Le verdict va tomber
La récolte de graines de moutarde débute dans quelques jours. L'AGPMB se montre confiante, sans toutefois omettre le risque d'aléas de dernière minute, fréquents ces précédentes années.

Tenter de prédire les rendements avant la moisson porterait-il malchance ? Ces deux dernières campagnes, les chiffres mentionnés en amont dans nos colonnes étaient finalement loin du compte pour les graines de moutarde. « Les dernières fins de cycle ne nous ont vraiment pas réussis… En 2024, le remplissage du grain s'était très mal déroulé à cause du manque de soleil et des pluies incessantes », retrace Jérôme Germais, conseiller à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or. Les estimations, nous avons décidé de les mettre de côté lors de cette entrevue du 10 juin à la salle des fêtes de Barges, dans le cadre de l'assemblée générale de l'AGPMB. Mais tout de même, sans parler « chiffres », le potentiel est prometteur voire très prometteur, comme l'admet volontiers Jérôme Gervais. « Le nombre de grains par silique est élevé, le nombre de siliques l'est tout autant. Le potentiel est supérieur à celui des autres années. Cela semble être le cas dans les 17 départements où se trouvent aujourd'hui les cultures. Tous les feux sont au vert au moment où je vous parle ! Nous retrouvons enfin des plantes qui ressemblent à celles d'il y a une dizaine d'années ». Les conditions climatiques ont toujours été favorables, fait remarquer le conseiller : « il y a eu du soleil et de la chaleur pendant toute la floraison. À l'automne, rappelez-vous : le temps était mauvais et de ce fait, les plantes n'ont pas été embêtées par les insectes ! Pas de problèmes liés aux grosses altises ni aux méligèthes : c'est très bien. Les cultures bios, présentes sur 1 000 des 9 000 ha de surface, sont aussi très prometteuses ».
Un prix en hausse ?
La commande de 12 000 tonnes de moutarde passée en 2024 par les industriels sera peut-être honorée, avec des prix conventionnels à 1 500,00 euros/t et à 3 500 euros/t en bio. Les premiers champs qui seront moissonnés fin juin - début juillet donneront déjà une première tendance. Les producteurs connaîtront le prix des graines de moutarde de 2026 avant même de sortir leurs machines dans quelques jours, comme l'indique Damien Baumont, le président de l'APGMB. « D'ordinaire, nous annonçons ce prix n + 1 lors de notre assemblée générale. Mais là, nous ne le pouvions pas, nous n'avons pas encore le retour de tous les industriels ». L'agriculteur de Barges partage sa volonté de voir des tarifs « au moins du même niveau » que cette année : « le calcul du prix des graines de moutarde, basé sur le Matif colza et nos coûts de production, devrait même permettre une augmentation car ces coûts de production augmentent au vu des faibles rendements des dernières campagnes. En toute logique, nous arriverions à 1 719 euros/t pour la récolte conventionnelle de 2026 mais en réalité, la donne est beaucoup plus compliquée que cela… ». Damien Baumont fait part de certaines difficultés dans les négociations. « Ces dernières deviennent un peu plus difficiles car le marché a tendance à se rétracter, les industriels sont un peu plus réticents. Aujourd'hui, nos graines ont 1 000 euros/t d'écart avec leurs homologues du Canada, il faut le savoir… Un autre point est à prendre en compte : les volumes et les prix qui nous lient aujourd'hui avec les industriels sont deux fois plus importants qu'il y a encore quelques années. Les industriels nous le font bien remarquer : leur prise de risque grandissante, sachant qu'ils vendent les produits deux ans après la fixation du prix, sans connaître les caractéristiques du marché à n + 2. Dans tous les cas, nous ferons de notre mieux pour obtenir les meilleurs tarifs, cela va sans dire. À partir de cette commande, nous déterminerons également une surface de production, nous alerterons aussitôt les producteurs par mail ».