Le travail de l'ombre
Depuis quelques mois, une cellule d'urgence FCO a été créée dans la Nièvre. Retour sur le travail effectué depuis.

« Lors d'une session de Chambre en fin d'année 2024, j'ai émis le souhait auprès des Pouvoirs publics présents d'avoir un sous-préfet référent sur la question des maladies vectorielles au vu de la situation dans les élevages nivernais » rappelle Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58. « Après cette demande, Madame la Préfète a souhaité reprendre elle-même le dossier. Je pense que les éléments mis en avant pour dépeindre le contexte ont bien montré qu'il y avait un besoin urgent d'accompagnement. Cela passait donc forcément par une cohésion des services politiques et ceux de l'État afin de débloquer une situation qui semblait dans l'impasse ». Pour rappel, la Nièvre est un des rares départements ou deux sérotypes circulent en même temps.
Vision d'ensemble
« Dans notre département, le taux de mortalité est presque le double de la moyenne nationale pour la campagne », poursuit Emmanuel Bernard. « Les chiffres ne mentent jamais et ils sont la clé de cette prise de conscience collective qui rassemble aujourd'hui au sein de la cellule d'urgence dédiée à la FCO : la préfecture, la Direction départementale des territoires (DDT), la Direction générale des finances publiques (DGFiP), l’Ordre national des vétérinaires, le Conseil régional, le Conseil départemental, la Chambre d'agriculture de la Nièvre (CA 58), la MSA, les JA et les syndicats (FDSEA, CR et CP) ». Plus en détail, il dépeint ce que fait cette cellule. « Ces réunions permettent d'avoir une vision d'ensemble du département, tout en mettant en avant des situations particulières qui requièrent une attention spécifique car les conséquences des sérotypes sont dramatiques chez certains. La préfecture transmet d'ailleurs tous les éléments au niveau national afin que l'État puisse avoir un suivi précis de ce qui se passe dans notre département. Pour le moment, les actions se concentrent sur les élevages, avec notamment des fonds débloqués pour venir en soutien à ceux qui sont le plus durement touchés. Mais le combat ne s'arrête pas là et la question de la prise en compte de 2025 dans ces aides financières est en train d'être travaillée. Dans un second temps, la cellule d'urgence s'attachera aux conséquences pour la filière, car qui dit moins de bovins, dit forcément des activités en baissent pour les abattoirs, entre autres. Là encore, nous devrons faire corps pour épauler ceux en détresse ».
Des leviers à travailler
Parmi les autres sujets abordés lors des réunions de cette cellule d'urgence, Emmanuel Bernard pointe la question de la disponibilité des vaccins. « Il y a clairement eu des dysfonctionnements, que nous avons d'ailleurs exposés à la préfète. À mon sens, il y a eu une défaillance sanitaire et il faut entendre la morale de tout cela : soit on vaccine et on protège – même s'il peut toujours y avoir des accidents – et dans ce cas-là l'État sera aux côtés des éleveurs ayant fait cet effort (un de plus j'en conviens). Soit, les professionnels font le choix de ne pas vacciner, et là ils seront seuls. Pour moi, il faut avoir la possibilité de vacciner sans cas concret mais bien en prévention. Il est aussi important qu'une banque d'antigènes européenne soit créée et opérationnelle rapidement pour tous les sérotypes ayant des vaccins, afin de ne plus dépendre du bon vouloir de laboratoires annexes, et pour avoir une réactivité effective en cas de souci. D'ailleurs, pour anticiper un peu, et d'un commun accord entre l'État et les services professionnels il est envisagé de faire faire une enquête par les jeunes des Legta sur la question des conséquences de la FCO et surtout pour mettre en exergue les leviers pour s'adapter. Car soyons clairs, nous n'avons d'autres choix que de vivre avec les maladies vectorielles. Enfin, j'insiste sur le fait que cette cellule d'urgence réunie tout le monde, notre écoute est au service des exploitants donc qu'ils ne s'isolent pas. Qu'ils parlent de leur difficulté, car plus nous aurons de retours de terrain, plus les moyens mis en place pourront être ajustés ». Il conclut : « le travail est loin d'être fini, mais il est nécessaire de reconnaître celui qui a déjà été fait jusque-là. Cette cellule d'urgence n'est pas connue de tous, mais cela ne veut pas dire qu'elle n'œuvre pas pour l'ensemble des éleveurs ». Le prochain rendez-vous de la cellule aura lieu fin mai - début juin selon toute vraisemblance.