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Maraîchage

« Encore une année compliquée »

Guillaume Debeer, maraîcher bio dans le quartier de la Baratte à Nevers fait un premier bilan de la saison 2019 où les aléas climatiques ont été nombreux.
Par Théophile Mercier
« Encore une année compliquée »
Guillaume Debeer au milieu de sa parcelle de salades.
C’est une saison d’été compliquée qui se termine pour le maraîcher Guillaume Debeer. Entre le manque d’eau qui se fait sentir depuis le démarrage et la récente averse de grêle, la production n’a pas atteint son niveau habituel. « J’ai au moins 30 % de perte » explique le maraîcher.
Pratiquement aucune culture n’a été épargnée par la chaleur qui a grillé les sols. Les pommes de terre, les choux et les poireaux qui ne sont pas irrigués ont particulièrement souffert. La situation n’est pas meilleure dans les serres où les tomates subissent des variations de températures importantes (difficultés de mûrissement). Néanmoins, la qualité est au rendez-vous et la teneur en sucre est importante, ce qui fait la satisfaction de ses clients sur les marchés. Ce succès tient aussi à un travail précis au niveau du sol. « Depuis mon installation il y a trois ans, j’ai opté pour le non-labour, j’utilise des engrais verts en permanence pour restructurer la vie du sol et j’adapte mes graines en fonction du climat et de la structure du sol. Par ailleurs, je travaille mon sol avec des outils à dents pour ne pas mélanger les différentes strates. Comme l’exploitation est en agriculture biologique, je ne peux pas me servir de désherbant, je laboure donc mes terres tous les ans pour lutter contre les mauvaises herbes et mieux enfuir les mauvaises graines dans le sol. Grâce à cette technique, j’ai gagné en précocité mais il faut plus de mains d’œuvre pour désherber en été » explique-t-il. Ce dernier s’interroge sur la suite de sa saison d’hiver qui pourrait bien être compromise si la pluie se fait toujours attendre. Ce passionné de météo explique l’absence de pluviométrie par le vent orienté Nord Sud.
Plus largement, Guillaume Debeer s’interroge sur l’avenir de son activité. Les résultats ne sont pas à la hauteur du nombre d’heures passées à entretenir les cultures.

« Les mauvaises années s’accumulent »
« Depuis trois mois, je fais des semaines à 70 heures 50 % de mon temps est consacré à l’irrigation. Entre le manque de rendement de 2018 et cette année, le surplus de travail commence à peser » déplore-t-il. Il avance quelques pistes d’amélioration. « J’envisage de passer à un système d’irrigation au goutte à goutte pour gagner en rentabilité et efficacité. J’ai également obtenu des autorisations pour réaliser un forage pour l’hiver prochain car le puits que j’ai dans mes parcelles ne suffit pas. J’ai dans l’idée aussi d’ombrer les cultures pour faire un tampon entre l’humidité et le sol pour générer moins de souffrance pour les cultures. Enfin, je voudrais récupérer l’eau qui ruisselle des bâches des surfaces couvertes pour arroser mes cultures avec ». Pour la première fois, le maraîcher a déposé un dossier calamité mais les estimations de pertes sont difficilement chiffrables en raison de la diversité des cultures présentes parfois sur un même hectare. Néanmoins Guillaume Debeer souligne le soutien de la région dans ces moments difficiles. « Il y a une véritable volonté d’aider la filière, mais je ne suis pas sûr de vouloir poursuivre mon activité si ces aléas se répètent ».