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FDSEA-JA

Dégâts de sangliers : changeons de méthode !

Les chasseurs ne maîtrisent plus rien… Ce sont eux qui le disent ! Les acquis syndicaux de l’an passé sur les nouvelles modalités de gestion ne sont pas suffisants pour faire face à l’urgence de la situation. Rendez-vous sur à la ferme du Gaec Rolin, pour une visite terrain, en forme de mobilisation syndicale, le vendredi 20 décembre au lieu-dit le Jonc à Crux-la-Ville, pour témoigner de votre situation auprès de Madame la Préfète.
Par Stéphane Aurousseau, président de la FDSEA
Dégâts de sangliers : changeons de méthode !
« À Saint-Honoré-les-Bains, entre 15 et 20 ha de cette parcelle de prairie naturelle de 30 ha destinée à la fauche sont ravagés. Il n’y a qu’à cet endroit où je peux faire du foin, mon autre site étant trop caillouteux » témoigne Gaël Duvernoy, exploitant
Les chasseurs sont-ils encore en capacité de réguler les populations de sangliers ? Nous pensons que non. Alors que faut-il faire ? Le pays va-t-il rester les bras ballants face au retournement de nos campagnes et à la destruction de notre travail ? Cet ancestral peuple de paysans oubliera-t-il que le travail des agriculteurs sert à nourrir la population ? Si la réponse est non, le temps est peut-être venu d’envisager des méthodes alternatives à la chasse.
Parce qu’une fois de plus, la situation devient insoutenable. Que l’on parcoure le département dans un sens où dans l’autre, partout le regard s’attarde sur le triste paysage de champs, de prairies, d’accotements, marqués, voire dévastés, par la sale bête. Le long de la route qui près de notre ferme mène de Charrin à Cronat, sur quelques kilomètres, ce sont deux dépouilles qui se décomposent dans le fossé, victimes de collisions. Récemment c’est une automobiliste qui, dans le nord de la Nièvre, dans les mêmes circonstances, a perdu la vie.
Combien de temps l’État laissera-t-il les agriculteurs ruminer leur exaspération et leur désespoir ? Les agriculteurs n’ont-ils pas d’autres défis à relever qui mériteraient toute leur attention et toute leur énergie ? Combien de temps l’État laissera-t-il les automobilistes à ce point exposés au risque de percuter la sale bête sur les routes ? Combien faudra-t-il de familles endeuillées ?

Quelles sont les causes de cette situation ?
Des raisons naturelles sans doute, un milieu plus embroussaillé, plus favorable, une succession d’hivers doux, d’abondantes glandées. L’encouragement à une agriculture de conservation des sols dont la faune abondante régale ce sinistre animal.
Des raisons sociologiques, moins de paysans dans la campagne, moins de dérangements, moins de chasseurs, 2,2 millions en 1975, 1 million aujourd’hui. Et on peut penser que dans la société qui s’annonce, ce «loisir» séduira toujours de moins en moins de personnes. Quant aux agriculteurs, eux aussi de moins en moins nombreux, débordés par un travail qui ne leur donne pas toujours de quoi vivre dignement, ont hélas bien autre chose à faire.
Des raisons révoltantes, quand certains chasseurs se font éleveurs, gèrent plus qu’ils ne régulent. Par loisir. Ils ne souhaitent pas tirer davantage durant la saison de chasse pour que suffisamment d’animaux soient présents l’année suivante et sont acteurs de la prolifération. Par plaisir.

Les représentants des chasseurs eux-mêmes font aveu d’impuissance
Entre causes subies et causes provoquées, les conséquences sont lourdes. Les indemnisations de dégâts par les chasseurs atteignent des niveaux records. Cette charge pourrait bien finir par leur être insoutenable. Elle détournera les plus modestes et substituera peu à peu à une chasse nivernaise populaire, une chasse commerciale impopulaire pour aristocrates parvenus.
Les représentants des chasseurs eux-mêmes font désormais aveu d’impuissance. Le président de la Fédération Nationale de la Chasse reconnaît dans un entretien accordé à l’AFP le 20 octobre 2019 qu’« il y a plein de territoires qu’on ne maîtrise plus ». Sur le plan financier, la fédération de la Nièvre affirme qu’elle n’aura plus les moyens de faire face, souhaite changer la loi pour ne plus être la seule à payer les dégâts. Tout en continuant d’affirmer qu’il n’y a pas assez de sangliers dans certains secteurs.

Le pompier pyromane est confronté à ses propres turpitudes
Alors j’en appelle à l’État et à ses représentants dans la Nièvre pour qu’ils changent radicalement de regard sur la régulation. Les chasseurs n’y parviendront pas, ce sont eux qui le disent.
Il faut au plus vite remplacer l’agrainage par l’appâtage, mobiliser tout ce qu’il existe de louvetiers, de piégeurs, de militaires et de gens de bonne volonté pour les réduire par tir de nuit non sélectif ou tout autre moyen de piégeage. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Ce n’est pas en utilisant demain les mêmes moyens qu’hier que nous aurons des résultats différents.
L’État demande beaucoup aux agriculteurs. Aujourd’hui les agriculteurs demandent solennellement à l’État de protéger leurs récoltes et leur travail.