Coronavirus
Le monde agricole s’organise
La pandémie de Covid 19 qui frappe notre pays a contraint l’ensemble de la profession à s’adapter. Malgré le confinement imposé par le gouvernement la vie agricole se poursuit. Nous avons joint les responsables de filières, des producteurs et des éleveurs pour savoir comment ils poursuivent leur activité malgré les contraintes.

Pour le moment tout va bien du côté de la filière bovine. Le coronavirus n’a pas modifié les habitudes de la filière. À l’image des Marché aux cadrans, les ventes se sont déroulées normalement avec environ 263 bovins présentés à Corbigny et 1 200 à Moulins-Engilbert : «Nous avions interdit l’entrée au public et fermé le bar. Je n’ai pas ressenti d’impacts négatifs sur le déroulement du marché. Je dirais même que les éleveurs ont pris conscience de la gravité de la situation en limitant les contacts entre eux et en respectant les préconisations sanitaires. C’était un test pour la suite car nous sommes garants de la bonne tenue du marché. Pour le moment nous avons fait le choix de poursuivre notre activité mais nous réfléchissons au cas où à des alternatives comme la vente en live et en vidéo afin de limiter les déplacements» confie Martial Tardivon, chef des ventes à la Sicafome. La Sicagemac annonce également de son côté la poursuite du marché pour les prochaines semaines mais seuls les apporteurs et acheteurs auront accès au marché.
Du côté de la filière, le commerce se poursuit aussi avec, pour le moment, aucune restriction. C’est ce que nous a confirmé Emmanuel Bernard, vice-président de la FNB et président de la section bovine de la FDSEA : «L’abattage étant considéré comme vital, il n’y a pas de raison d’arrêter le commerce des animaux. La principale difficulté est de trouver des chauffeurs pour conduire les camions. Ce qui est rassurant c’est que les cours n’ont pas bougé et que le marché chinois redémarre doucement. En revanche, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de cette crise sur la filière bovine car beaucoup d’achats ont été faits par précautions. Ces types de comportements modifient les prévisions que nous pouvons faire des opérations habituelles».
Les opérateurs dans l’expectative
«La situation est inédite et nous a demandé de nous adapter très rapidement. Cela dit sur les marchés, le commerce avec l’Italie se poursuit dans le volume prévu avant le Covid 19. Du côté du personnel, nous limitons évidemment les contacts avec les éleveurs autant que possible. Nous espérons que les abattoirs vont pouvoir fonctionner le plus longtemps possible car le facteur limitant reste le personnel. Du côté des adhérents, la plupart ont anticipé le confinement pour pouvoir lâcher leurs animaux dans de bonnes conditions. Les plus impactés sont les éleveurs qui ont préparé leurs animaux pour les concours de boucherie. Ils sont malheureusement tous annulés, ce qui aurait été une bonne occasion de valoriser la race charolaise. Ils vont devoir réorienter leurs animaux dans une autre filière mais avec une rémunération moindre. Pour l’heure nous ne savons pas où nous allons, on travaille au jour le jour» explique Yves Jehanno, expert racial chez Feader. La coopérative craint également la fermeture dans les prochains jours des rayons traditionnels dans les Grandes et Moyennes Surfaces en raison du manque de personnel et d’une demande moins forte dans les boucheries.
