Alimentation
Osez la simplification de la ration des laitières
Contrairement aux idées reçues, la simplification de la ration des vaches laitières améliore l’ingestion, la production laitière, et ne dégrade pas la reproduction ni la santé.
Dans un troupeau à niveau de production élevé, il est possible de simplifier la ration des vaches laitières tout en maintenant les performances de production et zootechniques. C’est ce que montre une étude conduite sur trois ans à la ferme expérimentale des Trinottière (49) présentée aux biennales des stations expérimentales laitières du grand Ouest le 2 février dernier. «Les recommandations pour le rationnement des vaches laitières sont de plus en plus nombreuses. Mais l’impact de différentes stratégies n’est pas toujours étudié sur d’autres critères que les performances de production laitière. Nous avons étudié les différences en termes de production, de reproduction et de santé de deux lots de vaches, l’un recevant une ration dite «simple», et l’autre une ration dite «complexe»»expliquent les auteurs de l’étude (1). Les résultats peuvent surprendre au regard des recommandations habituelles : les essais de simplification de la ration ont été accompagnés d’une augmentation de production, d’une amélioration de la qualité du lait, d’une légère amélioration des résultats de reproduction et d’une diminution des troubles de santé.
Davantage d’ingestion et de lait brut en ration simplifiée
63 vaches laitières ayant une productivité de 9 500 kilos de lait par vache et par an ont été réparties en deux lots. L’un a reçu une ration dite «simple», à cinq ingrédients, et le deuxième une ration dite «complexe», composée de dix ingrédients. La ration simple était composée de 71,7 % d’ensilage de maïs, 2 % de paille, 25,7 % de tourteau de colza, du carbonate de calcium et du sel. La ration dite complexe était composée de 10 ingrédients avec 63,3 % d’ensilage de maïs, 8,7 % d’enrubannage de luzerne, 7,8 % de blé, 7 % de tourteau de colza et 7 % de tourteau de soja, 4,4 % de paille, de la carburée, un complément minéral vitaminé, du carbonate de calcium et du sel. Les deux rations sont iso-énergétiques (0,90 UFL/kg MS et 90 g de PDIE/UFL). Elles ont été distribuées en ration complète, une fois par jour et à volonté. Aucune différence significative n’a été observée sur le poids vif ni sur la note d’état corporel entre les deux lots.
Des performances de reproduction proches
L’ingestion des vaches recevant une ration simplifiée a été supérieure à celle du lot recevant une ration complexe, entraînant une production laitière brute supérieure : +1,3 kg de lait par vache laitière et par jour. La moindre ingestion du lot recevant une ration complexe a aussi pour conséquence un taux protéique plus bas, mais aucun effet n’a été observé sur le taux butyreux.
Les performances de reproduction ont été faibles pour les deux lots. Les rations expérimentales n’ont pas engendré de différences significatives sur les délais de mise à la reproduction et la réussite en première IA. Le taux de réussite cumulé IA 1 et 2 est plus élevé pour le lot recevant une ration simple. Les deux rations ont entraîné une reprise de cyclicité dans les 50 jours après vêlage pour 93 et 94 % des vaches. L’étude n’a pas montré d’effets de la simplification de la ration sur la reprise de cyclicité après vêlage.
Plus de mammites et de métrites ont été observées dans le lot recevant une ration complexe. Il y a ainsi eu près de trois fois plus de mammites dans le lot recevant une ration complexe. Les taux cellulaires n’ont pas été affectés par le type de ration, il est donc difficile de lui relier ce résultat. Les auteurs sont très prudents sur ce sujet.
En complément des observations des performances des animaux et de leur santé, des simulations économiques ont été effectuées sur la base de 500 000 litres de lait livrés en 240 jours. Les résultats économiques sont inférieurs de 11 euros pour 1 000 litres en ration complexe par rapport à la ration simple. La simplification de la ration peut permettre un meilleur résultat économique et faire gagner du temps à l’éleveur.
(1) B. Rouille, M. Prezelin, D. Roine, B. Vaillant, A. Chanvallon, P. Roussel, J. Jurquet, T. Brun et J.-M. Lamy.
Davantage d’ingestion et de lait brut en ration simplifiée
63 vaches laitières ayant une productivité de 9 500 kilos de lait par vache et par an ont été réparties en deux lots. L’un a reçu une ration dite «simple», à cinq ingrédients, et le deuxième une ration dite «complexe», composée de dix ingrédients. La ration simple était composée de 71,7 % d’ensilage de maïs, 2 % de paille, 25,7 % de tourteau de colza, du carbonate de calcium et du sel. La ration dite complexe était composée de 10 ingrédients avec 63,3 % d’ensilage de maïs, 8,7 % d’enrubannage de luzerne, 7,8 % de blé, 7 % de tourteau de colza et 7 % de tourteau de soja, 4,4 % de paille, de la carburée, un complément minéral vitaminé, du carbonate de calcium et du sel. Les deux rations sont iso-énergétiques (0,90 UFL/kg MS et 90 g de PDIE/UFL). Elles ont été distribuées en ration complète, une fois par jour et à volonté. Aucune différence significative n’a été observée sur le poids vif ni sur la note d’état corporel entre les deux lots.
Des performances de reproduction proches
L’ingestion des vaches recevant une ration simplifiée a été supérieure à celle du lot recevant une ration complexe, entraînant une production laitière brute supérieure : +1,3 kg de lait par vache laitière et par jour. La moindre ingestion du lot recevant une ration complexe a aussi pour conséquence un taux protéique plus bas, mais aucun effet n’a été observé sur le taux butyreux.
Les performances de reproduction ont été faibles pour les deux lots. Les rations expérimentales n’ont pas engendré de différences significatives sur les délais de mise à la reproduction et la réussite en première IA. Le taux de réussite cumulé IA 1 et 2 est plus élevé pour le lot recevant une ration simple. Les deux rations ont entraîné une reprise de cyclicité dans les 50 jours après vêlage pour 93 et 94 % des vaches. L’étude n’a pas montré d’effets de la simplification de la ration sur la reprise de cyclicité après vêlage.
Plus de mammites et de métrites ont été observées dans le lot recevant une ration complexe. Il y a ainsi eu près de trois fois plus de mammites dans le lot recevant une ration complexe. Les taux cellulaires n’ont pas été affectés par le type de ration, il est donc difficile de lui relier ce résultat. Les auteurs sont très prudents sur ce sujet.
En complément des observations des performances des animaux et de leur santé, des simulations économiques ont été effectuées sur la base de 500 000 litres de lait livrés en 240 jours. Les résultats économiques sont inférieurs de 11 euros pour 1 000 litres en ration complexe par rapport à la ration simple. La simplification de la ration peut permettre un meilleur résultat économique et faire gagner du temps à l’éleveur.
(1) B. Rouille, M. Prezelin, D. Roine, B. Vaillant, A. Chanvallon, P. Roussel, J. Jurquet, T. Brun et J.-M. Lamy.
Simplification et sécurisation ?
Cet essai ne remet pas en cause la recherche d’autonomie sur les élevages. Il démontre qu’avec des fourrages de qualité, une ration à base d’ensilage de maïs et de tourteau de colza, sans complémentation minérale particulière, peut très bien fonctionner. “Nous n’avons pas étudié la question sous l’angle de l’autonomie alimentaire des exploitations. Nous voulions travailler sur l’intérêt de multiplier les ingrédients pour avoir de meilleurs résultats techniques. Après trois années d’essai, il semble que la réponse soit non”affirment les auteurs de l’étude.
