Solidarité
Real meal pour les fermiers des pays pauvres

Églantine PUEL
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Créée en 2017, « Real meal » est une plateforme de financement participatif à destination de fermiers des pays pauvres. Objectif : sécuriser les dons et permettre une amélioration des performances agricoles.

Real meal pour les fermiers des pays pauvres
Anastasiya et Alexander souhaitent aider les fermiers des pays en voie de développement via le crowdfunding. (Photo DR)

C’est en 2017 que l’histoire de Real meal débute. Alexander et Anastasiya Andriukhina, Russes respectivement âgés de 39 et 41 ans, vivent alors à Moscou. Ils ont, comme on dit, "réussi" : « Je dirigeais le service logistique dans une entreprise qui vend des voitures et des pièces détachées, explique Anastasiya Andriukhina. Financièrement, on était plutôt à l’aise. Mais en fait, nous voulions aider des gens et là nous ne le faisions pas ».

« Ma famille a beaucoup voyagé et mon cœur s’est serré de douleur en voyant les conditions dans lesquelles vivent parfois les gens. Je ne comprenais pas comment, à l’ère de la technologie moderne, à l’ère des vols au-delà du système solaire, à l’ère de l’intelligence artificielle et de la robotique, les gens peuvent mourir de faim », poursuit-elle.

Après avoir étudié son sujet, elle se rend compte qu’il faudrait créer un endroit où les personnes prêtes à aider puissent le faire directement auprès des personnes dans le besoin, et en toute sécurité. « Mon mari a soutenu mon idée et à force discussion, on en est arrivé à l’idée de créer une plateforme permettant de financer des projets de fermiers dans les pays en développement, notamment en Afrique ».

Échec russe

Le couple lance son idée en Russie mais « sans succès. Les Russes ne sont pas encore prêts à faire de la charité. Ça se comprend car ils ont déjà beaucoup de difficultés chez eux », explique Anastasiya Andriukhina. « De plus, si en Russie créer une entreprise est très simple, les financeurs veulent des résultats rapides ! Or, pour ce genre d’entreprise, il faut être patient », ajoute son époux.

Au bout de quatre ans, le couple décide « d’aller voir ailleurs ». « On hésitait entre la France, l’Italie et le Canada. Finalement on a choisi la France car il y a beaucoup d’aides pour les start-up. On a surtout choisi Lille, où nous étions déjà venus plusieurs fois, car il y a un écosystème intéressant avec la Belgique et l’Angleterre pas loin ». Une candidature à Euratechnologies acceptée plus tard, Alexander et Anastasiya Andriukhina débarquent à Lille en juillet 2022 et lancent le projet.

Protection des donateurs

Mais quelle est la différence entre Real meal et d’autres plateformes de financement participatif ? « La sécurité. Je suis féru de ce domaine et on a tout mis en place pour que l’argent des donateurs aille au bon endroit, c’est-à-dire dans les mains des fermiers », indique Alexander Andriukhina.

Pour cela, il y a une vérification physique sur le terrain mais Real meal utilise aussi la technologie KYC, dont les résultats sont stockés dans la blockchain et ne peuvent pas être remplacés (même technologie que celle utilisée par les banques pour vérifier l’identité des clients). Par ailleurs, « la vérification de l’avancement des projets est effectuée par observation grâce à un système de satellites ».

S’ajoute à cela le fait que le paiement des projets est fait en plusieurs fois. « En fait, les fermiers doivent présenter un projet d’amélioration de leur exploitation (installation de panneaux solaires, achat d’un robot de désherbage…) et un business plan (qu’on peut aider à réaliser). En fonction, un objectif de montant à atteindre est établi. Quand il est atteint, une première tranche est versée. Les fermiers doivent ensuite montrer l’avancement du projet. Si les contributeurs, en communauté et par vote, pensent que c’est bien, la deuxième tranche est versée et ainsi de suite. S’ils pensent que leur argent n’a pas été utilisé correctement, ils peuvent demander des améliorations et même mettre un stop au projet. Ils récupéreront alors leur argent », détaille la jeune femme.

Depuis le lancement de la plateforme, le couple a reçu près de 80 000 projets venus du Nigeria, du Kenya ou encore d’Algérie. Un chiffre qui semble énorme mais « c’est assez logique car les fermes dont on parle sont toutes petites. Par exemple, il y a plus de 5 millions de fermes au Nigeria ! Nous faisons appel à des associations et coopératives locales pour parler de nous et nous faire connaître », expliquent Anastasiya et Alexander Andriukhina.

Lutter contre la faim dans le monde

L’objectif final de ce projet est ni plus ni moins de lutter contre la faim dans le monde et l’émigration. « Avec la modernisation des exploitations, leurs revenus et leur efficacité peuvent être multipliés par dix. Il s’agit là d’utiliser au mieux les terres agricoles de ses pays pour nourrir les populations sur place. Pour la suite, eh bien c’est de la logique. Si les personnes ont de quoi vivre, se nourrir, elles n’ont pas de raison de partir pour survivre ».

plus d'infos sur https://realmeal.tech (Crédit Capture d'écran).