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Des agriculteurs icaunais à Madagascar

Thierry Michon, Étienne Henriot et Joseph Roux reviennent de Madagascar, mandatés par AFDI pour partager leur expérience de coopérateurs avec des organisations paysannes locales et mener un travail sur le renouvellement des générations, ainsi que l’installation des jeunes.
Par Dominique Bernerd
Des agriculteurs icaunais  à Madagascar
Ce n’est pas pour rien que l’on surnomme Madagascar, «l’île rouge»…
U n programme de développement et de production de semences certifiées a été engagé par deux Organisations Paysannes de Fiannarantsoa, à 500 km au sud de la capitale malagache, toutes deux partenaires d’AFDI dans la région. Souhaitant éviter toute concurrence entre elles et réaliser des économies d’échelle, les deux OP ont engagé avec AFDI, une réflexion sur la mise en place d’une structure commune type coopérative, pour, dans un premier temps, pérenniser et optimiser la commercialisation des semences produites. C’est dans ce contexte que Thierry Michon, président d’AFDI Bourgogne Franche-Comté, accompagné d’Étienne Henriot, président de la coopérative Capserval, se sont rendus le mois dernier à Madagascar.  
«Toute la filière est à mettre en place» reconnaît Thierry Michon et les difficultés multiples : «le rayon d’action entre producteurs pouvant atteindre 100 km, il est important de réfléchir en priorité à la logistique et apporter une forme d’équité, certains étant mieux placés pour trouver des acheteurs potentiels que d’autres..» Apprendre en quelque sorte à travailler ensemble, dans un contexte souvent difficile : manque de lisibilité faute de vision à long terme, absence de l’État, corruption… En ayant toujours à l’esprit «que le moindre risque peut mettre en péril la survie même de la famille, Ils n’ont pas le droit à l’erreur…»

Du mal à se projeter dans l’avenir
C’est plus avec sa casquette de président de coopérative et administrateur au sein de diverses Unions de coopératives, que de président de Chambre d’agriculture, qu’Étienne Henriot s’est rendu en mission sur la «Grande Ile». Conscient de la difficulté parfois à faire passer un message tout en évitant d’apparaître comme donneur de leçon : «il nous faut toujours faire attention à ça car il est facile de se mettre des œillères et vouloir calquer un peu notre propre modèle…» Lui aussi a été marqué par la difficulté des Malgaches à se projeter dans l’avenir : «cinq ans pour eux, c’est une échelle trop longue… La question souvent se résume à «comment vais-je nourrir ma famille pendant l’hiver ?» Confiant néanmoins en l’avenir : «pas de fatalisme pour autant, nous avons rencontré des gens courageux, avec de la volonté et qui ont envie d’avancer…» Un avis partagé par Joseph Roux, jeune céréalier installé, dans le Sénonais, lui aussi missionné par l’AFDI, «pour témoigner sur l’installation des jeunes et le renouvellement des générations dans les OP». Avec le constat de certains freins liés à une différence de culture : «en raison d’absence de baux, rien n’est formalisé pour sécuriser les jeunes dans l’installation et seul prévaut, le plus souvent, le droit d’aîné dans les familles» Difficultés également en ce qui concerne la transmission du savoir : «il existe un réel respect des anciens qui, par définition, sont les sages et ont toujours raison, sans que les plus jeunes aient droit à la parole…»