États généraux de l’Alimentation
Un virage à bien négocier
Une table ronde s’intéressant aux États généraux de l’alimentation s’est déroulée lundi à Dijon. Le monde agricole en a profité pour rappeler ses attentes.

L’agriculture vit actuellement une période charnière avec la tenue des États généraux de l’alimentation, dont l’un des principaux objectifs est de rendre les prix d’achat des produits plus rémunérateurs pour les agriculteurs.
En début de semaine, la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or a apporté sa pierre à l’édifice dans les négociations en organisant une table ronde «locale» avec différents interlocuteurs, en présence du député Didier Paris. Les échanges se sont tenus dans les locaux d’AgroSup Dijon et seront disponibles en format vidéo la semaine prochaine sur internet (Facebook et compte Youtube de la Chambre d’agriculture).
Les agriculteurs sont perdants
Vincent Lavier a tenu à rappeler, en introduction, les objectifs de la mise en place de la Politique agricole commune (notamment l’accroissement de la productivité de l’agriculture et la garantie de la sécurité des approvisionnements). «Les agriculteurs ont largement répondu à ces attentes» fait remarquer le président, «la France est devenue exportatrice nette de produits agricoles et la qualité des produits n’a cessé de progresser». Malgré tout, les «perdants dans cette affaire» sont les agriculteurs eux-mêmes : «alors qu’ils ont réalisé des gains de productivité énormes, qu’ils n’ont eu de cesse de s’adapter aux enjeux, un grand nombre d’entre eux ne tirent pas de revenus décents de leurs activités aujourd’hui». Il y aurait pourtant «peu à faire» pour trouver des solutions : «entre un blé à 130€/t et un autre à 160€/t, le prix de la baguette n’augmenterait que d’un centime. Ce différentiel de 30€/t permettrait de couvrir les coûts de production et l’agriculture se porterait beaucoup mieux. Ce raisonnement est valable pour un grand nombre de produits transformés».
Trouver des solutions
Vincent Lavier regrette une remise en cause «de plus en plus systématique, parfois violente», des pratiques agricoles et ce, dans la plus grande incompréhension: «les systèmes de production se sont pourtant développés pour répondre aux attentes des marchés. Un certain nombre de nos collègues se sentent aujourd’hui perdus, ils n’ont plus de repères et ne savent plus ce que l’on attend d’eux. Prix bas, qualité, protection de l’environnement, sécurité alimentaire, aller ou non à l’export : ce n’est clair pour personne. Les États généraux tombent à pic : nous devons trouver des solutions qui permettent d’intégrer de manière pérenne, les coûts de productions du monde agricole dans la construction du prix alimentaire».
Partir du bas
Fustigeant la logique du prix bas et le problème de répartition des marges, Jean-Pierre Fleury prévient pour sa part les différents interlocuteurs : «les États généraux ne doivent pas se terminer avec des coûts supplémentaires pour les agriculteurs, comme l’avait fait le Grenelle de l’environnement. Nous devons traiter la plus grande plaie de ce pays que sont les relations commerciales. Il faut les inverser : aujourd’hui, elles partent du haut et redescendent. Le droit à la concurrence appelle cela des relations saines et loyales ! Cela me fait rire. Nous, agriculteurs, voulons une construction ascendante. Des indices doivent être établis dans les exploitations, nos organisations de producteurs devront porter cette demande de prix chez les transformateurs, qui ensuite traiteront avec la distribution».
La qualité est déjà là
Jean-Pierre Fleury tient à rassurer le représentant d’UFC-Que Choisir sur la qualité des produits agricoles : «nous sommes dans un modèle européen, il faut arrêter d’être sans arrêt suspicieux. Regardons ce qu’il se passe dans le reste du monde... Toutes les contraintes que les agriculteurs européens acceptent aujourd’hui dans le cadre de la Pac vont dans le sens de la sécurité des produits. Des contrôles, nous en avons beaucoup et c’est normal car nous le devons aux citoyens. L’Europe est le dernier continent du monde où l’on parle encore de paysans. Ailleurs, on parle d’agro-industries, ce n’est pas du tout les mêmes modèles et il faut en avoir conscience. Les citoyens européens, en particulier français, sont privilégiés par rapport au modèle agricole que que nous avons aujourd’hui».
En début de semaine, la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or a apporté sa pierre à l’édifice dans les négociations en organisant une table ronde «locale» avec différents interlocuteurs, en présence du député Didier Paris. Les échanges se sont tenus dans les locaux d’AgroSup Dijon et seront disponibles en format vidéo la semaine prochaine sur internet (Facebook et compte Youtube de la Chambre d’agriculture).
