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Sanitaire

L’indispensable travail du laboratoire départemental

Le Laboratoire départemental situé à Nevers est au service des éleveurs et de leurs vétérinaires pour le dépistage des maladies animales. Les précisions du docteur Chantal Audeval, responsable technique du pôle santé animale.
Par Théophile Mercier
L’indispensable travail du laboratoire départemental
Étape 1 : Réception des échantillons dans l’enveloppe T.
C’est un laboratoire qui dépend du Conseil Départemental de la Nièvre. Certaines de ses activités sont uniques en Bourgogne Franche Comté. Le Laboratoire départemental de la Nièvre a trois pôles d’activité : la santé animale, l’hygiène alimentaire et l’hydrologie. Sans surprise, le pôle santé animale génère le plus grand volume d’activité (environ 70 %). Plus de 200 000 échantillons sont analysés chaque année dont 155 000 en prophylaxie bovine. Le pôle santé animale regroupe plusieurs activités retrouvées classiquement dans les laboratoires départementaux : l’imuno-sérologie (prophylaxies bovines et ovines), l’aide au diagnostic (bactériologie, parasitologie, virologie), la biologie moléculaire (dépistages de la FCO et de la BVD notamment) et l’ESST (dépistage de la maladie de la vache folle en équarrissage principalement). À côté de ces activités «classiques», le laboratoire départemental de la Nièvre dispose d’un secteur de génétique animale. Ce secteur a vu le jour en 2016, sous l’impulsion du docteur Chantal Audeval, vétérinaire, responsable technique du pôle santé animale. «C’est une particularité propre au département de la Nièvre qui a été précurseur dans ce domaine. Nous réalisons des typages ADN (SNP ou microsatellites), nous faisons les analyses pour l’évaluation génomique (puces à ADN) et nous recherchons les gènes d’intérêts (ataxie du Charolais, «sans corne», culard...). Ces techniques s’appliquent à toutes les races bovines, nos clients viennent de toute la France. Nous travaillons avec le Herd-Book Charolais mais également avec des organismes qui gèrent la sélection d’autres races bovines» précise-t-elle. Pour la réalisation des analyses de génétique animale, le laboratoire est accrédité par l’ICAR (International Committee for Animal Recording). Seulement 11 laboratoires dans le monde disposent d’une accréditation à la fois pour les analyses «SNP» et pour les analyses «microsatellites», c’est une reconnaissance importante du travail réalisé depuis ces dernières années. De plus, le LDAC58 est qualifié par France Génétique Élevage pour la réalisation des analyses de typage ADN (SNP et microsatellite) et pour vérifier la comptabilité génétique (VCG). Il travaille pour le compte des EDE, des organismes de sélection (dont le Herd-Book Charolais), des éleveurs sélectionneurs et des vétérinaires.

«La BVD va être un gros chantier»
Ce sera l’un des gros chantiers de ces prochains mois : le lancement du plan BVD. Le dépistage de cette maladie virale va être rendu obligatoire au moment du bouclage des jeunes veaux.
Dans un arrêté paru le 1er août au Journal Officiel, le ministère de l’Agriculture fixe des «mesures de surveillance et de lutte» contre la diarrhée virale bovine (BVD). Une «première étape vers l’éradication de cette maladie», précise ce texte. L’arrêté introduit un dépistage obligatoire. Les troupeaux infectés devront «faire l’objet d’un assainissement» : dépistage généralisé, élimination des animaux malades ou infectés permanents immunotolérants (IPI), puis recherche du virus chez les veaux jusqu’à un an après l’élimination du dernier porteur de virus. Non transmissible à l’homme, la BVD est responsable de troubles de la reproduction (infertilité, avortement, mortinatalité, veaux anormaux), de pathologies néonatales (pathologies respiratoires, diarrhée, etc..) et des chutes de production. La Nièvre a déjà anticipé le caractère obligatoire sous l’impulsion du GDS qui a lancé une campagne avec des éleveurs volontaires (voir notre édition 1536).

Ce que l’on sait c’est qu’une fois cet arrêté publié, le plan BVD devra être mis en place avant le 31 juillet 2020. «Ce plan BVD va être un gros chantier pour notre laboratoire. Nous allons devoir nous roder car nous nous attendons à un afflux massif d’échantillons, environ 12 000 pour cet hiver en dépistage «volontaire» estime Chantal Audeval. Elle poursuit : «En ce qui concerne la BVD, il n’y a pas de risque pour la consommation de la viande». Par contre, un animal IPI ne pourra plus être vendu pour l’élevage», prévient le docteur Audeval. Elle insiste sur l’intérêt pour l’éleveur d’envoyer ses prélèvements le plus rapidement possible. «Le prélèvement sera fait lors du bouclage des veaux soit moins de 7 jours après la naissance comme le précise la réglementation. Il faut savoir qu’il y a environ 145 000 naissances par an dans la Nièvre entre le 1er décembre et le 31 mars. Cela représente plusieurs milliers d’échantillons par jour. Même si dans les faits nous sommes en capacité de réaliser les analyses rapidement, il est donc possible qu’il y ait un peu d’attente. Dans certains départements de l’est de la France (Doubs, Meuse par exemple), le dépistage de la BVD est en place depuis plusieurs années et il n’y a aucun problème. Il n’y a donc pas de raisons que ça se passe mal chez nous» estime Chantal Audeval.