondantes de 2016 et les deux sécheresses de 2018 et 2019 sont des aléas qui ont eu des conséquences sur la reproduction.

Quelle est la situation sanitaire ?
La soirée s’est poursuivie par l’intervention du GDS d’abord par l’intermédiaire de Valérie Salomé, qui a fait un point sur la campagne de vaccination de la prophylaxie BVD. «Le dépistage des veaux à la naissance et l’assainissement des cheptels infectés sont désormais obligatoires. Par ailleurs, les IPI ne peuvent être commercialisés en dehors de l’abattoir. Nous avons eu la confirmation, le 17 février par arrêté, que les restrictions aux mouvements dans les cheptels infectés ou suspects sont abrogées» a expliqué en introduction Valérie Salomé. Depuis la mise en place de la campagne de vaccination de la BVD, le 1er juillet dernier 6 170 veaux ont été analysés dans 93 cheptels. Sur cette cohorte, 6 152 animaux ont été déclarés négatifs, c’est à dire non IPI, ce qui est encourageant pour le GDS. «Les clefs de réussite de cette prophylaxie c’est avant tout d’avoir de la rigueur dans le dépistage et d’éliminer rapidement les IPI pour éviter la contamination chez les cheptels voisins. Enfin, il faut absolument contrôler vos introductions. Ce n’est pas parce que votre cheptel est sain que les animaux que vous achetez le sont. La BVD est aussi une maladie qui s’achète» a exposé Valérie Salomé.

«Il faut être vigilant sur le varron»
Rodolphe Morizot, directeur du GDS a ensuite pris la parole pour attirer l’attention des éleveurs. «Je profite de cette tribune pour appeler à la vigilance face aux cas de varron recensés dans le département. Nous pensions que cette maladie avait totalement disparu, or lors de contrôles de surveillance, nous avons détecté un cheptel avec cinq bovins séropositifs. Nous avons testé les voisins et nous avons trouvé six cheptels présentant un à vingt-deux séropositifs à ce jour».
Après investigations, enquêtes et contrôles des sérums au laboratoire de référence, l’alerte est passé du stade «élevé» à «faible». Une information aux vétérinaires et une demande aux cheptels «présumés foyers» et à leurs voisins de prés a été effectuée. (un courrier leur parviendra sous peu). Le directeur du GDS a insisté sur la nécessité d’assainir au plus vite les cheptels en IBR. À ce jour, 93 % des élevages sont négatifs, mais c’est un vaccin qui coûte cher et Rodolphe Morizot aimerait pouvoir aider les éleveurs davantages sur des prophylaxies comme la BVD.