Se diversifier avec attention
Dans le cadre des journées « S'installer en... » organisées par la Chambre d'agriculture de la Nièvre, une rencontre était proposée sur les plantes à parfum, aromatiques et médicinales le 13 juin à Varennes-Vauzelles.

Afin de présenter les différents ateliers possibles de diversification, la Chambre d'agriculture de la Nièvre propose tous les ans un cycle de rencontres dédiées. Ainsi, chaque année les thèmes abordés sont différents et pour 2025, après la lombriculture en mai, ce fut au tour des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) d'être mises en lumière. Judith Nagopaé, conseillère en productions légumières et végétales à la Chambre d'agriculture de la Nièvre, rappelle en insistant : « Ces journées sont destinées aux porteurs de projets de la Nièvre et / ou des départements limitrophes souhaitant s'installer ou aux exploitants agricoles déjà actifs désirant se diversifier ».
En début de journée, Sébastien Perry, producteur de PPAM à Saint-Loup, a présenté la petite dizaine d’espèces implantées chez lui cette année, tout en ouvrant la discussion avec les participants sur des thématiques récurrentes telles que le foncier ou le matériel d’implantation et de récolte. Il évoqua, entre autres, la mise en place dans son exploitation d’un séchoir complètement isolé de l’extérieur pour éviter tous problèmes de contaminations une fois la récolte réalisée. Concernant son débouché pour la vente de sa récolte, Sébastien Perry a pu présenter la coopérative « Plantes de pays » dont le siège social est dans la Nièvre et dont il est le trésorier. Dans l'après-midi, la dizaine de participants s'est rendue au Gaec du Four de Vaux à Varennes-Vauzelles afin de rendre ces échanges plus concrets. Les associés (Marie Velho, 61 ans, Denis Sanchez, 61 ans, et Johan Sanchez, 36 ans) expliquent : « l'atelier de PPAM était une manière de se diversifier tout en gardant à l'esprit une démarche globale de recherche d'un équilibre à la fois financier, technique et environnemental ». Ils détaillent ensuite : « le but principal de tout ce que nous faisons, y compris la création de l'atelier de PPAM, est la recherche de valeur ajoutée ; indispensable pour avoir une activité pérenne pour les fermes ayant des petites et moyennes surfaces ». Cela étant, ils alertent : « pour qu'un atelier de PPAM soit viable, il est nécessaire de sécuriser les débouchés (via la contractualisation avec une coopérative par exemple) et de tester ce qui fonctionne ou non dans votre terrain ».
Investir, expérimenter et calculer
Sur ce volet de l'expérimentation, ils expliquent : « Durant un an, nous avons essayé différentes variétés sur une petite surface. Cela fut possible, d'une part, car ces terres immobilisées ne nous faisaient pas défaut pour le reste de notre activité, et d'autre part, car les associés déjà installés (Marie et Denis) ont fait preuve d'une grande ouverture d'esprit pour accueillir cet atelier un peu différent du paysage agricole nivernais et de l'historique de l'exploitation (principalement herbagère) ». En parallèle, ils pointent l'investissement pécunier engagé : « il a fallu environ 15 000 euros pour le créer. Mais attention, car ce montant ne prend pas en compte le matériel que nous avions déjà – et qui est nécessaire pour une exploitation quelle qu'elle soit, comme un tracteur. En détails, ce montant concerne l'achat d'une coupeuse d'occasion pour 1 500 euros et d'une auto-chargeuse d'occasion pour 6 000 euros ainsi que la création d'un séchoir pour 5 000 euros (travaux réalisés nous-mêmes). Là encore, attention à ces montants puisqu'ils datent de l'installation de Johan, il y a une dizaine d'années, et ne sont donc pas tout à fait représentatifs du marché actuel de l'achat de matériels ». Cette question de l'investissement fut l'occasion pour les associés de rappeler : « un atelier de PPAM est chronophage, notamment pour le désherbage. Étant trois associés, nous répartissons les tâches et donc nous ne sommes pas totalement bloqués à ce poste durant la période charnière. C'est un élément important à prendre en compte d'autant plus si le porteur de projet est seul ». Pour terminer la présentation, les associés soulignent : « l'atelier PPAM de l'exploitation, pour rappel d'un 1,5 ha, représente environ 10 % de notre chiffre d'affaires et 15 % de notre revenu. On ne peut pas totalement se reposer sur celui-ci pour en vivre, mais comme les débouchés sont sécurisés par des contrats avec « Plantes de Pays », nous sommes quasiment assurés d'avoir cette rentrée de revenus. En somme, l'atelier de PPAM est un plus indéniable pour une exploitation si et seulement si il s'intègre dans le fonctionnement global de celle-ci ».
L'IA au service de la précision
Pour clôturer la rencontre, une démonstration de bineuse et de récolteuse électrique fut effectuée par la société Terrateck afin de mettre en lumière ces outils. Pour la récolteuse, Louis Levisse, technico-commercial de la marque, détaille : « Elle permettra d'effectuer la récolte de salades à couper, mesclun, pourpier, épinard, etc. Pour indication, une planche de 60 m peut être récoltée en 12 mins environ. La hauteur de coupe, du châssis ou encore du rabateur est réglable, la vitesse de la scie l'est également. L'outil est disponible en 45, 90, 120, 150 ou 170 cm ». Puis, il en profita pour faire un point sur les évolutions de matériels récentes, notamment avec la bineuse inter-plants Ullmanna dotée d'une intelligence artificielle. Il explique : « Elle permet de travailler les inter-plants très réduits, dès 12/14 cm, selon la culture. Son intelligence artificielle (avec vision caméra par le dessus), lui permet d'ajuster la trajectoire de coupe pour se rapprocher au plus près de la culture, sans l'endommager. Chaque bineuse étant connectée à un algorithme mondial, ce dernier est en perpétuel apprentissage via les données collectées par lesdites bineuses. Des corrections sont apportées en continu et sont diffusées ensuite à l'ensemble du parc de machines permettant une adaptation rapide aux différentes conditions (qualité du sol, stade de développement de la plante, etc.). En résumé, plus le parc s'élargit, plus l'algorithme se renforce ». Malgré tout, il insista sur le coût non négligeable d'une telle technologie tout en nuançant : « les évolutions dans le domaine sont de plus en plus rapides, donc il est fort probable qu'une démocratisation s'effectuera dans les années à venir ». La prochaine journée « S'installer en... » se déroulera le 17 octobre et aura pour thème la production de myrtilles. Renseignements : marine.vaillant@nievre.chambagri.fr ou au 03 86 93 40 39.


