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Syndicalisme

Billet d'humeur de Jean-Pierre Bouron

Jean-Pierre Bouron, de la section des anciens exploitants de la FDSEA de l'Yonne, est de retour, en ce début de mois de juillet, pour exprimer sa vision de l'ambiance agricole actuelle à travers un billet d'humeur.

Par Jean-Pierre Bouron
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FDSEA89
Jean-Pierre Bouron, membre du bureau de la Section Départementale Anciens Exploitants. (SDAE)

Il ne se passe pas une journée sans que les médias nous commentent et nous projettent des images insoutenables des conflits de par ce monde que l'on croyait civilisé. Ce qui a pour conséquence de banaliser et de se détourner de ces avalanches d'infos par des citoyens lambda. Comment accepter que des dirigeants ferment les yeux devant de telles atrocités avec son cortège de morts, de populations déplacées et affamées alors que l'on entend que la mission première du monde paysan est de nourrir les habitants de la planète. Nous assistons régulièrement à des rencontres entre chefs d'État dans des endroits sécurisés, climatisés, bien loin du bruit des canons, où chacun analyse la situation du monde et se quitte après avoir discouru et rédigé un communiqué sur les solutions à apporter pour rétablir la paix qui ne verra jamais le jour. La plupart du temps, on oublie dans les reportages de parler des agriculteurs qui subissent des dégâts considérables comme le reste des habitants, sur leurs moyens de production et leurs terres qui se trouvent dévastées par le passage des chers et autres engins guerriers ainsi que par le pilonnage des obus et la présence des mines antipersonnel. Ayons une pensée pour eux.
Pendant ce temps, dans notre pays, le Parlement préfère se projeter sur les prochaines échéances électorales que sur la situation désastreuse de notre nation. Où sont les promesses d'allègement des contraintes administratives annoncées pour notre profession lors de la loi de programmation agricole ? Il suffit d'interroger les jeunes désirant s'installer, ou les porteurs de projet, pour se rendre compte des entraves à surmonter pour concrétiser leur envie d'entreprendre. Par exemple, des projets comme l'autoroute A69 ou les constructions de retenues d'eau, gèlent des hectares de terres agricoles, rendues inutilisables. D'autre part, les travaux se voient parfois stoppés par une poignée d'hurluberlus ? Oisifs grimpés dans des arbres cherchant l'affrontement avec les forces de l'ordre avec le soutien actif des associations soi-disant, défenseurs d'une nature qu'ils sont bien loin de connaître, ce qui démontre la nécessité de trancher rapidement sur la validité ou le refus des recours par la justice avant le début des travaux. Après des années difficiles vécues par les agriculteurs : événements climatiques, épidémies, chute des cours, on ne peut que se réjouir de l'amélioration du prix de la viande et du lait, qui permettra aux éleveurs de retrouver des marges bénéficiaires afin de s'octroyer un salaire certes modeste, par rapport aux heures de travail, mais aussi d'envisager la poursuite et la pérennité d'un métier de sacrifices et de passions.
Quel gâchis de voir au fil du temps des exploitations laitières performantes abandonner leur activité alors qu'elles permettraient d'employer de la main-d’œuvre, de travailler en commun avec leurs collègues, de faire vivre leur famille sur des fermes de surface moyenne. Sans compter ces villages, qui se désertifient faute d'habitants, tout cela à cause de mises aux normes imposées par les services administratifs avec la complicité des politiciens bien éloignés du terrain qu'ils sont censés représenter. Les transformateurs n'ont pas su ou voulu prendre en compte la rémunération des éleveurs, préférant privilégier les prix les plus bas offerts aux consommateurs alors que ces derniers n'auraient pas été hostiles à payer le litre de lait dix à quinze centimes supplémentaires.
Sans être pessimiste, l'avenir de notre beau pays sera compromis si nous n'acceptons pas de réformer notre société en profondeur. Nos élus pourraient agir en privilégiant le travail et en rémunérant en fonction des possibilités de chacun et des résultats ; en soutenant et en facilitant les entrepreneurs dans leur projet ; en supprimant les fonctions et les commissions de toutes sortes qui participent à construire une société kafkaïenne où l'individu ne compte plus aux yeux d'une élite. Notre salut viendra des jeunes qui pour certains ont la volonté d'entreprendre tout en étant généreux, solidaires, résilients et réalistes. Concluons par une pensée de Confucius toujours d'actualité : « exige beaucoup de toi même et attend peu des autres ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés ».