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Aviculture

L'impact des ombrières photovoltaïques évalué

Les ombrières photovoltaïques sur les parcours avicoles apportent un meilleur confort pour les volailles. Explications.

Par Marie-Cécile Seigle-Buyat (avec sources Itavie, Technique solaire)
L'impact des ombrières photovoltaïques évalué
Yann Kerveno-Réussir
Sur les parcours avec ombrières photovoltaïques, l'espace semble être davantage exploité par les volailles.

La loi de transition énergétique pour la croissance verte (2015) vise à porter à 40 % la part des énergies renouvelables dans la production électrique française d’ici 2030. Dans ce contexte, les terres agricoles sont de plus en plus sollicitées pour accueillir des installations photovoltaïques. Si la filière avicole reste encore minoritaire dans le domaine de l’agrivoltaïsme, l’intérêt des ombrières photovoltaïques est grandissant. Ces ombrières consistent à intégrer des panneaux solaires sur les parcours extérieurs, créant ainsi des zones d’ombrage tout en produisant de l’électricité verte. Pour beaucoup, les ombrières photovoltaïques en aviculture contribuent au bien-être des animaux. Est-ce une réalité ? L’Itavi, institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole et NovaFrance Energy ont posé une première base méthodologique pour évaluer l’impact des parcours de volailles avec un système agrivoltaïque. Ils ont utilisé plusieurs indicateurs issus de méthodes reconnues comme EBENE® et THI (Temperature Humidity Index)*. 

Trois parcours pilotes

La méthode a été testée sur trois parcours de deux fermes commerciales. L’une se situe dans les Pays de la Loire. Elle produit des poulets de chair label rouge. Le parcours étudié comprend 100 mètres linéaires de haies périphériques, 100 mètres linéaires de haies peignes (soit 35 arbres par hectare) et un abri à toiture photovoltaïque de 250 m² situé en fond de parcours. Le second site, situé en région Occitanie, produit des palmipèdes prêts à engraisser. Le premier parcours étudié dans cette ferme de 1,1 ha comprend 5 arbres isolés, 0,38 ha de bosquet (soit 50 arbres par hectare) et deux abris à toiture photovoltaïque de 250 m2 chacun. Le second parcours comprend 4 abris à toiture photovoltaïque de 250 m2 chacun (2 en milieu de parcours et 2 en fond de parcours) et aucun aménagement agroforestier. Si les premiers résultats sont encourageants, les auteurs de l’étude Itavi–NovaFrance énergy précisent qu’ils nécessiteront d’être approfondis. 

Risque de coup de chaleur réduit

Ainsi, les capteurs installés sur les parcours des deux sites pilotes ont montré que les zones sous ombrières photovoltaïques présentent un risque d’hyperthermie nettement inférieur à celui des zones prairiales, notamment en période estivale. En juin, les zones ombragées affichaient des niveaux de THI similaires à ceux observés sous des bosquets arborés, avec une réduction de 8 à 10 points du risque de coup de chaleur. Ce confort thermique accru permet aux animaux de mieux réguler leur température corporelle, réduisant ainsi les risques de stress, de baisse de consommation alimentaire et de mortalité estivale. Les ombrières offrent également une protection contre le vent et les intempéries, ce qui améliore le confort des animaux et limite les effets du stress environnemental. 

Meilleure appropriation du parcours

Les volailles, naturellement attirées par les zones d’ombre, explorent également davantage les parcours équipés d’ombrières. L’effet « parasol » des panneaux incite les animaux à s’éloigner des trappes et à utiliser l’ensemble du parcours. Des observations comportementales et des captations photos ont permis de mesurer cette répartition plus homogène des animaux, renforçant l’intérêt de ces installations pour le bien-être animal. Une autre étude menée par Technique Solaire, en partenariat avec l’Inrae, a révélé qu’après deux semaines d’appropriation du parcours extérieur, les poulets se déplacent de plus en plus loin. Ils fréquentent en effet 66 % du temps l’espace situé entre 10 et 30 m de la trappe. Après la cinquième semaine, les animaux fréquentent le parcours extérieur jusqu’à̀ 50 mètres de distance du bâtiment, à raison de 10 % de leur temps en moyenne. 

* La méthode EBENE®, qui vise à évaluer le bien-être animal sur la base de l’observation des comportements et d’une évaluation sanitaire des animaux dans le bâtiment et sur le parcours, a été adaptée pour mieux prendre en compte les spécificités des parcours équipés d’ombrières. Les indicateurs classiques ont été complétés par des mesures de la répartition des animaux par zone, permettant une analyse plus fine de l’impact des aménagements. L’indicateur THI mesure, quant à lui, le stress thermique ressenti par les animaux.