Les agriculteurs sont perdants
Vincent Lavier a tenu à rappeler, en introduction, les objectifs de la mise en place de la Politique agricole commune (notamment l’accroissement de la productivité de l’agriculture et la garantie de la sécurité des approvisionnements). «Les agriculteurs ont largement répondu à ces attentes» fait remarquer le président, «la France est devenue exportatrice nette de produits agricoles et la qualité des produits n’a cessé de progresser». Malgré tout, les «perdants dans cette affaire» sont les agriculteurs eux-mêmes : «alors qu’ils ont réalisé des gains de productivité énormes, qu’ils n’ont eu de cesse de s’adapter aux enjeux, un grand nombre d’entre eux ne tirent pas de revenus décents de leurs activités aujourd’hui». Il y aurait pourtant «peu à faire» pour trouver des solutions : «entre un blé à 130€/t et un autre à 160€/t, le prix de la baguette n’augmenterait que d’un centime. Ce différentiel de 30€/t permettrait de couvrir les coûts de production et l’agriculture se porterait beaucoup mieux. Ce raisonnement est valable pour un grand nombre de produits transformés».
Trouver des solutions
Vincent Lavier regrette une remise en cause «de plus en plus systématique, parfois violente», des pratiques agricoles et ce, dans la plus grande incompréhension: «les systèmes de production se sont pourtant développés pour répondre aux attentes des marchés. Un certain nombre de nos collègues se sentent aujourd’hui perdus, ils n’ont plus de repères et ne savent plus ce que l’on attend d’eux. Prix bas, qualité, protection de l’environnement, sécurité alimentaire, aller ou non à l’export : ce n’est clair pour personne. Les États généraux tombent à pic : nous devons trouver des solutions qui permettent d’intégrer de manière pérenne, les coûts de productions du monde agricole dans la construction du prix alimentaire».
Partir du bas
Fustigeant la logique du prix bas et le problème de répartition des marges, Jean-Pierre Fleury prévient pour sa part les différents interlocuteurs : «les États généraux ne doivent pas se terminer avec des coûts supplémentaires pour les agriculteurs, comme l’avait fait le Grenelle de l’environnement. Nous devons traiter la plus grande plaie de ce pays que sont les relations commerciales. Il faut les inverser : aujourd’hui, elles partent du haut et redescendent. Le droit à la concurrence appelle cela des relations saines et loyales ! Cela me fait rire. Nous, agriculteurs, voulons une construction ascendante. Des indices doivent être établis dans les exploitations, nos organisations de producteurs devront porter cette demande de prix chez les transformateurs, qui ensuite traiteront avec la distribution».
La qualité est déjà là
Jean-Pierre Fleury tient à rassurer le représentant d’UFC-Que Choisir sur la qualité des produits agricoles : «nous sommes dans un modèle européen, il faut arrêter d’être sans arrêt suspicieux. Regardons ce qu’il se passe dans le reste du monde... Toutes les contraintes que les agriculteurs européens acceptent aujourd’hui dans le cadre de la Pac vont dans le sens de la sécurité des produits. Des contrôles, nous en avons beaucoup et c’est normal car nous le devons aux citoyens. L’Europe est le dernier continent du monde où l’on parle encore de paysans. Ailleurs, on parle d’agro-industries, ce n’est pas du tout les mêmes modèles et il faut en avoir conscience. Les citoyens européens, en particulier français, sont privilégiés par rapport au modèle agricole que que nous avons aujourd’hui».
Intervention de Didier Paris
Le député de Côte-d’Or, témoin de cette table ronde, a clôturé les échanges : «Je comprends la nécessité de structurer le prix en partant de la production. Emmanuel Macron l’avait dit lors de la campagne électorale : nous devons changer de modèle économique. A ce titre, les États généraux de l’alimentation offrent des opportunités. La loi, ou la réglementation en général, a forcément un rôle à prendre, et il ne faut pas attendre. La situation des agriculteurs est délicate, nous ne pouvons pas les laisser ainsi. La LME n’est pas un dogme, je le rappelle : elle peut être modifiée en fonction des accords qui pourront être trouvés. La loi peut formaliser une évolution de la société, une évolution des attentes. Des accords doivent être trouvés entre la production, les intermédiaires et la distribution. La loi garantit, protège, mais elle ne fait pas tout. Pour le reste, je suis confiant car c’est la première fois que je sens que les consommateurs prêts à faire un effort pour les producteurs».