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Syndicalisme

Le prix de la viande bovine se construit et ne se décrète pas !

À une semaine de la soirée élevage, la section bovine de la FDSEA revient sur les enjeux de construction du prix de la viande bovine dans le contexte post-loi alimentation.
Par Section bovine, FDSEA 58
Le prix de la viande bovine est affaissé, alors même qu’aucun des facteurs de marché ne tend à justifier, par le jeu de l’offre et de la demande, des prix en berne. Pourtant la filière use de nombre d’arguments faussés pour laisser penser aux éleveurs que la seule cotation est immuable et référence absolue.
Il nous revient en conséquence de rappeler plusieurs éléments afin de parfaire l’information des éleveurs :

• La cotation ne reflète en rien la réalité du marché : artificialisée par la casse du segment race à viande au profit du segment laitier, la cotation n’intègre toujours pas les plus-values des divers contrats passés entre les OP et les éleveurs. De même, et alors que désormais 54 % d’une carcasse de bovin se destine au marché du haché, les transactions de ce produit se pratiquent de gré à gré et n’intègrent pas la cotation. C’est pourtant sur ce produit que les plus-values réalisées sont les plus importantes…
• Ni l’offre, ni la demande de viande bovine ne tendent à orienter à la baisse les cours des animaux. Les résultats issus du dernier bulletin économique de la filière viande bovine, diffusé par INTERBEV, rappellent de nombreux fondamentaux qui confirmant une raréfaction de l’offre alors que la consommation des ménages progresse :
- En 2019, les niveaux d’abattage des jeunes bovins viande et laitier sont respectivement en baisse de -4 et de – 8 % sur la période courant de janvier à septembre. Idem pour les vaches allaitantes et laitières dont les niveaux d’abattage sont également orientés à la baisse sur cette même période (-1 et -3 %)
- Le niveau d’abattage des gros bovins est par ailleurs en recul à l’échelle de l’Union Européenne, se stabilisant à -1 %
- En matière de consommation, les achats de bœuf des ménages progressent en volume de 4.4 % sur un an alors que le prix d’achat de ce denier progresse et se stabilise en moyenne à plus de 14 €/kg.
- Enfin, les stocks d’animaux en ferme s’affaissent eux aussi sur le plan national avec sur une année la perte de 35 000 vaches laitières et de 77 000 vaches allaitantes.

Face à des acheteurs enfermés dans une logique perdant-perdant, il est primordial que les éleveurs prennent conscience qu’aucune fatalité n’existe quant au prix des animaux. Les chiffres ci-dessus suffisent à s’en assurer.

À ce jour, l’ensemble des acteurs de la filière s’est engagé dans un plan de filière qui prévoit entre autres, la mise en place d’une contractualisation obligatoire sur le Label Rouge et une montée en puissance de l’offre sur ce segment de marché à 40 % à échéance de cinq ans.

Cette orientation ayant recueilli l’assentiment de toute la filière se traduira réglementairement par la mise en place de contrats opérationnels signés entre les éleveurs et/ou les OP et leurs acheteurs. Ces derniers intégreront la prise en compte des indicateurs de coûts de production produits par l’interprofession. On ne parle pas ici de ce qui serait souhaitable, mais bien de ce que la loi oblige l’aval de filière à mettre en place.

La section bovine de la FDSEA croit en l’idée que les éleveurs doivent s’organiser collectivement pour aller chercher du prix.
Le rêve d’un potentiel partage de la marge a trop longtemps bercé d’illusions les agriculteurs. Mais soyons lucides, la marge lorsqu’on l’a, on la garde !
Face à une grande distribution ultra-concentrée, compressant ses fournisseurs, et face à un milieu de filière qui cherche à préserver ses très fragiles équilibres économiques et qui renvoie les miettes aux éleveurs, ne rêvons plus ! Rien ne viendra de ceux qui n’y arrivent pas depuis des décennies !

Le prix, il nous faudra aller le chercher, la contractualisation qui sécurise les prix, il nous faudra la mettre en place. Personne ne le fera pour nous !
Le 11 octobre à Nevers, un groupe d’éleveurs s’est constitué pour ce faire, et le travail est en route. La FDSEA a pris l’engagement d’accompagner celles et ceux qui voudront faire le boulot, de l’idée de contractualiser, jusqu’à la signature du contrat. Les éleveurs volontaires trouveront l’accompagnement nécessaire auprès des services de la fédé. Éleveurs, à vous de jouer !