Lait
C'est qui le patron ?

Chloé Monget
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Le 15 novembre, une rencontre entre les producteurs laitiers de la Nièvre « C’est qui le patron ? » est organisée dans les alentours de Nevers afin de fixer de nouvelles rencontres avec les consommateurs. L’occasion de revenir sur cette initiative collective.

C'est qui le patron ?
Gaëtan Brague indique : « nous sommes passionnés par notre métier d'éleveur laitier, mais si nous ne pouvons vivre de notre production, on ne peut pas continuer ». Ici Lysette dans l'exploitation à Urzy.

Dans un souci de transparence, les producteurs laitiers de la Nièvre fournissant la marque « C’est qui le patron ? » se réunissent le 15 novembre en vue de fixer les prochaines rencontres avec les consommateurs du département.

Genèse

Elsa Satilmis, directrice des opérations de la marque et consommatrice, détaille : « Suite à la crise du lait de 2015, près de 80 laitiers de la Bresse (Ain) ne pallient les charges de leurs exploitations avec le prix du lait pratiqué à l’époque – soit 0,20 euro du litre. Dans une impasse, ils calculent qu’il leur faut (toujours pour l’époque) 0,32 euro/l pour être à l’équilibre. Ils impriment un flyer expliquant la situation et le distribuent dans les magasins, l’un d’entre eux arrive dans les mains de Nicolas Chabanne. S’ensuit une rencontre entre Martial Darbon (producteur de lait), Emmanuel Vasseneix (directeur de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel - LSDH), Nicolas Chabanne et Laurent Pasquier (initiateurs de CQLP). Ils actent que les consommateurs doivent prendre part à la démarche pour définir le prix qu’ils sont prêts à mettre pour un litre de lait qui rémunérera justement le producteur. En 2016, la première brique est dans les rayons. Nous pensions écouler 7 millions de litres la première année, finalement ce sera 30 millions ! Face à cet engouement, la décision a été prise de proposer à d’autres producteurs des départements voisins de se joindre à la marque ». Le cahier des charges défini à ce moment-là évolue encore aujourd’hui : actuellement, par exemple, un travail est mené sur la réduction de l’empreinte carbone des exploitations, notamment avec le CAP' 2ER – un point de plus en plus central pour les clients mais aussi pour les exploitants. Elsa Satilmis insiste : « Théoriquement, la loi Égalim 1 et 2 devait asseoir un juste prix, mais en réalité cela ne marche pas car c’est imposé à la différence de « C’est qui le patron ? » qui part du collectif (producteurs, distributeurs, consommateurs) pour que chacun s’y retrouve. Au sein de "C’est qui le patron ?" on insiste aussi sur le fait qu’aujourd’hui, le prix des briques de lait fait office de boussole pour les concurrents, sans cette marque, la rémunération au litre n’aurait pas bougée.

Pour l’exemple

Dans la Nièvre, Gaëtan Brague, installé à Urzy, fait partie de la démarche et 40 % de sa production va dans les briques « C’est qui le patron ?  » : « Ma laiterie m’a demandé si j’étais volontaire pour fournir cette nouvelle marque. Je me suis lancée car cela avait peu d’impact sur mes pratiques de l’époque pour coller au cahier des charges. Lorsque je me suis installé en 2017, je recevais 320 euros les 1 000 l. avec le contrat de « C’est qui le patron », cela passait à 390 euros les 1 000 l. ; 70 euros qui changeaient tout pour moi ! Depuis, ce prix monte régulièrement afin de compenser l’augmentation des charges, notamment sur les aliments. Ainsi, nous pouvons toujours vivre de notre métier puisque nous sommes rémunérés au juste prix. Je pense qu’expliquer tout cela au consommateur est nécessaire si nous voulons que nos professions perdurent. « C’est qui le patron ? » est la preuve qu’en exposant nos impératifs nous pouvons convenir d’un prix raisonnable pour que tout le monde s’y retrouve. C’est pour toutes ces raisons que je serai là le 15 novembre avec mes collègues afin de fixer les prochaines rencontres avec les consommateurs ».

Lipide comme du lait
318 millions de litres de lait équitable ont été écoulés depuis la création du produit (au 17/10/2022). Crédit photo : Gaëtan Brague – photo prise au GAEC Howald à Sermoise-sur-Loire).

Lipide comme du lait

Elsa Satilmis explique que : « L’engouement se justifie car ce qui est promis est vrai. Afin de vérifier par eux-mêmes tout cela, les consommateurs sociétaires participent régulièrement à des rencontres dans les exploitations pour attester si le cahier des charges est bien suivi et si l’argent leur revient bien. Les échanges se font en toute transparence ». De son côté, Romain Delfosse, responsable de la collecte du lait à LSDH, souligne : « Cette transparence est notre marque de fabrique, car nous sommes sur un bassin laitier peu dynamique – comparé à d’autres – nous nous devons donc d’être irréprochables pour perdurer ».

« C'est qui le patron ? » en chiffres
Les exploitants nivernais faisant partie de la démarche « C'est qui le patron ? ». Crédit photo : Gaëtan Brague.

« C'est qui le patron ? » en chiffres

  • 34 références de produits durables créées par les consommateurs en soutien aux producteurs
  • 382 millions de produits solidaires vendus depuis le lancement
  • 318 millions de litres de lait équitable (au 17 octobre 2022)
  • 15,1 millions de personnes achètent les produits
  • Plus de 12 700 sociétaires dans la démarche
  • La brique de lait la plus vendue de France (en valeur, hors MDD et promos – source NielsenIQ)
  • beurre bio numéro 1 des ventes (en valeur et en volumes, hors MDD et promos – source NielsenIQ)
  • 85,6 millions d’œufs bios plein air vendus en près de 4 ans
  • Plus de 3 000 familles de producteurs soutenues
  • 0 commercial dans les magasins