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Récoltes 2025

L'espoir d'une belle moisson

 


 

Par AG
L'espoir d'une belle moisson
Matthieu Duthu, agriculteur à Saint-Martin-du-Mont, dans l'un de ses champs de blé le 21 mai.

Quand les prix ne sont pas au niveau attendu, mieux vaut avoir du volume et de la qualité dans sa benne pour se rattraper ou du moins, limiter la casse. « C'est certain ! Il faut aussi tenter, quand cela est possible, de diminuer les charges ou alors les optimiser », fait remarquer le Côte-d'Orien Matthieu Duthu, président de la commission « productions végétales annuelles » de la Chambre d'agriculture. L'homme de 38 ans, rencontré la semaine dernière dans ses champs, dressait un petit état des lieux départemental des cultures, environ un mois avant le début des moissons qui devrait intervenir comme chaque année dans le sud de la Côte-d'Or. L'optimisme est bel et bien présent, avec des champs prometteurs voire très prometteurs dans les meilleures terres, notamment dans le val de Saône et la plaine dijonnaise. Dans les parcelles des plateaux en revanche, le constat est parfois beaucoup moins florissant : « les épisodes de sec ont fait du mal dans les terres les plus superficielles… Ce type d'aléa, nous l'avions quelque peu oublié avec ces 18 mois de pluies, c'est un peu le retour à la réalité ! Des potentiels en orges et blé ont été impactés, mais il est difficile de savoir dans quelles proportions ». Les orges de printemps ont été les dernières à « décrocher » : « heureusement, les pluies que nous avons eues ont fait du bien, pour ceux qui ont eu la chance d'en avoir. Les orges d'hiver n'ont pas aimé non plus le stress hydrique des dernières semaines. Nous sommes passés du stade tallage au stade dernière feuille étalée en seulement un mois : normalement, les plantes ne vont jamais aussi vite que cela… Le blé est lui aussi touché dans certains secteurs, mais s'il pleut en alternance comme maintenant jusqu'à la moisson, la casse sera limitée ». Le colza, lui, a mis beaucoup de temps à « redémarrer » en sortie d'hiver : « il a beaucoup patiné… La floraison a en revanche été très belle et longue, c'est de bon augure. Les anciens disent souvent qu'un jour de fleur égale un quintal : ce ne sera pas le cas cette année sinon nous serions à 40 q/ha ! Cela ne correspond pas aux potentiels de ma zone, en tout cas. La culture reste néanmoins très belle dans plusieurs cantons ».

On y croit

Matthieu Duthu se félicite de la quasi-absence de traitements fongicides au cours de cette campagne : « cela n'a effectivement rien à voir avec l'an passé. En 2024, les traitements nous avaient coûté très cher. Là, les cultures sont très saines, c'est très bien… Il n'y a pratiquement aucune maladie en orges d'hiver et en blé. La donne est visiblement la même dans les orges de printemps, hormis quelques cas atypiques dans les vallons. Pour le colza, rien à signaler non plus ou presque, même si c'est souvent à la fin du cycle ou à la récolte que nous voyons si quelque chose n'a pas marché ». Ces économies de traitements sont les bienvenues selon l'exploitant : « ce sont toujours des euros que nous ne devrons pas aller chercher lors de la vente. C'est encore plus important quand les cours ne sont pas au rendez-vous : il faut tout faire pour diminuer les charges. Si je regarde mon téléphone à l'instant t, le cours Matif du blé est à 209 euros/t, soit 40 euros/t de moins qu'il y a un an. La guerre en Ukraine nous met encore dedans… Ils sont en guerre mais produisent et exportent énormément. Je crois même qu'ils n'ont jamais autant produit ! ». Les autres pistes pour réduire les charges sont malheureusement limitées, l'agriculteur de Saint-Martin-du Mont tente pour sa part de valoriser au mieux ses apports d'azote par la modulation : « cela fait plusieurs campagnes que je pratique ainsi, les bénéfices sont les plus intéressants lors d'une année sèche. Un investissement est nécessaire au début de la démarche pour cartographier les champs. L'idée est de mieux positionner l'azote : davantage où il y a de la terre, mois là où c'est superficiel. Cette optimisation permet de viser davantage de rendement et de protéines tout en apportant autant d'azote qu'avant. Sur une parcelle de 10 ha avec un historique de 60 q/ha par exemple, certains ares ne feront jamais plus de 40 q/ha et ne méritent pas la dose initiale, au contraire d'un coin de la parcelle où il y a davantage de potentiels ».