C'est qui le patron
Une réunion pour faire le point

Chloé Monget
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Le 15 novembre, les producteurs laitiers de la démarche « C'est qui le patron ? » avaient une réunion d'information pour faire le point sur l'année écoulée et celle à venir.

Une réunion pour faire le point
Certains producteurs, disponibles l'après-midi se sont rendus, entre autres, à l'Intermarché de Varennes-Vauzelles afin de rencontrer le directeur du magasin. Crédit photo : Léo Houdayer.

Afin de faire un tour d’horizon de l’année passée, et de poser les jalons pour 2023, Léo Houdayer, chargé de l’accompagnement des producteurs associés à l’initiative « C’est qui le Patron ? » (CQLP), animait une réunion dans la Nièvre, au Gaec Howald à Sermoise-sur-Loire, le 15 novembre dernier. Pour lui, « la démarche est transparente pour les consommateurs, mais doit également l’être pour les producteurs, d’où cette rencontre ».

Ainsi, les échanges ont démarré sur un résumé des évolutions de prix de rémunération de ces dernières années pour les producteurs. « Au total, nous avons eu trois hausses cette année, afin de s’ajuster à l’augmentation des coûts de production que nous avons tous connus » détaille Léo Houdayer. « Nous espérons que la dernière hausse sera plus pérenne. Après consultation des producteurs, les sociétaires de la coopérative de consommateurs CQLP valident en ce moment une rémunération à 540 euros / 1 000 l, ce qui rendra le prix conseillé de la brique de lait demi-écrémé à 1,27 euro pour les consommateurs. Certes, nous avons tous peur que ce nouveau prix rende l’achat moins aisé. Mais, au vu de l’augmentation constante des ventes de ces dernières années grâce au soutien grandissant des consommateurs, nous pouvons nous rassurer. De plus, il est nécessaire de mettre à mal l’idée que le lait ne coûte rien, car il vaut bien quelque chose à produire ! Si les coûts de production venaient à baisser, nous pourrions peut-être conserver ce prix de 540 euros / 1 000 l, afin, éventuellement, de faire une cagnotte pour aider les installations en production laitière ».

Explications

Durant la réunion, le pourcentage de lait allant à CQLP des producteurs de l’Association des Producteurs de lait du Bassin Centre (APLBC), ici présents, a été évoqué. Pour sa part, Alain Troux (Parigny-les-Vaux) regrette que ce pourcentage n’augmente pas plus, tout en reconnaissant l’évolution de ce dernier au cours des dernières années. Léo Houdayer rappelle : « le fondement de l’initiative est d’avoir le maximum d’impact sur chaque exploitation. Les 80 familles de la Bresse (soit une cinquantaine d’exploitations) à l’origine de l’initiative en 2016, ont l’intégralité de leur lait valorisé dans la brique CQLP. Grâce à l’explosion des ventes de notre brique solidaire, un second groupe de producteurs a pu rejoindre la démarche, l’APLBC. Le choix des producteurs de l’APLBC en 2017, pour ne pas faire bénéficier qu’une seule partie des producteurs qui auraient la totalité de leur lait valorisé en CQLP, a été d’ouvrir les portes de l’initiative à tous ceux souhaitant rejoindre le cahier des charges voté par les consommateurs, répartissant ainsi les volumes vendus sur l’ensemble de ces producteurs. Les producteurs ont choisi que ce pourcentage fluctue ainsi en fonction de l’évolution des ventes ». Olivier Legrand, président de l’APLBC, rebondit : « à l’époque, nous ne voulions faire aucune discrimination entre les producteurs. Nous voulions qu’un maximum profite de cette initiative. Si, au départ, nous avons commencé à 10 %, aujourd’hui, nous avoisinons les 40 %, et plus de 70 % des producteurs de l’APLBC font partie de CQLP, il y a donc un impact direct pour une majorité d’entre eux, et pas seulement que quelques-uns ». Léo Houdayer continue : « L’évolution des pourcentages dépend des ventes (qui sont toujours en progression), mais aussi du nombre d’exploitations de l’APLBC à avoir rejoint le cahier des charges CQLP au fur et à mesure, et de l’augmentation des volumes produits. Avec le temps, l’APLBC a cadré ces deux derniers éléments, de façon à s’assurer que les pourcentages ne chutent pas par un trop gros nombre d’entrées d’exploitations dans la démarche ou ne soient absorbés par les exploitations qui grossissent ». Gaëtan Brague (Urzy) termine : « depuis mon entrée dans CQLP, le résultat total de mon exploitation est en hausse de 15 % ; ce qui est énorme. Au vu du contexte économique actuel en termes de charge, ces 15 % supplémentaires me font vivre ».

Ouvrir ses portes

La suite de la réunion s’est dirigée vers les actions à mener par les producteurs pour faire connaître la démarche, que ce soit auprès des grandes et moyennes surfaces (GMS) du département ou encore des consommateurs. Un accueil à la ferme a été évoqué par Léo Houdayer, mais cela soulève trop d’impératifs réglementaires à respecter pour les mener à bien pour les exploitants. « Il faut surveiller tout le monde, afin d’éviter tout accident, ce qui est lourd à porter. Mais nous apprécierions, un jour de le faire quand même ». Cela étant, ils ont commencé à s’organiser pour orchestrer des rencontres avec les consommateurs dans les magasins distributeurs de la fameuse brique de lait. Sébastien Martinet (Gaec des Avenières à Sauvigny-les-Bois), conclut : « échanger est nécessaire pour faire un bilan de l’année, et nous donner une visibilité sur l’avenir, notamment en nous répartissant les tâches pour aller rencontrer les GMS, afin de consolider notre présence dans leurs étals. Si nous ne nous engageons pas dans ces projets, personne ne le fera pour nous. De plus, les attentes sociétales ont changé, et les consommateurs apprécient de plus en plus ce type d’événement où nous sommes présents. Nous devons pérenniser ce dialogue pour avancer dans le bon sens ». L’après-midi, les producteurs se sont déplacés dans divers magasins pour proposer des dates aux GMS concernées par ces événements. Pour le moment, aucune n’a été fixée définitivement.

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