Fédération des chasseurs de l'Yonne
Samedi 19 avril, la fédération départementale des chasseurs de l'Yonne s'est rassemblée dans la salle des fêtes de Venoy pour son assemblée générale. Les questions liées aux indemnisations de dégâts de gibiers sur les cultures sont toujours très présentes.

C'est avec ferveur qu'Olivier Lecas, président de la fédération départementale des chasseurs de l'Yonne débute l'assemblée générale : « Nous devons nous poser les bonnes questions. Devons-nous toujours respecter cet accord qui avait modifié les indemnisations pour dégâts de gibier en ramenant le seuil à 150 euros par exploitation au lieu de 230 euros par parcelle ? Cela crée une incidence importante sur les finances de notre fédération. C'est pourquoi une motion a été votée à l'unanimité lors du congrès de la fédération nationale des chasseurs. Si l'État ne respecte pas ses engagements, nous nous considérerons comme dégagé de ces obligations », affirme-t-il en colère. C'est entouré par ses administrateurs ainsi que par Isabelle Pettazoni, directrice de la DDT, que le président poursuit. « Autre sujet de crispation, qui concerne les dégâts causés par le grand gibier, et par l'État : l'aide qui devait nous être versée pour trois ans, suite à l'accord national avec la profession agricole en 2019. Selon cette aide, tout chasseur est tenu d'indemniser la totalité des dégâts causés par le grand gibier. Alors que nous ne pouvons pas le chasser partout et que la loi fixe cette indemnisation depuis 1968, époque où les populations étaient largement moindres, les cultures n'avaient pas le potentiel d'aujourd'hui, et les chasseurs étaient bien plus nombreux », ajoute-t-il. C'est donc à cette occasion, que le président appelle à manifester pour les droits des chasseurs. « Alors que notre nombre réduit inexorablement, nous ne pouvons plus être les seuls à payer les dégâts aux cultures agricoles. C'est pour cette raison que le 17 mai, la fédération appelle associations de chasse, chasseurs et associations spécialisées à manifester devant les 423 mairies de l'Yonne », concluait-il.
Retour sur 2024
Toujours dans le domaine des préoccupations liées aux cultures et au gibier, le président a fait un point chiffré : « En termes de surfaces détruites, la projection 2024-2025 s'établit à 1 800 hectares contre 1 633 hectares en 2023-2024. 94 % des dégâts sont causés par le sanglier. Il s'agit donc de ne pas baisser la pression, la chasse sur le sanglier doit débuter le plus tôt possible, dès le 1er juin », alerte-t-il. Thomas Fréchot, administrateur, spécialiste du grand gibier, a ensuite présenté ses analyses annuelles : « Le sanglier est l'espèce la plus préoccupante. Au fur et à mesure des années, on observe une augmentation, avec un prélèvement annuel de 18 100 sangliers sur 2023-2024, et avec une prévision de 18 245 sangliers sur 2024-2025. Ce qui peut nous rassurer, c'est que la peste porcine africaine qui touche les cochons peut également toucher les sangliers et donc réduire leur population dans l'Yonne ». Reste que, pour les éleveurs porcins, la perspective du développement de cette pathologie ne serait pas rassurante.
Régis Dépège, administrateur et spécialiste du petit gibier, a pris la parole à sa suite : « Sur 2024-2025, on a une prévision de près de 6 400 pièces. Cette saison se situe toujours à un niveau très élevé. En 2004, les populations de lièvres étaient encore à un stade honorable et le renard était présent mais sans excès. Depuis plus de 20 ans, la courbe du renard progresse mais quand va-t-elle s'arrêter ? En parallèle, celle du lièvre qui a chuté à un niveau bas, reste maintenant stable ». Après avoir écouté le président et de ses administrateurs, Isabelle Pettazoni, directrice de la DDT s'est exprimée : « On est sur des thématiques pas simples, on doit trouver des compromis sur un sujet qui doit rester un plaisir. Cela pousse l'État à agir. Je voulais vous expliquer sur quels champs il le fait aujourd'hui. En premier lieu, c'est la sécurité à la chasse. Dans un second temps, on veut remettre les Comités techniques locaux (CTL) au cœur du système. L'action de l'État est de mettre des plans de chasse là où il y a des déséquilibres. Il y a des départements où ces plans fonctionnent bien et où l'État n'a pas son mot à dire, c'est une chasse plaisir. Par contre, il y a des zones en déséquilibre, où la situation est insupportable », concluait-elle.