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Environnement

Dégâts de Corbeaux : une charge de plus pour les agriculteurs

À l’image des dégâts de sangliers, les attaques de corvidés touchent de nombreux céréaliers et polyculteurs du département. Dans la région, la Fredont travaille avec les OPA pour mettre en œuvre un programme de régulation. Explications.
Par Théophile Mercier
Les corvidés (Corbeaux freux et Corneilles noires)  se sont très bien adaptés aux milieux façonnés par l’homme et aux pratiques agricoles. De plus, ces deux espèces territoriales ont très peu de prédateurs naturels.
Ainsi, elles prolifèrent rapidement et peuvent causer des dégâts importants sur les cultures (parfois plusieurs hectares arrachés), provoquer des dégradations sur les menuiseries (arrachage des joints de portes et fenêtres), causer des nuisances sonores et poser des problèmes de salubrité publique. La Fredon Bourgogne Franche-Comté (Organisme à Vocation Sanitaire dans le domaine du végétal) s’est associée à la Fédération Départementale des Chasseurs de la Nièvre, aux côtés de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA, pour mettre en place un programme de régulation permettant aux agriculteurs de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour protéger leurs cultures contre les attaques de corvidés.
Selon les données croisées de la FDC 58 et la CA 58, 224 861 € de dégâts  ont été déclarés entre 2014 et 2018 dont 38 488 € en 2018 (dégâts sur cultures, vergers, menuiseries, stockage d’aliments, etc).Ce programme de régulation serait testé dans un premier temps sur les territoires continus les
plus touchés, au sud-ouest du département.

«Nous sommes les premières victimes»
En attendant les exploitants les plus touchés n’en peuvent plus de cette situation. C’est le cas notamment de Dominique Châtelain, céréalier sur la commune de Tintury et impacté depuis plusieurs années par des dégâts de corvidés : «Cette année, j’ai cumulé les dégâts de sangliers mais aussi de corbeaux. Mais je fais très peu de déclarations car le corbeau ne réalise pas assez de dégâts au regard de la réglementation. Cette dernière nous impose une franchise de 300 euros par kilos. En clair, il faudrait déclarer 300 euros et plus de dégâts. Mais lorsque vous avez plusieurs ilots comme moi, il est impossible d’atteindre le seuil requis pour que notre déclaration soit prise en compte. Auparavant, vous aviez un produit répulsif qui était incorporé à la semence mais qui est désormais interdit. Pour vous donner un exemple concret, l’année dernière 20% de mes 50ha de tournesol ont été attaqués par les corbeaux directement sur pied. Car il faut savoir que les corvidés mangent les graines au stade cotylédon, au moment où la germination est la plus intense. Mais de mon point de vue, il est inutile de remblaver une culture qui aurait été touchée à moins de 20% de sa surface. Car vous risquez de compléter la culture déjà emblavée au départ et de vous retrouver avec deux stades de pousse sur la même parcelle, c’est donc ingérable. Ce que j’aimerais c’est que le corbeau soit classé en nuisible, qu’on puisse le chasser à tout moment et surtout que l’on ait des compensations.  Pour le moment, nous n’avons donc plus que nos yeux pour pleurer» conclut l’agriculteur.