Patience, ça va repartir
La coopérative de déshydratation de Baigneux-les-Juifs invite ses adhérents à prendre leur mal en patience devant les marchés saturés.

Une récolte record, c'est bien, mais un revers de médaille est parfois possible. Autour de Baigneux, en luzerne, la campagne 2024 a été exceptionnelle avec des volumes avoisinant les 10tMS/ha. « Le problème, c'est que des tonnages importants ont été enregistrés un peu partout en France… Les stocks étaient considérables et les marchés se sont retrouvés saturés. Le contexte est toujours aussi tendu, pour l'instant, en 2025 », retrace Pascal Guérin, président de la Déshy'21. L'agriculteur de Billy-lès-Chanceaux a tenu à rassurer les adhérents de la coopérative lors de l'assemblée de la Déshy'21 : « la situation va se décanter, on l'espère le plus rapidement possible. Cette année en France, les surfaces en luzerne ont baissé de 30 %, cela va forcément jouer sur les stocks… Dans d'autres régions, il est plus facile de faire autre chose comme de la pomme de terre ou du soja, mais pas chez nous. De notre côté, les surfaces sont restées les mêmes, y compris le nombre de producteurs : c'est tant mieux, et il faut que cela continue ». La Déshy'21 souhaite maintenir ses 1 200 ha de production l'an prochain : « nous en avons besoin pour écraser les charges de l'usine… En attendant, nous faisons de notre mieux : 40 euros/t ont été payés aux agriculteurs bios l'an passé. Pour les conventionnels, c'était 30 euros/t. Ce n'est pas suffisant mais c'est toujours plus que d'autres collègues déshydrateurs ».
Cap sur la qualité
En guise de stratégie, la Déshy'21 opte pour une qualité encore plus importante que d'ordinaire, comme l'explique Pascal Guérin : « nous sommes effectivement plus exigeants sur ce point en 2025, car les marchés nous l'exigent… Nous avons fait l'impasse sur la première coupe pour une centaine d'hectares qui ne se présentaient pas très bien, nous privilégierons la seconde coupe pour les parcelles concernées. Dans un contexte de stocks très importants, il n'est pas opportun de récolter de trop faibles taux de protéines. Quand le marché tire, il n'y a pas de problème, tout peut partir, mais pas là… ». La coopérative vend 3 000 tonnes de luzerne chaque année à des marchands d'aliments par le biais de contractualisations. Pour le reste, il faut aller chercher des marchés supplémentaires, ce qui anime le quotidien des dirigeants de l'usine depuis des mois. Nicolas Porcherot, vice-président, invite lui aussi à un peu de patience : « Nous sommes effectivement dans l'attente d'une reprise de la consommation de luzerne. Il faut être patient, nous n'avons pas le choix. Faut-il le rappeler : cette plante vertueuse a énormément d'atouts, elle est d'autant plus intéressante que l'élevage est actuellement porteur. Rien n'est toutefois évident : certains préfèrent utiliser de l'orge fourragère dans leurs rations car celle-ci ne vaut pas grand-chose en ce moment… Espérons que la consommation reparte très vite pour que tout rentre dans l'ordre ! ». L'avancée des récoltes a été abordée lors de cette assemblée : la première coupe réalisée courant mai s'est soldée sur un rendement de 3,5 tMS/ha. « La seconde a commencé début juin autour de Châtillon. Je pense que nous finirons l'année entre 7 et 8tMS/ha, avec une belle qualité », commente le président.