Lancé à Dijon fin novembre par la Chambre régionale d’agriculture, le projet « Imaginer demain – Agir maintenant » entre dans sa phase concrète avec l’envoi des questionnaires. Les réponses fourniront la base d’une réflexion pour l’avenir de l’agriculture régionale, à l’horizon 2040. Ce projet régional va aussi nourrir une réflexion nationale.
Lancé en novembre dernier, « Imaginer demain – Agir maintenant. Ensemble vers 2040 : des territoires dynamiques, des agriculteurs épanouis » ambitionne de réfléchir au visage que pourrait avoir l’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté (BFC), dans moins de vingt ans. Porté par la Chambre régionale d’agriculture, il répond à une attente exprimée par le Conseil régional, qui a placé l’agriculture au premier rang de ses priorités économiques, aux côtés de l’industrie automobile. Mais pour agir de manière concrète et efficace, il faut à la collectivité territoriale une base de réflexion solide, étayée par des expertises multiples et avec un but clair : faire émerger des pistes de développement pour notre agriculture, sans tomber dans l’ornière de l’étude qui constate mais ne débouche sur rien. Cette volonté est soutenue par un constat partagé par les acteurs du monde agricole, mais sur lequel la société au sens large ne semble pas avoir pris l’entière mesure : l’agriculture est parvenue à un moment charnière. Il n’y a jamais eu aussi peu d’agriculteurs en France, la crise du Covid a fait prendre conscience de l’importance de préserver une souveraineté alimentaire et des productions locales, mais la profession n’a jamais été autant attaquée, victime de discours et d’injonctions parfois totalement contradictoires émanant de la société.
Un questionnaire aux 24 000 agriculteurs de BFC
C’est pour aller au-delà de ces constats qu' « Imaginer demain – Agir maintenant » a été pensé de manière très opérationnelle : il s’étale sur un temps court et veut déboucher sur des propositions qui seront le fruit d’acteurs de terrain. Justement, la phase opérationnelle débute maintenant, avec le lancement de questionnaires adressés aux 24 000 agriculteurs de BFC mais aussi aux membres de structures agricoles, aux opérateurs économiques du secteur, aux conseillers de Chambres, aux Organisations non gouvernementales (ONG) et aux représentants du secteur de la forêt. Ce lancement a été annoncé le 16 janvier à la Maison de l’agriculture, à Bretenière, près de Dijon, par Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture de BFC. Il était entouré d’Anne Bronner, la directrice de la Chambre, de Cécile Detang-Dessendre, directrice scientifique adjointe agriculture à l’Inrae, de François Roche-Bruyn, directeur de l’Institut Agro Dijon, mais aussi de Christophe Chambon, président de la FRSEA BFC, Florent Point, son homologue pour les JA BFC, Fabrice Faivre, président du Comité d’orientation régionale Grandes cultures ou encore Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. L’envoi des questionnaires destinés à obtenir une vision des attentes, des besoins et des espoirs agricoles régionaux pour 2040 s’inscrit également dans un contexte plus large : début décembre, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a demandé à chaque région de France de nourrir la réflexion de ses services dans l’optique d’une concertation prévue autour d’une grande Loi d’orientation agricole à venir. Les porteurs du projet de BFC ont lancé un travail qui correspond parfaitement à cette demande mais il leur faudra composer avec un calendrier serré : le ministère veut des retours de contribution du terrain pour la mi-mai !
Soutenir des politiques publiques en faveur de l’agriculture
De son côté la Chambre régionale d’agriculture veut analyser les retours de questionnaires vers la fin mars et parvenir à des pistes exploitables d’ici l’été prochain. « Imaginer demain – Agir maintenant » est un projet politique basé sur une méthode rigoureuse, souligne Anne Bronner, et porté par la profession agricole. Nous avons défini trois grands thèmes pour conduire cette réflexion : les installations-transmissions (et donc, la question du renouvellement des générations), l’adaptation au changement climatique, et l’orientation-formation ». La priorité est d’inciter un maximum de personnes à répondre à ces questionnaires envoyés par la MSA ou accessibles en ligne. Des réponses et des analyses qui en seront faites découlera peut-être le moyen de soutenir des politiques publiques en faveur d’un développement renouvelé de l’agriculture. « La question, soulignait Cécile Detang-Dessendre, c’est aussi de savoir où l’on en est dans le contrat social qui doit exister entre l’agriculture et la société » dans ce processus les étudiants de l’Institut Agro de Dijon seront aussi mis à contribution, à travers un événement où ils seront amenés à traiter de questions qui font aujourd’hui débat (l’eau, les intrants, la place de l’élevage…) « Il nous faudra parvenir à un consensus et surtout prendre des décisions, au terme de cette démarche » conclut Christian Decerle. Pour cela, une seule priorité : prenez le temps de répondre au questionnaire !
