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Diversification

Agrivoltaïque : se lancer dans l'élevage ovin

Un projet agrivoltaïque de quatorze agriculteurs, qui à la base souhaitaient compenser leurs pertes de rendement en diversifiant leur agriculture, devient contesté. Retour sur un dossier en pleine concertation.

Par Charlotte Sauvignac

Tout débute en 2020, lorsque onze agriculteurs décident de concevoir un projet agrivoltaïque avec pour but d'adapter leur assolement aux aléas climatiques grandissants. L'objectif est de pouvoir compenser leurs pertes de rendements et diversifier également leur activité en accompagnant trois jeunes agriculteurs à s'installer. « Il y a deux jeunes agriculteurs qui se sont greffés sur le projet en plus des dix déjà existants. Arnaud Rougier, par exemple, va reprendre l'exploitation familiale, et donc ça s'est décidé et réfléchi pendant quatre ans. Son père est resté sur le projet, parce qu'il réalise une sorte de transmission de son exploitation et donc Arnaud a rejoint le groupe. C'est la même situation pour Mattéo Fetiveau, lui n'était pas intéressé par le projet au démarrage, mais en discutant avec des agriculteurs du secteur, il a rejoint le groupe. Antoine Lorphelin, lui, s'installe sur l'exploitation en hors cadre familial. C'est donc une première pour lui », raconte Charles de Poumayrac, développeur du projet agrivoltaïque. Ce projet était majoritairement tourné vers la polyculture élevage. « Aujourd'hui six ateliers ovins vont soit être mis en place, soit être poursuivis. Quatre ateliers ovins sont déjà en place sur l'exploitation, plusieurs d'entre eux ont pris des moutons avant que le projet se lance, pour bien s'y connaître. Les autres concernent des ateliers avicoles et 1 truffier », ajoute le développeur. Après avoir réalisé deux études, une étude d'impact et une étude préalable agricole, le projet en est aujourd'hui à la phase d'instruction. « En décembre 2022, nous avons déposé le dossier complet auprès des services de l'État. Cette phase est pilotée par la DDT et elle consulte tous les services de l'État : la MREA, la DREAL, les Bâtiments de France etc. Nous avons également reçu des demandes de compléments de la part de la MREA et de la DREAL qu'on a apportée au fur et à mesure du projet. Et en début d'année, la réception d'un avis des Bâtiment de France, transmis fin 2024, nous a donné un avis défavorable sur la construction de quatre îlots, c'est un avis simple, pas légalement obligé de respecter. On a choisi d'actualiser le projet pour répondre à des projets du territoire des services de l'État, notamment les Bâtiments de France, en supprimant cinq îlots. On veut faire un projet qui apporte de la cohérence, avec le moins d'accroches possible », détaille Charles de Poumayrac, conscient des conséquences pour les agriculteurs.

L'impact sur les ateliers agricoles

Le projet des « Champs Solaires Nucériens », ne respectait pas certaines normes juridiques et s'est donc vu supprimer cinq îlots. « Nous discutions avec la Chambre sur la charte qui obligeait les exploitants à avoir 10 hectares maximum et nous dépassions ce seuil, nous avons donc décidé de supprimer cinq îlots. Nous avons retravaillé les surfaces avec la Chambre pour respecter cette charte », explique-t-il. Cette modification impacte notamment l'énergie, même si c'est une problématique qui concerne « plus les développeurs », Charles de Poumayrac s'inquiète surtout des ateliers agricoles, fortement impactés par la modification du projet. « Cela a donc un impact pour Antoine Lorphelin. Quasiment tous les ateliers agricoles, neuf au total, sont déjà implantés sur l'exploitation. Il pouvait totalement s'installer, par les surfaces qu'il lui était proposé, avec son atelier ovin à 100 % sur son exploitation. Aujourd'hui elle est divisée par deux, donc il ne pourrait travailler qu'à mi-temps dans un premier temps », témoigne-t-il, conscient que ce n'est d'autant pas évident pour un agriculteur en hors cadre familial. Il n'est cependant pas le seul. « Dans un deuxième temps, l'atelier de Jean-François Mathiot, spécialisé dans les truffes, a été supprimé. Il s'est donc retiré du projet en tant que futur exploitant, en tant qu'exploitant actuel non, parce qu'il maintient un hectare, qu'il se verra enlever par la suite », ajoute-t-il.
Ce projet voit également ajouter une phase de réflexion sur une potentielle « autoconsommation collective étendue ». Les porteurs de projet ont donc pris contact avec une entreprise spécialisée, Enogrid, pour étudier la possibilité de fournir à l'échelle locale l'électricité produite par le projet « Les Champs Solaires Nucériens ».