Accès au contenu
Circuits courts

Les producteurs passent au plan B

Depuis l’annonce du Premier ministre Édouard Philippe d’interdire les marchés couverts et de plein air, les éleveurs et maraîchers du département doivent s’organiser pour écouler leurs productions au plus vite.
Par Théophile Mercier
Les producteurs passent au plan B
Nicolas Morel, le boulanger du fournil de Saint Arigle protégé de la tête aux pieds pour livrer les clients de l’opération Saint Arigle à Domicile.
Il a fallu trouver des solutions très rapidement. Pour les éleveurs engagés en circuits courts et les maraîchers, l’annulation des marchés a été vécue comme une catastrophe pour leur activité. Certains se sont organisés très rapidement l’image de Nadège Berthier, éleveuse à Avril-sur-Loire qui a proposé dès le lendemain de l’annonce, une livraison de ses produits frais sur le secteur de Decize à savoir : fromage de vache, fromage blanc et affiné, du lait cru, de la crème, des yaourts et du fromage de chèvre. Chez les maraîchers la réaction a été également au rendez-vous avec le «Potager d’ici» situé dans le quartier de la Baratte à Nevers qui propose à ses clients des paniers au tarif de 15 et 30 euros composés des premiers légumes de la saison : radis, salades, blettes cardes, poireaux, épinards, jeunes pousses et betteraves rouges.

Afin de limiter les contacts avec les clients, les maraîchers ont opté pour le système de drive et chargent eux-mêmes les paniers dans les coffres des voitures. Une centaine de paniers ont ainsi été vendus uniquement pour la journée de mardi à des habitués mais aussi des consommateurs qui découvrent pour la première fois le circuit court. Une prise de conscience est peut-être en train de naître grâce au confinement.
«Nous avons dû refuser du monde car nous n’avions pas anticipé un tel succès» explique Raphaël Revenu, l’un des deux gérants du «Potager d’ici». «Cela nous permet de compenser le manque à gagner dû à notre absence sur les marchés. Car même si ces derniers ont été finalement autorisés à Nevers, nous avons pris la décision de ne plus nous y rendre pour préserver la pérennité de l’entreprise» ajoute à son tour Jean-Marie Lambert.

La solidarité s’organise entre commerçant
À Nevers, les commerçants se sont organisés en quelques jours pour mettre au point un système de commande et de livraison appelé «Saint Arigle à Domicile». Nom donné également à la page Facebook créée spécialement pour l’occasion. Ce quartier enregistre aujourd’hui une baisse de 70 % de sa fréquentation, selon les commerçants interrogés sur place, il y avait donc urgence à réagir. Pour une commande de 30 euros minimum, les cinq commerçants proposent, à domicile dans un rayon de 10 km autour de Nevers, des paniers composés de pain, des pâtisseries, des légumes, de la viande et des produits en vrac (voir détails dans l’encadré). Deux livraisons ont donc eu lieu cette semaine avec pour la première une soixantaine de paniers enregistrés. «Nous aurions accepté encore plus de monde mais il a fallu limiter» explique Carine Morel, de la boulangerie «Le Fournil Saint Arigle». «Nous espérons qu’avec cette opération, les clients se souviendront que nous leur avons rendu service pendant le confinement et qu’ils reviendront une fois la crise terminée» admet Guillaume Debeer, maraîcher de «La Baratt’ABio». Durant la livraison, les commerçants se sont équipés pour ne prendre aucun risque. En plus du masque et des gants, ils ont enfilé une blouse et ont même protégé le volant.
Une initiative saluée par les clients que nous avons rencontrés à l’image de Nadine, résidante du quartier Montapin à Nevers : «J’ai décidé de tester ce nouveau concept d’une part pour éviter de m’exposer mais aussi par solidarité. Étant cliente du marché de Saint-Arigle, il m’est apparu normal de faire un geste de soutien. C’est une manière aussi de se faire plaisir dans cette période trouble» nous a-t-elle confié. Compte tenu du succès de l’opération, les commerçants n’écartent pas l’idée de pérenniser les livraisons au-delà du confinement.