Inquiétude du côté des éleveurs ovins
Même si le commerce et l’abattage des animaux restent autorisés il n’en demeure pas moins difficile de trouver à ce jour des débouchés. C’est le cas notamment pour Samuel Delobbe, éleveurs de moutons et de cochons à Achun. Ce dernier a anticipé le confinement en apportant ses porcs à l’abattoir pour pouvoir poursuivre son activité de transformation. En revanche pour son atelier ovins, la situation pourrait se compliquer : «J’ai le sentiment que mes clients vont privilégier le circuit court plutôt que les grandes surfaces où le risque de contamination est important. Sur mon exploitation, ils pourront être accueillis dans une grande cour donc il y a un peu moins de risques de contamination. Ma plus grosse inquiétude se situe au niveau de mes agneaux de bergerie qui sont quasiment prêts à partir pour l’abattoir dans la prévision de pâques et des rameaux. J’en ai une centaine en attente, et je tends vraiment le dos en espérant que ça passe. À la différence d’un bovin qui peut s’adapter, il est impossible de trop rationner un mouton. D’autant plus que mes agneaux de bergeries sont habitués à manger du concentré, changer la ration ou les habitudes peut avoir une incidence sur la qualité de la viande. Si je venais à avoir une pénurie d’aliments ou si la vente ne peut pas se réaliser, je vais être obligé de les garder, ce qui peut engendrer un manque à gagner. Pour mes agneaux d’herbe en revanche, c’est un peu moins grave, car ils ne sont pas destinés à la vente. Il en va de même pour mes cochons que j’alimente habituellement avec du granulé biologique. Je vais tester sur cet atelier l’autonomie alimentaire en apportant de l’aliment de la ferme. Finalement le coronavirus va précipiter ce que j’avais prévu pour les prochains mois» estime l’éleveur, fataliste.
Le Covid 19 va laisser des traces
Pour d’autres, cet épisode de Covid 19 va laisser des traces dans les trésoreries, à l’image de Stéphane Lafranchise, éleveur de chèvre à la Chèvre’rit d’Amandine à Garchy : «Nous avons eu l’information il y a quelques jours que nos chevreaux ne seront plus ramassés par notre négociant. D’après les informations dont on dispose, l’engraisseur serait en saturation et aurait près de 6 000 chevreaux sur les bras. Le problème c’est que nous arrivons à l’exploitation à la fin de la mise bas et nous allons nous retrouver avec 40 chevreaux sur les bras. Nous allons donc les élever pour la viande (viande blanche, très tendre, la viande de chevreau se consomme grillée et en ragoût). Ce changement implique l’achat de lait supplémentaire à 800 euros la tonne. Et comme si cela ne suffisait pas, notre principal débouché (entre 30 à 35 % du chiffre d’affaires) qui est le marché de la Charité est annulé. Si cette situation perdure, nous allons nous retrouver en saturation sur la production de lait car il faut néanmoins continuer de traire les animaux. Dans l’attente d’un retour à la normale, nous allons saturer la fromagerie et congeler le caillé. Ce mois-ci, je vais perdre entre 8 000 à10 000 eurosde chiffre d’affaires. Même si les aides du gouvernement sont bienvenues, elles ne pourront jamais combler le déficit» explique l’ancien directeur de la FDSEA.
Du côté de la filière, le commerce se poursuit aussi avec, pour le moment, aucune restriction. C’est ce que nous a confirmé Emmanuel Bernard, vice-président de la FNB et président de la section bovine de la FDSEA : «L’abattage étant considéré comme vital, il n’y a pas de raison d’arrêter le commerce des animaux. La principale difficulté est de trouver des chauffeurs pour conduire les camions. Ce qui est rassurant c’est que les cours n’ont pas bougé et que le marché chinois redémarre doucement. En revanche, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de cette crise sur la filière bovine car beaucoup d’achats ont été faits par précautions. Ces types de comportements modifient les prévisions que nous pouvons faire des opérations habituelles».
