Visite ministérielle
Prisca Thevenot à la rencontre de la FDSEA et des JA

Christopher Levé
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Prisca Thevenot, ministre déléguée, chargée du renouveau démocratique, porte-parole du gouvernement, est allée à la rencontre du monde agricole, le jeudi 2 mai, dans le cadre du « Tour de France de ce qui change chez vous ». La ministre a notamment échangé avec les élus de la FDSEA de l'Yonne et des JA 89 pendant plus d'une heure. Ces derniers lui ont fait part de leurs attentes vis-à-vis de l'État, déjà énoncées lors des mobilisations de ce début d'année, mais dont les solutions ne sont toujours pas arrivées dans les fermes. 

Prisca Thevenot à la rencontre de la FDSEA et des JA

Prisca Thevenot, ministre déléguée, chargée du renouveau démocratique, porte-parole du gouvernement, est allée à la rencontre du monde agricole, le jeudi 2 mai, dans le cadre du « Tour de France de ce qui change chez vous ».
Elle s’est d’abord rendue sur l’exploitation de Franck Pouillot, agriculteur à Quenne et secrétaire générale de la FDSEA de l’Yonne, où elle a échangé avec les élus de la FDSEA et des JA 89.
Puis, au lendemain des orages de grêle qui ont détruit partiellement le vignoble du Chablisien (voire page 5), la ministre s’est rendue à Chablis, à la coopérative la Chablisienne, puis dans une parcelle de vigne à Villy, pour apporter son soutien aux viticulteurs. Avant de prendre la direction d’Auxerre pour participer au dispositif d’aide aux devoirs des élèves de l’école Marie-Noël.
Face aux élus agricoles, la ministre a annoncé être venue « les écouter ». Divers sujets ont été abordés. Parmi eux, la problématique de surtransposition des normes. L’hôte, Franck Pouillot, a rappelé « qu’en ce qui concerne les normes liées à l’utilisation de produits phytos, il y a des normes françaises et européennes qui sont surtransposées et systématiquement durcies. Cela est dénoncé depuis plusieurs années. Je pense que ça a été entendu lors des dernières manifestations, le problème c’est que rien ne bouge pour le moment ». Il ajoute. « On le voit aussi en ce qui concerne les betteraves : il y a un refus en France de permettre aux betteraviers d’utiliser des molécules autorisées partout en Europe. On préfère autoriser des passages supplémentaires d’un produit qui n’a pas ou peu d’efficacité pour protéger la culture. C’est de l’incompréhension totale et de l’incohérence qui pénalisent la production. Il faut être clair, s’il n’y a pas de lisibilité rapide, c’est une filière qui va s’écrouler, alors qu’il faut rappeler que la France était l’un des leaders au niveau mondial dans la production de sucre ».
Le président de la FDSEA, Damien Brayotel a pointé que l’un des messages portés par les syndicats est : « Pas d’interdiction sans solution. Aujourd’hui, on a besoin de recherche pour nous apporter des solutions nouvelles pour remplacer des produits phytos qui seraient interdits ». Avant de rebondir sur la de surtransposition européenne. « Si nos concurrents européens, qui sont nos voisins, ont le droit d’utiliser des produits chez eux, il faut que l’on puisse faire de même chez nous, pour rester compétitifs ».
À cela, la ministre a assuré que « le travail a été réengagé et le retour sera fait d’ici quelques semaines ». Elle ajoute. « On doit aujourd’hui pouvoir se mettre tous autour de la table au niveau national et au niveau local, avec les services de l’État, pour approfondir les choses, au-delà des jalonnements attendus d’un point de vue de calendrier. Il y a des choses que l’on doit pouvoir regarder au long cours et continuellement. Parce que la folie normative dans laquelle on a été par moments doit être revue pour retrouver du bon sens dans le pays, même si tout n’est pas à jeter, car les normes permettent de protéger et d’encadrer le monde agricole ».

Les paiements PAC se font attendre

L’une des grandes préoccupations du monde agricole concerne le renouvellement des générations. « Si on veut pouvoir installer des jeunes en agriculture, il faut qu’ils puissent pouvoir vivre correctement de ce métier. C’est déjà un métier où il faut composer avec la météo, alors si en plus les jeunes doivent composer avec des règles qui ne sont pas adaptées, c’est compliqué. On ne gère pas une exploitation avec un fichier Excel. Ce que l’on veut, c’est du bon sens paysan », reprend Damien Brayotel.
Ce dernier poursuit avec les retards dans le paiement des aides PAC. « Il avait été annoncé que les aides PAC seraient payées au 15 mars, mais il y a encore des aides qui n’ont toujours pas été payées et qui ne le seront pas avant juin. Il y a des soucis de trésorerie chez certains et lorsque les aides qui sont prévues, qui sont dues, mais qu’il y a des retards de plusieurs mois, c’est compliqué. Quand des engagements de l’État ne sont pas tenus, cela décrédibilise la parole publique. Sur le terrain, il y a une colère qui gronde toujours car qu’il n’y a pas de solutions concrètes et rapides qui ont été apportées ».
D’autant plus que les aides tendent à diminuer, comme le rappelle Charles Baracco, président des JA 89. « Dans une période inflationniste, si en plus les aides PAC diminuent, c’est la double peine. Cela a été très mal perçu par le monde agricole ».
Le monde agricole a été (une nouvelle fois) entendu. Désormais, plus que de l’écoute et des paroles, ce sont des actes que les agriculteurs attendent, au risque de perdre patience.