« Faire connaître notre métier »
Patrice Raquin, 70 ans, éleveur canin (cotisant solidaire) fera le déplacement avec Elisabeth Dumouchel, 45 ans, éleveuse également, au salon International de l'Agriculture à Paris ; une occasion de donner une visibilité à cette profession.

Fier de son métier, Patrice Raquin, éleveur canin, conçoit sa participation au salon de l’agriculture comme : « une occasion de faire connaître mon métier afin qu’il ne disparaisse pas ». De son côté, Élisabeth Dumouchel, qui aide Patrice depuis 6 mois sur l’exploitation rajoute : « c’est une reconnaissance de notre travail tout en offrant une belle visibilité à l’élevage du Champ Denot ainsi qu’au mien (Du clos au Diable) qui est moins connu – cela est d’ailleurs un défi pour moi qui a un petit élevage ».
Faire rayonner la Nièvre
Installé dans les années soixante-dix, Patrice Raquin est éleveur canin à Lanty. « Il n’y a plus rien ici, mais la présence de l’élevage ainsi que ma participation à de nombreux événements dans le milieu canin permet à Lanty d’avoir une renommée internationale ; c’est une fierté de participer à cela ». Il ajoute : « la Nièvre est trop souvent oubliée alors que de nombreux domaines de l’agriculture y sont présents et de qualité. Je trouve cela dommage que les politiques ne s’engagent pas plus pour offrir d’avantage d’opportunité aux jeunes pour qu’ils s’installent ici ».
Un métier qui se perd
Outre cela, Patrice Raquin pointe que : « je suis attristé de voir que notre métier n’est pas assez connu et que personne ne s’investit pour faire avancer les choses. Par exemple, nous manquons cruellement de juges dans les manifestations et cela devient de plus en plus compliqué à gérer. De plus, s’il n’y a plus d’éleveurs de chiens, certaines races disparaîtront, et c’est pour moi impensable. Je n’ai plus rien à prouver désormais, et j’essaye, avec mon franc-parler de faire passer ces idées, même si cela est difficile ». Patrice Raquin conclu : « mon but est que mon élevage perdure le plus longtemps possible, même si c’est une personne extérieure qui reprend le flambeau. L’important est que l’activité continue pour les chiens, pour la race et pour le métier dans son ensemble ». Élisabeth Dumouchel est potentiellement amenée à reprendre l’exploitation de Patrice, l’histoire continuera donc sûrement à s’écrire.
Coup de foudre
Installé en 1968, Patrice Raquin se considérait au départ comme un éleveur amateur : « je n’avais pas beaucoup de chiens, on ne pouvait donc pas réellement parler d’activité professionnelle ». Ancien restaurateur notamment, il s’attache aux Braques allemands et aux Drahthaars au début : « je suis un passionné de chasse, donc cela était une suite logique. Mais, en voyant le paysage se métamorphoser par ici, notamment à cause du changement climatique, il a fallu que je change mon fusil d’épaule, car les races d’arrêt n’étaient plus adaptées au paysage nivernais. C’est pour cette raison que je me suis dirigé vers les Cockers et les Springers, de vrais broussailleurs. Aujourd’hui, ces chiens sont totalement appropriés pour notre territoire car ils chassent tout. Dans un contexte où les compagnies de sangliers pullulent dans nos campagnes – parmi d’autres gibiers – je pense qu’ils ont un avenir indéniable ici ». Aujourd’hui, Patrice Raquin revient à ses amours de jeunesse, et envisage l’achat de deux jeunes Drahthaars issus de Serbie.
Conseils d'éleveur
Du haut de ses 70 ans, Patrice Raquin en a vu de toutes les couleurs : « on ne peut pas dire que j’ai été aidé au départ. On m’a donné des conseils qui n’étaient pas les bons par manque de connaissance. À cause de cela, j’ai perdu environ 10 ans sur la conduite génétique de mes chiens. Si j’avais un conseil à donner aux jeunes c’est de ne pas se fier aux photos. Il faut toucher les chiens pour se faire une idée de leur morphologie réelle. Ensuite, il faut les faire travailler tous les jours pour atteindre l’idéal de la race. Question équipement, avoir une surface complètement clôturée est une évidence pour les faire travailler sans risques qu’ils s’échappent ».
Élisabeth Dumouchel
