Feader

La colère s'invite à la Conférence régionale agricole

La Conférence régionale agricole, grand événement annuel qui permet de faire le point sur le paysage économique de l’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, est aussi naturellement une caisse de résonance. Déjà, l’an passé, s’y était exprimé l’impatience du monde agricole sur les problèmes liés aux retards pris dans les versements des aides du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), désormais gérées par la Région. Un an plus tard, et alors que les douze mois écoulés ont déjà été jalonnés d’avertissements sur ce problème toujours pas résolu, c’est une délégation de la FDSEA et des JA de la Saône-et-Loire qui s’est invitée dans les débats menés au Conseil régional de BFC à Dijon, le 11 juin. Que des agriculteurs de Saône-et-Loire soient présents était significatif du fait que ce département est sans doute le plus touché par les retards de paiement. En décembre dernier, lorsque le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, était venu à Dijon signaler que les services de l’État allaient, en partie, reprendre la main sur le dossier pour aider la Région, le Préfet de Côte-d’Or et de Région, Franck Robine avait bien spécifié qu’une priorité serait donnée aux dossiers concernant la Saône-et-Loire, car manifestement, les plus nombreux.

Témoignages

Pourtant, en ce mardi 11 juin, au Conseil régional, on comprenait aussi que la colère des Saône-et-Loiriens reflétait celle de l’ensemble de la BFC. Christophe Chambon, président de la FRSEA BFC et Thomas Lemée, le nouveau président des JA BFC, ne disaient pas autre chose, en insistant face à Christian Morel, vice-président du Conseil régional en charge de l’agriculture, et Marie-Jeanne Fotré-Muller, Directrice régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), sur la patience poussée à bout d’agriculteurs obligés d’avoir recours à des prêts bancaires pour financer des investissements qui, normalement auraient dû être pris en charge, du moins partiellement, par le Feader. Trois représentants des manifestants sont venus témoigner, à la tribune du Conseil régional, des situations économiques dans lesquelles ces retards les plongent.

« Nos factures sont payées »

L’un d’entre eux évoquait un dossier de subvention déposé en juillet 2022, avec une demande de solde faite en avril dernier et, pour l’instant, c’est le « silence radio » complet sur cette demande : « nos factures sont payées, précisait cet agriculteur en Gaec de La Guiche, près de Charolles, les travaux sont réalisés. Nous avons aussi un dossier PSN mis en place en juin 2023. Pour ce dossier, nous ne disposons que d’une lettre d’intention avec laquelle nous avons pu commencer les travaux qui ont été réalisés. Là encore, les artisans ont été payés mais, à ce jour, nous n’avons aucune convention de la Région nous permettant d’aller faire un emprunt à court terme à la banque… S’il n’y avait pas le salaire de mon épouse, aujourd’hui, je serais à la rue ! » Face à cela, Christian Morel a proposé aux manifestants de les recevoir le jour même mais on comprenait bien que, désormais, les discussions vont être de plus en plus difficiles à mener : les manifestants étaient là pour avoir des réponses avant tout.