Des cousins québécois dans le Doubs
Durant douze jours, dix étudiants canadiens et leurs professeurs ont découvert l'agriculture française. Après la Bourgogne et avant la Champagne, les jeunes, qui se destinent à des carrières agricoles, ont sillonné la Franche-Comté. Le 5 juin, ils visitaient la ferme de Simon Bernard à Grandfontaine, près de Besançon.

Arrivés en France fin mai, une dizaine d'étudiants québécois et deux professeurs, d'agronomie et de gestion, montrent quelques signes de fatigue. Depuis 5 jours qu'ils sont en France, les visites s'enchaînent, ainsi que les rencontres. Les jeunes Canadiens, logés au lycée Granvelle à Dannemarie-sur-Crète, ont déjà tissé des liens avec leurs homologues français de BTS Acse première année. « Nous leur avons fait découvrir Besançon. c'était surtout l'occasion de parler pratiques agricoles » lâche Adrien en BTS Acse. Des descriptions et explications qui prennent plus de sens sur la ferme de Simon Bernard à quelques kilomètres de Dannemarie. Installé depuis septembre dernier sur la ferme familiale à Grandfontaine, le jeune agriculteur détaille son système d'exploitation. « Mes 45 montbéliardes produisent 250 000 l de lait transformé en comté. J'ai aussi un troupeau de charolaises destiné à la vente directe ». La ferme en zone périurbaine propose aussi du lait au détail que les habitués viennent chercher sur site.
Plus facile en France
« Vous n'avez pas de patente à fournir pour vendre du lait ou de la viande au détail ? » interroge un élève du lycée québécois. « Chez nous, c'est difficile de faire de la vente directe car très contraignant d'un point de vue administratif » ajoute-t-il. « Notre lait est analysé plusieurs fois dans la semaine et en plus des analyses réalisées par la fromagerie, nous faisons pratiquer une analyse régulière à titre personnel » confie Simon. « Pour la viande, il faut garantir la chaîne du froid depuis l'abattoir. Au final, ce n'est pas trop contraignant. L'accueil du public sur la ferme est presque plus limitant » ajoute l'agriculteur qui explique que les habitués viennent au moment de la traite lorsqu'ils sont sûrs de trouver quelqu'un. « Combien vendez-vous le litre de lait ? » interroge un élève. « 1 €. C'est symbolique mais c'est important ! » répond Simon Bernard.
Des aspects surprenants
Un prix de lait que les Canadiens trouvent plus que correct. « Hier, nous avons eu une présentation de la filière comté. En France, les producteurs sont réputés être mieux rémunérés dans cette filière. À titre d'exemple, chez nous le lait conventionnel est payé au même tarif » constate Richard, professeur à l'école agricole canadienne. Une surprise pour les cousins d'outre-Atlantique qui analysent le cahier des charges comme très exigeant. Les Québécois étaient aussi surpris par le nombre de panneaux photovoltaïques sur les toitures des fermes ainsi que par les unités de méthanisation de grosses tailles. « Au Canada, la disponibilité hydroélectrique n'induit pas les mêmes réflexions énergétiques » reconnaît le professeur qui explique que les fermes sont restées sur de la production agricole. Étonnés par pléthore d'offres des formations et des écoles agricoles, les visiteurs envient ce qu'ils considèrent comme un gage de réussite pour relever le défi agricole.