Les opérateurs dans l’expectative
«La situation est inédite et nous a demandé de nous adapter très rapidement. Cela dit sur les marchés, le commerce avec l’Italie se poursuit dans le volume prévu avant le Covid 19. Du côté du personnel, nous limitons évidemment les contacts avec les éleveurs autant que possible. Nous espérons que les abattoirs vont pouvoir fonctionner le plus longtemps possible car le facteur limitant reste le personnel. Du côté des adhérents, la plupart ont anticipé le confinement pour pouvoir lâcher leurs animaux dans de bonnes conditions. Les plus impactés sont les éleveurs qui ont préparé leurs animaux pour les concours de boucherie. Ils sont malheureusement tous annulés, ce qui aurait été une bonne occasion de valoriser la race charolaise. Ils vont devoir réorienter leurs animaux dans une autre filière mais avec une rémunération moindre. Pour l’heure nous ne savons pas où nous allons, on travaille au jour le jour» explique Yves Jehanno, expert racial chez Feader. La coopérative craint également la fermeture dans les prochains jours des rayons traditionnels dans les Grandes et Moyennes Surfaces en raison du manque de personnel et d’une demande moins forte dans les boucheries.
Inquiétude du côté des éleveurs ovins
Même si le commerce et l’abattage des animaux restent autorisés il n’en demeure pas moins difficile de trouver à ce jour des débouchés. C’est le cas notamment pour Samuel Delobbe, éleveurs de moutons et de cochons à Achun. Ce dernier a anticipé le confinement en apportant ses porcs à l’abattoir pour pouvoir poursuivre son activité de transformation. En revanche pour son atelier ovins, la situation pourrait se compliquer : «J’ai le sentiment que mes clients vont privilégier le circuit court plutôt que les grandes surfaces où le risque de contamination est important. Sur mon exploitation, ils pourront être accueillis dans une grande cour donc il y a un peu moins de risques de contamination. Ma plus grosse inquiétude se situe au niveau de mes agneaux de bergerie qui sont quasiment prêts à partir pour l’abattoir dans la prévision de pâques et des rameaux. J’en ai une centaine en attente, et je tends vraiment le dos en espérant que ça passe. À la différence d’un bovin qui peut s’adapter, il est impossible de trop rationner un mouton. D’autant plus que mes agneaux de bergeries sont habitués à manger du concentré, changer la ration ou les habitudes peut avoir une incidence sur la qualité de la viande. Si je venais à avoir une pénurie d’aliments ou si la vente ne peut pas se réaliser, je vais être obligé de les garder, ce qui peut engendrer un manque à gagner. Pour mes agneaux d’herbe en revanche, c’est un peu moins grave, car ils ne sont pas destinés à la vente. Il en va de même pour mes cochons que j’alimente habituellement avec du granulé biologique. Je vais tester sur cet atelier l’autonomie alimentaire en apportant de l’aliment de la ferme. Finalement le coronavirus va précipiter ce que j’avais prévu pour les prochains mois» estime l’éleveur, fataliste.
Le Covid 19 va laisser des traces
Pour d’autres, cet épisode de Covid 19 va laisser des traces dans les trésoreries, à l’image de Stéphane Lafranchise, éleveur de chèvre à la Chèvre’rit d’Amandine à Garchy : «Nous avons eu l’information il y a quelques jours que nos chevreaux ne seront plus ramassés par notre négociant. D’après les informations dont on dispose, l’engraisseur serait en saturation et aurait près de 6 000 chevreaux sur les bras. Le problème c’est que nous arrivons à l’exploitation à la fin de la mise bas et nous allons nous retrouver avec 40 chevreaux sur les bras. Nous allons donc les élever pour la viande (viande blanche, très tendre, la viande de chevreau se consomme grillée et en ragoût). Ce changement implique l’achat de lait supplémentaire à 800 euros la tonne. Et comme si cela ne suffisait pas, notre principal débouché (entre 30 à 35 % du chiffre d’affaires) qui est le marché de la Charité est annulé. Si cette situation perdure, nous allons nous retrouver en saturation sur la production de lait car il faut néanmoins continuer de traire les animaux. Dans l’attente d’un retour à la normale, nous allons saturer la fromagerie et congeler le caillé. Ce mois-ci, je vais perdre entre 8 000 à10 000 eurosde chiffre d’affaires. Même si les aides du gouvernement sont bienvenues, elles ne pourront jamais combler le déficit» explique l’ancien directeur de la FDSEA.