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Zoom sur Goran, Le permaculteur

Hélène Grafeuille
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En quelques mois, Goran Puig a rassemblé des milliers d'internautes sur les réseaux sociaux autour de ses conseils en permaculture.

Zoom sur Goran, Le permaculteur
Les comptes Instagram et TikTok de Goran le permaculteur regorgent de techniques de jardinage en permaculture. (Crédits photo : Simon Gosselin).

Multiplier un hortensia, bouturer de la lavande, recycler des cendres en produit anti-limace ou encore booster les plants de tomates… Les comptes Instagram et TikTok de Goran le permaculteur (aussi baptisé le permaculteur) regorgent de techniques de jardinage en permaculture.

Le jeune homme de 21 ans, pourtant pas issu du monde agricole, a « grandi à la campagne » et « toujours aimé la nature, les animaux », précise-t-il.

Une fois son bac en poche, c’est vers des études de philosophie qu’il s’oriente. Puis la période du covid et ses interminables confinements à répétition passent par-là : « J’étais à Montpellier à ce moment, je n’avais plus cours, c’était très compliqué ». Et, comme bon nombre de Français, Goran Puig s’interroge sur son avenir, « je passais mon temps à scruter Internet à la recherche de ce qui pouvait m’intéresser, d’un projet de vie… ». Et l’étudiant tombe par hasard sur des vidéos traitant de la permaculture. « J’ai vu des reportages sur la ferme Bec Hellouin dans l’Eure qui a crédibilisé la permaculture en montrant, notamment, que cela était viable sur un hectare ».

Et justement, lors de leur divorce, les parents de Goran Puig lui ont donné un terrain d’un hectare dont il ne savait pas trop quoi faire… Alors pendant six mois, il ingurgite toutes les informations qu’il trouve sur le sujet, puis avec ses économies, il se lance dans son projet de maraîchage en permaculture. Il retourne la terre, se construit un poulailler, une serre, récupère du matériel… et commet des erreurs ! « La théorie, c’est une chose, la pratique c’en est une autre », sourit le jeune homme.

Un succès rapide

Il y a quatre mois, Goran Puig retrouve son « meilleur pote », Hugo Mottin, rentré d’un voyage en Asie. Lui non plus n’est pas issu du milieu agricole. Mais il a une licence en e-commerce et communication digitale. Les réseaux sociaux, ça le connaît ! « Je suivais le projet de Goran depuis le début, alors je l’ai encouragé à partager sa passion et son savoir-faire sur les réseaux », explique Hugo Mottin. Les deux amis décident de faire des vidéos où le maraîcher en devenir livre ses secrets et astuces en jardinage. « Le 13 avril 2023, on a posté notre première vidéo sur TikTok et Instagram, et ça a bien marché ! » Le succès est, en effet, au rendez-vous. En quatre mois, Goran Puig et Hugo Mottin ont rassemblé une communauté de près de 520 000 internautes sur Instagram et de plus de 350 000 personnes sur TikTok. « Ça a été très vite, c’était au-delà de nos espérances », s’étonnent-ils encore. De quoi faire pâlir de jalousie certains influenceurs !

Depuis Goran Puig et Hugo Mottin continuent de poster régulièrement leurs vidéos filmées et montées au téléphone avec un mot d’ordre : ne pas se prendre la tête. « Il n’y a pas de script écrit à l’avance, on ne se met pas de pression, le but est de prendre du plaisir, insiste l’influenceur jardinage. Les sujets sont choisis en fonction des saisons et des questions posées par les internautes. Par exemple, ces dernières semaines, beaucoup ont indiqué rencontrer des problèmes de mildiou, auquel j’ai aussi dû faire face, alors j’ai donné des conseils sur ce thème ». Et Hugo Mottin d’ajouter : « Goran y montre, avec sa patte un peu décalée, des choses simples, accessibles à toutes les personnes qui ont un petit bout de terrain qu’elles souhaitent cultiver sans avoir besoin d’une tonne de matériel ».

Manger mieux et moins cher

Goran Puig y voit aussi une manière d’aider les gens face à l’inflation en mangeant mieux et moins cher. « En y consacrant un peu de temps, on peut récolter de bons produits. Par exemple, la tomate Noire de Crimée peut se cultiver dans le nord et dans le sud, un pied de tomates peut donner jusqu’à 4 kg si on s’en occupe bien. À Paris, cela peut se vendre entre 8 et 9 € le kilo. C’est aussi une façon de redécouvrir les fruits et légumes, les épinards ou les tomates cocktails que l’on fait pousser soi-même n’ont absolument pas le même goût que ceux qu’on achète en supermarché ! » Au fil des semaines, la réussite se confirme et pousse les deux jeunes hommes à créer leur société autour des réseaux sociaux. Une activité complémentaire pour Goran Puig dont l’objectif principal reste toujours de vivre de sa ferme.

En juin 2022, il a quitté son emploi dans le magasin de bricolage pour se consacrer entièrement à sa ferme. « L’objectif est de l’ouvrir en juin 2024 et d’en vivre, avance le jeune homme qui fourmille de projets, j’aimerais l’ouvrir au public pour vendre mes produits, mais aussi pour y faire des visites pédagogiques, faire découvrir la permaculture et pourquoi pas aussi proposer des formations sur le sujet ! » On croise les doigts…