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Filière lait

Assemblée générale des producteurs de lait Senegral

L’assemblée générale de l’Oplase s’est tenue dans l’Yonne, dans un contexte difficile d’après quotas et de cours en berne
Par Dominique bernerd
Assemblée générale des producteurs de lait Senegral
La fluctuation des cours et l’inquiétude sur l’avenir ont fait réagir de nombreux éleveurs présents dans la salle
Depuis décembre dernier, l’entreprise Senoble s’est désengagée de sa filiale Senagral, désormais sous contrôle de la branche lait de la coopérative bretonne Agrial, dont dépend aujourd’hui l’usine de transformation installée à Jouy, dans le nord du département. C’est non loin de là, à Domats, que s’est tenue le 4 juin dernier, l’assemblée générale de l’Oplase, (Organisation des producteurs de lait Senagral). La nouvelle OP regroupe 671 adhérents, pour plus de 289 millions de litres collectés, sur une zone qui s’étend de la Seine Maritime à l’Alsace. Son conseil d’administration est constituée de représentants des différentes associations qui la composent, parmi lesquels, pour «l’Association de l’Est», Patrice Troussard, éleveur laitier à Fouchères, dans le Sénonais.
 
Alerter sur la crise en cours
Le président de l’Oplase, Gérard Duval, éleveur dans l’Eure, a rappelé le rôle que devait jouer l’OP : «garantir les intérêts des producteurs, être le pont entre eux et le secteur industriel, préparer ensemble l’avenir, qui se joue aussi sur la gestion des volumes…» Des volumes qui, en cette période d’après quotas, sont gérés en plusieurs catégories : à destination des Jeunes Agriculteurs, consolidation des références, accompagnement de projets individuels… La priorité pour 2015 étant bien de libérer des volumes pour les JA, afin de mieux préparer l’avenir de la filière. Le cahier des charges est précis : «limite d’âge 40 ans, pour une attribution ne devant pas dépasser 200 000 litres sur 3 ans maximum, alimentés pour moitié à partir de la réserve de l’OP…» A l’heure où la fluctuation des prix impacte durement les trésoreries des exploitations, Gérard Duval a rappelé toute l’importance à alerter le plus largement possible sur la crise en cours : «si les OP n’ont pas le droit de travailler ensemble, les syndicats peuvent prendre le relais et il nous faut aujourd’hui alerter toutes les structures, qu’elles soient syndicales ou Chambres d’agriculture, pour soulever les problèmes économiques rencontrés et les inquiétudes sur la situation laitière en France, même si le malaise n’est pas que Senagral…»

Comme un goût de sciure dans le lait
Aujourd’hui, parmi les premiers groupes coopératifs agricoles et agroalimentaires français, Agrial fédère 12 000 adhérents, pour autant de salariés. Son chiffre d’affaires a progressé de 9% en 2014, pour atteindre 4,2 milliards €. Une grande part de cette augmentation étant due à la fusion avec la coopérative bretonne Coralis. Groupe à vocation internationale, 16% de son chiffre d’affaires sont réalisés à partir d’activités hors de France. Les comptes de l’exercice 2014 font également ressortir un EBE de 159,5 millions €, en hausse de 12% par rapport à l’année précédente, pour un résultat net de 44 millions €. L’activité laitière d’Agrial porte sur une collecte de lait auprès de 3900 producteurs, pour un volume supérieur à 1,7 milliards de litres de lait. Elle fabrique 484 000 tonnes de produits laitiers dans 7 sites de production répartis sur le sol national, dont celui de Jouy, dans l’Yonne. Autant de chiffres présentés par Patrick Lepelleux, directeur de la branche à Agrial, qui, tout en témoignant de la solidité du groupe, ont fait réagir nombre de producteurs présents dans la salle : «qu’allons-nous devenir dans tout ça, avec des prix du lait comme on connaît à l’heure actuelle, on est pire que des Roumains ! A 60 heures par semaine et pour au final ne rien gagner ! Avant de tout redonner à la grande distribution, gardez-nous quelques enveloppes pour la fin de l’année !... Se remettre en cause ? Mais comment ? Avec un prix comme on a, vous allez voir les banques, elles vous rigolent au nez ! Tout ce qu’on vous demande, c’est un petit coup de main, comme celui que vous nous avez demandé l’an passé… Vous parlez d’os à rogner, nous sommes l’os, vous êtes le chien !» Des propos violents, à la hauteur de la crise et des inquiétudes des éleveurs, qu’ont eu bien du mal à tempérer les réponses du représentant d’Agrial : «on a pleine conscience de ce qui est en train de se passer. Le problème est complexe, mais il l’est pour toute la filière et je n’ai pas la solution, même si la situation ne peut pas rester en l’état…» Un discours perçu par beaucoup d’éleveurs comme langue de bois… Comme un goût amer de sciure dans le lait !